Au cours des deux dernières semaines, j’ai eu l’occasion d’intervenir à Limerick dans deux groupes ProBus (Les groupes Probus sont constitués de professionnels et de gens d’affaires retraités qui se réunissent sur une base relativement régulière pour s’informer et échanger tout en ayant une perspective sociale). Le premier groupe était uniquement composé d’hommes et, le second, uniquement de femmes. Le sujet d’échange était le même, soit la réforme de l’Église.
Les deux événements ont été très agréables car les groupes étaient très réceptifs et il n’ y avait pas de tension dans le fait de leur parler. Chaque groupe comprenait une quarantaine de personnes. Mais les ressemblances se sont arrêtées là; et j’ai trouvé fascinante et intéressante la différence entre un groupe d’hommes et un groupe de femmes.
Pour les hommes, la salle était disposée comme un théâtre; des rangées de chaises face à la table de l’animateur. Après une introduction et quelques réponses de leur part à des questions permettant de les connaître, je leur ai parlé sans interruption pendant une demi-heure. Ensuite, il y a eu une période de plusieurs questions et commentaires à la fois intéressants et pertinents. Ils portaient tous sur l’Église et la foi et tendaient à demeurer principalement dans un cadre objectif sans beaucoup de révélations personnelles. On ne me demanda pas non plus mon opinion personnelle sur l’Église.
Les femmes étaient assises autour de la salle rectangulaire, de sorte que tout le monde pouvait voir et interagir avec tout le monde. La « table » était intégrée aux autres places. Après m’être présenté, j’ai abordé le sujet de l’échange. Après seulement quelques minutes, les commentaires et les questions ont commencé à venir du groupe. Et à partir de là, pendant environ une heure et quart, ce ne fut que dialogue. Et j’ai beaucoup aimé. Les femmes étaient passionnées par le sujet; le flot des opinions et des analyses ne s’est jamais tari.
Contrairement aux hommes qui avaient tendance à rester impersonnels, les femmes étaient beaucoup plus impliquées personnellement. Ainsi, nous avons entendu décrire comment, comme jeunes mères, elles ont dû passer par le rituel des relevailles. Une femme nous a raconté qu’en quittant la maternité avec son bébé, elle a été avertie par le célèbre chanoine Punch qu’elle ne pouvait rentrer chez elle avant d’aller d’abord à l’église pour le rite des relevailles; sinon elle apporterait son « impureté » dans sa maison.
Les questions qu’on m’a posées étaient beaucoup plus personnelles que celles posées par les hommes. Ai-je été triste ou en colère à propos de ce qui m’était arrivé? Est-ce que je suis seul dans ma situation? Pourquoi ne pas couper mes liens avec l’Église et les rédemptoristes et être vraiment libre? Ai-je peur de l’avenir? Pourquoi n’ai-je pas refusé d’accepter un document sans adresse ni signature? Est-ce que je crois toujours en Dieu? Et qu’en est-il de la vie après la mort?
Ce fut toute une discussion!
Comme je dois prononcer une conférence demain soir sur Les femmes dans l’Église à Galway, mon expérience avec ce groupe de femmes a ravivé ma conviction de la perte terrible que représente pour l’Église le fait de la non-implication des femmes comme des égales dans toutes les dimensions de prise de décision et de ministère dans l’Église. Il ne fait aucun doute qu’elles y apporteraient une dimension différente et très importante.
Attymon (comté de Galway, Irlande),
le 30 mars 2016
Texte original publié en anglais dans le blogue de Tony Flannery
Traduction : Michel Goudreau et Pauline Jacob
Merci pour cette reconnaissance du rôle possible des femmes 🙂
Voilà enfin lâché à la fin de cet article le mot sacré ÉGALITÉ encore inaccessible dans la langue de notre Église. Cf « la perte terrible que représente pour l’Église le fait de la non-implication des femmes comme des égales dans toutes les dimensions de prise de décision et de ministère dans l’Église. » Telle est notre impureté comme femmes « inégalité »… Dieu de miséricorde, prends pitié!
Merci, monsieur Tony Flannery.