FHEDLES salue la lucidité de Benoît XVI dans sa renonciation à sa charge de ministre de l’unité. Cette décision désacralise la fonction de pape. Elle manifeste aussi l’impasse d’une centralisation excessive de l’Église et du gouvernement bureaucratique d’un milliard de Catholiques.
Nous appelons le prochain évêque de Rome à revenir à la collégialité épiscopale et au dialogue avec le peuple chrétien qui est la règle primitive de l’Église remise à l’honneur par le Concile Vatican II.
Remémorons-nous trois échecs du monologue romain qui incitent à un changement de cap.
Commençons par la prétention de l’ancien Cardinal Ratzinger à faire de l’exclusion des femmes une décision infaillible sans même consulter les évêques. Sur ce sujet, comme sur d’autres réformes nécessaires de l’Eglise, Benoît XVI est resté fermé aux requêtes d’une immense part du peuple chrétien et a choisi l’excommunication de femmes prêtres et de leurs soutiens.
Sa recherche de l’unité de l’Eglise a surtout consisté en la reconquête de quelques prêtres[1] refusant la liberté religieuse (la Fraternité Saint Pie X[2]) ou opposés à l’ordination de femmes et de personnes homosexuelles (certains Anglicans et Luthériens). Depuis la nomination de Joseph Ratzinger comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, les Catholiques réformateurs ont été quant à eux récusés et étouffés.
Les ouvertures timides de Benoit XVI concernant le préservatif ne peuvent nous faire oublier ses propos ambigus en Afrique. Ils furent d’autant plus irresponsables que le système ecclésial actuel donne un poids démesuré à la moindre opinion, impression ou hypothèse théologique du pape.
Saluons tout de même chez Benoît XVI la poursuite des gestes d’amitié envers les Juifs et des rencontres interreligieuses d’Assise, les actions contre les crimes pédophiles du clergé et les sanctions contre les Légionnaires du Christ. Nous avons apprécié aussi sa valorisation d’une relation féconde entre la raison et la foi.
Nous lui souhaitons une retraite sereine et théologiquement féconde.
Communiqué de Femmes et Hommes Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société (FHEDLES) sur la renonciation de Benoit XVI
Le 12 février 2013
NOTES
[1] Nous rappelons tout de même que l’assentiment du cardinal Ratzinger a sans aucun doute permis l’adoption de la déclaration commune des Luthériens et Catholiques sur la doctrine de la justification mettant fin à plusieurs siècles d’anathèmes.
[2] Au prix de maladresses insignes comme la levée de l’excommunication de l’évêque négationniste Williamson.
- Pour la fin du monologue romain - 12 février 2013