Depuis des décennies déjà, j’observe le débat des catholiques concernant la possibilité d’ordonner des femmes prêtres; cette question a resurgi récemment encore, lorsque le Vatican a classé la « tentative d’ordonner des femmes » parmi les « crimes graves »1.
Comme vous pouvez vous y attendre d’un presbytérien comme moi (ma confession religieuse a commencé à ordonner des femmes en 1956), j’appuie l’ordination de femmes qualifiées ; je la soutiens comme le fait l’Église presbytérienne des États-Unis. J’essaie d’éviter de dire à d’autres communautés de foi ce qu’il faut croire ou faire concernant les questions de théologie.
Mais je me demande parfois si les catholiques savent ce qu’ils perdent en n’ayant pas de femmes prêtres. Oui, les catholiques se font une idée du ministères des femmes à travers le travail souvent remarquable des religieuses. Mais c’est tout de même différent que d’autoriser les femmes à s’engager dans l’ensemble des ministères, y compris l’administration des sacrements.
La première femme qui s’est jointe au personnel pastoral de mon église a été appelée à ce ministère au milieu des années 1980. Elle avait ses faiblesses (quel membre du clergé n’en a pas ?); mais je me souviens de ma fille aînée (alors une jeune adolescente) me disant qu’elle pouvait à présent penser à la possibilité de devenir pasteure. Et bien, elle n’a pas fait cela. Elle est plutôt devenue une administratrice d’université et une très bonne. Mais, au moins, elle pouvait envisager de façon réaliste devenir un membre du clergé.
Depuis lors, nous avons eu deux autres pasteures associées et nous avons sérieusement envisagé la possibilité de faire appel à une femme comme nouvelle pasteure responsable avant d’appeler un homme, lequel commence son travail avec nous ce mois-ci2.
La première de ces associées était originaire du Brésil – une femme forte avec de nombreuses habiletés pastorales et une compétence particulière en musique. Elle a materné l’église en lui apportant une compréhension renouvelée des hymnes d’une manière telle que la plupart des hommes n’auraient pu le faire et ce, avec à la fois un esprit vif et un cœur passionné.
Notre dernière pasteure associée était jeune et dynamique. Elle avait étudié les arts de la scène avant de ressentir un appel au ministère. Son ministère reflétait son sens artistique tant dans ses homélies aux enfants alors qu’elle utilisait des marionnettes de sa création que dans sa façon chaleureuse et personnelle de célébrer la Communion au cours du service du soir qu’elle avait instauré.
Mais la véritable force de Catherine était sa présence ministérielle féminine au milieu de la souffrance. Quand mon neveu de 31 ans est décédé dans l’attentat terroriste du 11 septembre alors qu’il était passager dans le premier avion qui a frappé le World Trade Center, elle a laissé tomber toutes ses obligations et est venu chez nous pour pleurer avec nous et ce, plusieurs fois.
Elle ne nous a pas apporté des réponses théologiques claires et définitives, même si bien sûr elle était prête à affronter nos questions. Elle nous a plutôt apporté sa présence, une chaleur absorbante et une compréhension que je n’ai jamais sentie chez aucun membre masculin du clergé. Pour survivre dans le ministère en tant que femme, elle savait qu’elle avait besoin à la fois de sa tête et de son cœur, et elle avait réussi à ne pas abandonner son cœur nourrissant, alors qu’elle passait sa vie sur un terrain de jeu dominé par les hommes.
Elle est ensuite déménagée à 500 milles plus loin et a eu le cancer. Ce ne fut pas une surprise pour moi quand j’ai appris que certaines de ses amies de notre église avaient formé un petit groupe qui se réunissait périodiquement pour prier pour Catherine et la supporter à distance de différentes façons. Certaines dans le groupe lui ont rendu visite périodiquement alors qu’elle se débattait avec la maladie qui a fini par la tuer3.
Même après la mort de Catherine, ce petit groupe de femmes a continué de se réunir de temps à autre pour se supporter mutuellement et s’apporter de l’amour les unes envers les autres au nom de Catherine.
Je reconnais que c’est un peu un tour de force que de passer de la première pasteure presbytérienne4 en 1956 (laquelle est toujours vivante et active dans la vie ecclésiale en Floride) à ce groupe d’amies de mon église qui se rencontrent périodiquement pour prendre soin de leurs âmes respectives. Mais je suis convaincu que ce groupe n’existerait pas si nous n’avions pas pris la décision, il y a 54 ans, de permettre à des femmes d’être des pasteures.
Je souhaite que tous les chrétiens et toutes les chrétiennes puissent vivre ce genre de ministère.
* * *
Bill Tammeus, un ancien chez les presbytériens et un chroniqueur fiable et reconnu pour The Kansas City Star, écrit le blogue quotidien Faith Matters5 [Questions de foi] pour le site Web The Star’s et une chronique mensuelle pour The Presbyterian Outlook. Son dernier livre, écrit en collaboration avec le rabbin Jacques Cukierkorn, s’intitule They Were Just People: Stories of Rescue in Poland During the Holocaust6 [Elles étaient simplement des personnes : histoires de sauvetage en Pologne durant l’Holocauste]. Son adresse courriel est wtammeus@kc.rr.com.
Article paru dans le National Catholic Reporter du 11 août 2010
Traduction : Pauline Jacob
NOTES
1) http://www.guardian.co.uk/world/2010/jul/15/vatican-declares-womens-ordination-grave-crime(2 septembre 2010)
2) http://www.secondpres.org/node.aspx?ID=33 (2 septembre 2010)
3) http://groups.google.com/group/alt.obituaries/browse_thread/thread/56997fea3061db06 (2 septembre 2010)
4) http://oga.pcusa.org/ga217/newsandphotos/ga06066.htm (2 septembre 2010)
5) http://billtammeus.typepad.com (2 septembre 2010)
6) http://www.theywerejustpeople.com (2 septembre 2010)