Annine Parent, Devoir de mémoire, Femmes et évêques- Un dialogue à poursuivre, Québec : Réseau Femmes et Ministères, 2013, 40p.
Recension par Marie-Thérèse van Lunen Chenu
Personne n’aurait pu mieux qu’Annine Parent, qui fut une des premières Répondantes à la Condition féminine de l’archidiocèse de Québec, nous donner ce condensé, clair, précis et bien documenté sur la collaboration des femmes et des évêques au Canada. Interpellations des femmes, réponses effectives et parfois même quelques initiatives des Évêques eux-mêmes…, programmes précis et d’envergures, puis aussi des temps d’arrêt par manque de consensus…. Et des reprises. Ce tracé canadien depuis 1967 est d’autant plus instructif que l’auteure situe très pertinemment les faits et leur enjeu dans l’histoire de l’Église universelle : préparation, espérances et ouvertures du Concile. Elle rappelle la portée ecclésiologique des travaux et des convictions des membres des organisations féminines catholiques. Le concile étant terminé, Pilar Bellosillo, la présidente de l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC), qui fit partie du premier petit groupe des auditrices au Concile, déclarait « Pour être fidèles à Vatican II Nous devons nous charger de la cause de Dieu dans l’histoire du monde… En ce qui concerne l’Église (…) la moitié du Peuple de Dieu apparait comme passif et géré par l’autre moitié. L’UMOFC prend la décision d’être honnêtement et de l’intérieur même de l’Eglise, une conscience critique ».
Malheureusement, le déroulé des directives du Vatican prouve qu’elles furent bien contraires aux ouvertures conciliaires. C’est l’intérêt de cet opuscule de montrer qu’il n’en fut pas de même au Canada, seul pays qui sut s’engager dans une certaine continuité et globalité : de la part des évêques souci de mettre en place « l’étude en profondeur sur les ministères et sur le rôle des femmes dans l’Église et dans la communauté »; mise en responsabilité effective de femmes dans les structures de l’Église locale; développement de programmes de conscientisation collective.
Ainsi, malgré les temps d’arrêt et les réticences actuelles qui ne font que répondre aux durcissements et blocages de Rome, les convictions et décisions de l’Église canadienne continuent à porter leurs fruits : on en jugera par le nombre de groupes spécialisés qui travaillent sur place avec le soutien de personnalités, d’hommes d’église, de journalistes et de communautés… Ces groupes sont appréciés sur place et à l’étranger pour leurs sites très inventifs et documentés dont Annine Parent donne les références précieuses (entre d’autres : L’Autre Parole, Femmes et Ministères, Femmes et traditions Chrétiennes…)
Mais rien n’est caché des soucis actuels : déchristianisation, critique aigüe envers la hiérarchie romaine et le cléricalisme, émigration vers d’autres traditions chrétiennes plus ouvertes.
« En dépit des difficultés, des refus, des interdits » conclut l’auteure. Pour elles pas question d’un non définitif. Elles tiennent à demeurer en service selon leurs charismes et sans restriction liée à leur sexe. Pour elles le baptême n’est pas sexué, pas plus que la mission qui en découle. Dans les termes de Vatican II, elles sont… un signe des temps !
Recension publiée sur le site FHEDLES et reproduite avec les permissions requises.
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