Le Déni contient une argumentation solidement documentée qui tend à montrer que l’Église catholique a trop souvent, au cours des siècles, adopté une attitude infantilisante et humiliante envers les femmes. Contrairement à l’esprit d’ouverture, de respect et de compassion que Jésus a toujours manifesté à l’égard des femmes de son époque, l’Église catholique a préféré s’en tenir à la conception traditionnelle du rôle des femmes dans la société, prolongeant ainsi le schéma traditionnel des sociétés patriarcales de l’Orient.
Pourtant, l’Église se considère toujours, et ce depuis ses origines, comme l’unique dépositaire du message de Jésus! Mais de quel message à l’égard des femmes est-elle porteuse? Un message d’ouverture ou de fermeture à la réalité des femmes d’aujourd’hui? Un appel à leur libération du schéma traditionnel de la femme perçue à la fois comme ange et démon?
Pourtant le message de Jésus à l’égard des femmes est très clair, peut-être un peu trop aux yeux de certains! Aussi, loin de s’en tenir aux multiples prescriptions de la loi ancienne qui subordonnait la femme à l’homme, comme dans une des perspectives de la Genèse, Jésus a voulu précisément parfaire cette loi et redonner à chaque être humain sa dignité d’enfant de Dieu. Prêchant par l’exemple, il a toujours établi avec les femmes de son entourage un climat de dialogue égalitaire et sincère. L’exemple de la rencontre avec la Samaritaine ne peut que confirmer le fait que Jésus avait envers les femmes la même attitude de respect et de bonté que celle qu’il pouvait avoir pour ses disciples les plus chers.
L’Église aurait dû prendre acte rapidement du message révolutionnaire que Jésus proposait à ses disciples au sujet de l’attitude tout à fait nouvelle que les hommes devraient adopter à l’égard des femmes. Elle a plutôt choisi une position confortable, soit celle du déni. Elle a donc préféré fermer les yeux sur la très grande injustice qu’elle commettait, dès ses origines, en interdisant aux femmes d’accéder aux plus hautes fonctions dans l’Église. Pourtant, au tout début de l’Église, les femmes exerçaient vraisemblablement les mêmes fonctions liturgiques et de services à la communauté que les hommes.
Le Déni a l’avantage de bien illustrer le système théologique élaboré, au fil des siècles, par les Pères de l’Église et les Papes pour justifier l’injustifiable, soit l’exclusion des femmes d’une organisation fortement hiérarchisée et structurée par des hommes, pour le bénéfice des hommes. Ce que cet ouvrage fait nettement ressortir, c’est la volonté d’écarter les femmes du presbytérat en présentant une image de la femme totalement incompatible avec l’exercice de cette même fonction. Ainsi, en insistant d’abord sur le texte de la Genèse, où Ève est présentée comme tentatrice et pécheresse, donc particulièrement dangereuse pour le salut des hommes, ils ne pouvaient que l’éloigner, parce qu’étant impure, des fonctions sacrées liées à l’exercice du sacerdoce. Par ailleurs, pour redorer un peu cette image peu enviable de la femme perverse, ils n’ont pas hésité à fabriquer un modèle antithétique, soit celui de la Vierge Marie, mère de Dieu. Avec ces deux images inversées de la femme, les théologiens sont parvenus à amputer la femme des caractères propres à son humanité pour la reléguer dans un état de sainteté paisible et non menaçant.
Placée dans une tension extrême de déchéance possible, entre la figure emblématique d’Ève et l’image idéalisée de Marie, la femme ne pouvait s’insérer en quelque façon que ce soit dans l’univers de ces hommes d’Église. À certaines époques, les papes mêmes délaissaient leurs fonctions premières pour remplir des fonctions guerrières, où la femme ne pouvait évidemment avoir de place. Pire encore, ils s’entre-déchiraient pour acquérir toujours plus de pouvoir.
La situation de la femme et son rôle dans les sociétés occidentales ont cependant évolué au cours des siècles. L’Église aurait dû en faire autant et permettre aux femmes d’exercer le même ministère que celui qu’elle a toujours réservé aux hommes, perpétuant une aberration sur le simple plan humain. Pour quelles raisons l’Église se permet-elle encore d’exclure les femmes des fonctions ecclésiales les plus hautes, alors que celles-ci forment la moitié de l’humanité et qu’elles sont, dans la réalité, appelées à assurer l’avenir de l’Église?
Yvan Lajoie
Québec, le 23 octobre 2016
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Bonjour,
En Jean 4:27, il est précisé que les disciples ne demandèrent pas à Jésus de quoi il avait parlé avec la Samaritaine. Alors comment Jean pourrait-il l’avoir su? Et si le quatrième évangile avait été écrit par une femme? Cela expliquerait aussi la part étrangement conséquente réservée aux femmes dans cet évangile…