À l’occasion des funérailles d’Henriette Bouchard, Francine Maillette a prononcé une homélie qui nous permet de voir Jésus et les femmes courbées dans le monde d’aujourd’hui.
Évangile selon St –Luc 13, 10-17 : la femme courbée (TOB)
Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était toute courbée et ne pouvait pas se redresser complètement. En la voyant, Jésus lui adressa la parole et lui dit : « Femme, te voilà libérée de ton infirmité. » Il lui imposa les mains : aussitôt elle redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu.Le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus ait fait une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler. C’est donc ces jours-là qu’il faut venir pour vous faire guérir, et pas le jour du sabbat. » Le Seigneur lui répondit : « Esprits pervertis, est-ce que le jour du sabbat chacun de vous ne détache pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire? Et cette femme, fille d’Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, n’est-ce pas le jour du sabbat qu’il fallait la détacher de ce lien? » À ces paroles, tous ses adversaires étaient couverts de honte, et toute la foule se réjouissait de toutes les merveilles qu’il faisait.
Regardons un peu ce récit
Jésus a la synagogue, c’est comme un prêtre à l’église.
Les gens se réunissaient le samedi pour entendre la parole de Dieu. À l’époque, les femmes n’avaient aucun rôle en ce qui concerne la religion, la femme n’était pas considérée du tout, même dans la société… On voit dans le texte que les animaux sont plus considérés que les femmes.
Le Chef de la synagogue lui, est ennuyé … pas parce que Jésus a guérit la femme mais parce qu’il l’a fait le jour du sabbat.
Alors Jésus dénonce cette tendance humaine qui veut que ce soit l’observance de la loi et ses rites ou la morale qui nous sauve. Ces éléments sont trop souvent vécus juste pour eux-mêmes et passent avant les personnes et leur relation à Dieu. Tout cela stérilise la foi.
Mais Jésus redonne toute sa dignité à la femme courbée, il lui confirme son identité de fille d’Abraham, c’est-à-dire une femme digne d’être pleinement elle-même, fille bien-aimée de Dieu.
Mais qu’est-ce que cela signifie « être courbée »?
Pensons-y un instant… imaginons-nous courbé… que voyons-nous?
Le sol, nos pieds… penchés sur nos problèmes, fermés sur nous-même.
Mais pour avancer, il faut se redresser et une fois remis debout, notre regard se porte sur une infinité de possibilités, notre regard s’ouvre sur un avenir rempli d’espérance où nous pouvons, avec la présence de Dieu, vivre pleinement l’accomplissement de notre vie.
Dans ce récit, nous reconnaissons toute la vie d’Henriette à la suite du Christ.
Henriette est une femme qui a su aimer à la manière de Jésus, qui a su envelopper de son amour inconditionnel sa famille, ses amis, sa communauté. Elle savait accueillir les personnes et reconnaître leurs valeurs profondes.
Bien sûr qu’Henriette a souvent été courbée, elle aussi, dans sa vie suite à toutes sortes d’épreuves, de difficultés, de déchirement… mais chaque fois, avec la force de l’ Esprit, elle s’est redressée et elle a continué sa route. Elle était une agente de transformation des personnes et des milieux…
Elle a su, comme Jésus, défendre la place des femmes. Elle les a amenées avec elle, à se redresser et à prendre leur place autant dans la société que dans l’Église.
Vraiment Henriette était une femme forte, une femme de tête, bien réfléchie – logique – une battante – une combattante, ouverte sur l’avenir. Elle était animée du feu de l’Esprit, passionnée, intense, profonde et sans jugement. Elle vivait intensément la présence de Dieu et s’appuyait sur ses convictions profondes que tous, sommes habité de Jésus et que nos vies sont à saveurs d’Évangile.
Combien de fois, Henriette a-t-elle accompagnée des personnes… elle les rejoignait là où ils étaient, elle les aidait à se relever… à se redresser, à redonner sens à leur vie…
Elle était aussi une rassembleuse autant dans sa famille, avec ses amis qu’avec sa communauté. Elle a permis qu’il y ait plus d’ouvriers à la moisson, qu’il y ait des collaborateurs qui se lèvent. Elle a su articuler la diversité dans l’unité.
Henriette, on peut la qualifier de prophétesse. Comme Jésus, elle a défendu plusieurs causes comme la condition féminine, la justice, la pauvreté. Elle savait s’identifier aux personnes et aux causes qu’elle défendait ––– Elle avait à cœur de transformer la famille, l’Église, de sortir des schèmes prédéfinis, de sortir des sentiers battus. Elle a réussi cela à merveille.
Elle a ouvert des portes trop bien verrouillées, brisé des cloisons, défriché des voies nouvelles et comme Jésus, elle a eu le courage de le faire pour laisser la première place à l’humain dans ses relations aux autres et à Dieu.
Elle a su guérir des cœurs blessés, rétablir des liens brisés, assainir des relations difficiles. Elle n’a pas vécu une religion stérile mais une vie féconde où chaque personne humaine est rétablie dans son intégrité.
Voilà la foi qui l’a fait vivre.
Comme Henriette, aspirons à une famille, à une Église où l’attention aux personnes et à leur lien avec Dieu sont la priorité. Une famille, une Église qui inclut, redresse et mène à une joie partagée d’être ensemble au cœur du projet de Dieu.
Henriette, je veux te remercier pour ce merveilleux héritage que tu nous laisse. Maintenant, aide-nous à le mettre en paroles et en actions comme tu l’as si bien fait.
Henriette, tu demeures pour moi, ma sagesse et toujours, je te porterai dans mon cœur. Merci pour tout ce que tu as été pour chacun chacune d’entre nous.
Nicolet, le 8 mai 2015
Merci pour cet homélie signifiante et remplie d’Espérance pour notre vie en Église aujourd’hui. Sincèrement, Jeanne d’Arc Brown.
Merci. Tout cela signifie que Jésus nous enseigne d’avoir de la considération pour toutes les personne. Il nous dit encore qu’il est venu pour libérer les fils et fille d’Abraham.