Une réflexion d’un pasteur de Gatineau à l’occasion de la Journée internationale des femmes
À défaut d’être dans la hiérarchie de l’Église, les femmes sont au creuset de la vie de nos communautés paroissiales.
Depuis mon arrivée dans ma nouvelle communauté chrétienne, je participe à différentes rencontres de comités et équipes de la paroisse. Sans surprise, la présence des femmes est très largement majoritaire et leur implication est d’une extrême diversité, si l’on se hasarde à noter leur investissement sans faille. Elles assument leurs responsabilités d’un air heureux pour que la communauté paroissiale continue à célébrer, à former à la vie chrétienne, à s’engager et à devenir une communauté de frères et soeurs. Elles sont à cet égard très présentes dans différents secteurs de la célébration eucharistique, de l’animation des prières, dans les chorales, dans le travail de catéchèse, dans les espaces d’engagement social, etc. C’est elles qui « font tourner l’Église » aujourd’hui. Elles donnent ainsi à celle-ci son nouveau visage. L’évolution de leur participation est une réelle révolution silencieuse, qui donne aux communautés paroissiales une image autre que celle d’Épinal d’un clocher avec son curé. Dans les précédentes communautés où je suis passé, la réalité n’était pas différente. Ce fut du reste de même dans ma paroisse au Congo : ma mère, tout comme de nombreuses autres femmes, fut tour à tour présidente du comité de pastorale, membre du comité de liturgie, de la chorale, catéchète, membre de l’équipe de solidarité sociale, de l’équipe de l’accompagnement des futurs prêtres…
Mais combien d’autres femmes, derrière celles qui font partie des comités, réalisent l’une des milles tâches de la vie en paroisse? Toutes ses femmes, nous les appelons (ou elles se qualifient) généralement les «bénévoles», terme que j’ai toujours réfuté avec énergie. J’estime que l’usage du terme «bénévoles» pour qualifier ces femmes est impropre. Elles ne sont sûrement pas des bénévoles qui viennent aider leur paroisse ou, comme on entend souvent, qui viennent aider le prêtre. Leur implication est rendue possible grâce à la mise en lumière, par le concile Vatican II, du sacerdoce universel des baptisés-confirmés. Vatican II a fait émerger une nouvelle catégorie de responsables en Églises, souvent des femmes, dont l’engagement force le respect et l’admiration. C’est donc à titre de leur baptême et confirmation qu’elles s’impliquent. Ce n’est donc pas un «bénévolat», mais une implication baptismale.
À défaut d’être dans la hiérarchie de l’Église, les voilà au creuset de la vie réelle des communautés chrétiennes. Sans elles, plusieurs paroisses disparaîtraient plus rapidement les unes après les autres. Pourtant, nous ne savons pas toujours comment qualifier leur engagement ecclésial : le terme ministère fait encore peur. On préfère parler de « charge », de « services » ou encore de « tâches ». Ce qui a l’avantage de rester vague. Une gêne et une frilosité qui tiennent davantage à des raisons prosaïques que théologiques. Passons…
Dans notre diocèse de Gatineau, le thème de l’accueil nous a été proposé comme prioritaire depuis quelques mois et particulièrement durant ce temps de carême. Le 8 mars sera cette année le troisième dimanche de carême. Lors de la dernière rencontre de l’équipe liturgie de la communauté Saint-Pierre Chanel, la question a été posée de manière directe : pour que ce magnifique thème ne résonne pas comme une formule creuse, mais trouve un écho pastoral effectif dans la vie de nos communautés, quels mots utiliserons-nous pour souligner l’engagement des femmes ? Et au-delà des pieux sentiments de reconnaissance, quels gestes évangéliques concrets d’accueil oserons-nous inventer pour reconnaître leur implication baptismale ? À notre créativité…
Gatineau, le vendredi 13 février 2015
- Elles « font tourner l’Église » mais ne peuvent être ordonnées - 27 février 2015
Belle réflexion abbé Rodhain!!! Tes propos m’interpellent parce que nous venons de suivre la préparation pour le baptême de notre fille. Nous remercions grandement la soeur Claire pour sa disponibilité. Nous avons beaucoup aimé ses enseignements. Nous remercions, toute votre équipe pour le beau travail de coordination et d’écoute. Et justement, la soeur s’est présentée à nous comme une bénévole. J’avais compris le mot au le sens premier du terme. Maintenant, je suis mieux éclairée. Je me pose beaucoup de questions pour sur les mots et les gestes d’accueil des femmes au sein de l’églises.
1-La communauté chrétienne résiste t-elle au changement qu’impose le rôle grandissant et incontournable des femmes au sein l’église?
2-Quels seraient les bénéfices si les femmes étaient intégrées dans les hautes sphères de la communauté chrétienne grâce à des fonctions précises?
3- Seraient capables t-elles capables de mobiliser plus de chrétiens?
Merci de nous rappeler l’implication des femmes. Je me souviens combien ma mère et ma tante se sont investies pour que le dimanche matin, on soit prêt pour aller à l’église : le linge prêt, les passages bibliques lus d’avance, la ponctualité, le service…
4- Et si des titres hiérarchisés leur permettaient d’avoir des positions élevée pour seconder les prêtres?
Voilà mon humble participation.
Depuis longtemps, je répète qu’une grève générale des dissidentes dans notre Église aurait tôt fait de rétablir au moins une certaine équité entre hommes et femmes dans différents VRAIS ministères. Actuellement nous ne sommes que de service… la gent mâle!
Texte: Elles « font tourner l’Église » mais ne peuvent être ordonnées
Merci bon texte
Bonjour,
Blague: tout cela est bien surprenant car en général les femmes sont bien ordonnées.
Synonymes de ordonné, ordonnée adjectif
méthodique, méticuleux, organisé, rangé, soigneux
[discours] cohérent, logique, rationnel, structuré, suivi
Bonne journée