Une réflexion pour la Journée internationale de la femme
Alors que tout le monde commémore la Journée internationale de la femme, je me rappelle une récente réunion avec la première femme indienne évêque, probablement aussi la première en Asie1. Nous étions tous les deux dans le Kerala pour participer à la rencontre annuelle de l’Église de l’Inde du Sud, diocèse de Kerala Madhya.
La spiritualité des femmes – la spiritualité de l’Église
L’évêque Eggoni Pushpa Lalitha du diocèse de Nandyal de l’Église de l’Inde du Sud est remplie de foi et de bonnes intentions. Elle a parlé très élogieusement de ceux et de celles qui avaient encouragé son cheminement ministériel; plusieurs d’entre eux étant des hommes. L’un d’eux avait même prédit une plus grande responsabilité pour elle dans l’Église. C’étaient ses premiers pas comme femme presbytre (prêtre) à la recherche d’une identité féminine dans une culture religieuse à prédominance masculine.
Lors d’une conversation, deux aspects de la spiritualité des femmes ont été mis en évidence. D’une part, les femmes sont davantage sujettes à partager leur spiritualité à travers des récits et d’autre part, elles sont davantage portées à reconnaître leur vulnérabilité. Ainsi dotée de tels dons, l’évêque Pushpa Lalithas apportera un nouveau dynamisme à la vie de l’Église indienne, cela ne fait aucun doute.
Il y a d’autres événements intéressants entourant la nomination de l’évêque Pushpa-Lalithas. Elle était la candidate préférée parmi 10 candidats , dont 9 étaient des hommes. Et, d’autant plus remarquable pour l’Église , elle était la seule femme prêtre du diocèse parmi plus de 80 autres collègues masculins quand cette décision a été rendue.
En outre, c’est dans l’ancien diocèse anglican conservateur de Nandyal que cette étape très progressiste et bien accueillie a été franchie. On sait en effet que ce diocèse avait choisi de rester en dehors de l’Union historique de certaines Églises de l’Inde du Sud à la fin des années 1940. Le diocèse de Nandyal a cependant rejoint l’Église de l’Inde du Sud quelques années plus tard et a une fois de plus créé l’histoire, de façon beaucoup plus constructive cette fois.
Tendances – démontrées et anticipées
L’explication de l’évêque Pushpa-Lalitha concernant ce changement remarquable est à la fois claire et prophétique. Les gens la voulaient comme pasteure en chef parce qu’elle avait prouvé son intégrité face à l’argent. Avant sa nomination épiscopale, elle avait servi avec enthousiasme et transparence comme trésorière diocésaine. La gestion éprouvée des ressources matérielles, sans que ce soit l’unique caractéristique, est inhérente à la gestion supérieure des ressources humaines.
Le chemin ne sera pas facile pour l’évêque Pushpa Lalitha; la route des pionniers est toujours difficile. En fait, sa vie et son travail sont déjà sujets à un examen minutieux. Mais le soutien positif de ses collègue masculins de la Chambre des évêques est prévisible et va l’aider grandement.
Cependant, la conséquence la plus probable et souhaitée à sa nomination est l’avènement d’autres femmes évêques. Ce fut le cas avec la nomination du premier évêque intouchable en Inde; d’autres devaient bientôt suivre. Espérons toutefois que cette tendance à avoir des femmes évêques ait bientôt un impact sur le reste de l’Asie.
Espoir pour les femmes – Espérance pour l’Église
J’ai observé l’expression sur les visages des femmes du diocèse de Madhya Kerala de l’Église du sud de l’Inde (CSI – Church of South India) alors que l’évêque Pushpa Lalitha leur adressait la parole : il y avait chez ces femmes un mélange d’admiration et d’espoir. Il s’agit d’un message clair envoyé au diocèse en faveur de l’ordination des femmes. De plus, les hommes comme les femmes doivent réaliser que le leadership des femmes au plus haut niveau de l’Église est maintenant reconnu.
À l’occasion de la Journée internationale de la femme, l’évêque Pushpa Lalitha souligne que dans un monde où les femmes se lèvent pour être reconnues d’égales à égales avec les hommes dans toutes les sphères de la vie, l’Église est appelée elle aussi à démontrer cette vérité avec grand sérieux et de toute urgence.
Paix et bénédictions à tous et toutes
Duleep de Chickera, évêque anglican du Sri Lanka
Sunday Island, 10 mars 2014
Texte original anglais publié dans The Island le 13 avril 2014
Traduction : Pauline Jacob
NOTE
1- Une dénomination luthérienne en Inde avait déjà eu, semble-t-il, une femme pasteure en chef considérée comme évêque il y a quelques années, mais cette désignation ne respecte pas la tradition de l’épiscopat historique et l’ordre ministériel historique à trois niveaux.
- La première femme évêque indienne - 11 avril 2014