Le Pape fait écho à plusieurs interventions du Synode lorsqu’il accorde un espace aux thèmes d’égalité et de discrimination. Avec force, il affirme l’égalité de tous les êtres fondée sur la dignité de la personne. Aussi, aucune discrimination ne peut-être justifiée. « Toute discrimination constitue une injustice absolument intolérable, non pas tant en raison des tensions et des conflits qu’elle peut engendrer dans le tissu social qu’en raison du déshonneur infligé à la dignité de la personne : et non seulement à la dignité de ce qui est victime de l’injustice, mais, davantage encore, de qui la commet » (no 37).
Il aura la même fermeté pour rappeler « la dignité personnelle de la femme, et donc son égalité avec l’homme » (no 49). Trop de pays, comme trop d’Églises chrétiennes n’agissent pas en fonction de cette égalité sous le prétexte de l’appartenance à des cultures différentes. Le Pape a raison d’insister sur l’égalité des êtres humains.
Cependant, on ne saurait passer sous silence la façon avec laquelle le Pape ne reconnaît pas qu’il y ait dans l’Église discrimination fondée sur la base du sexe. Après avoir dit qu’aucune discrimination n’existe sur « le plan du rapport avec le Christ », sur « le plan de la sainteté », il déclare que « dans la participation à la vie et à la mission de l’Église, la femme ne peut recevoir le sacrement de l’Ordre, et donc, ne peut remplir les fonctions propres du sacerdoce ministériel. (…) ».
Comment peut-on justifier l’exclusion des femmes. On pourrait objecter qu’il y a discrimination faite puisque l’éligibilité à la fonction est décrétée sur la base de l’appartenance à un sexe déterminé et non sur un seul et même baptême qui fait de nous hommes et femmes des fils et des filles de Dieu. Comment alors concilier les vues présentes avec ce que le Pape soutient au numéro 37 ci-haut cité ? Ce n’est pas la réponse apportée au numéro 49 qui va jeter plus de lumière sur ce paradoxe : « Sans être appelées à l’apostolat propre au Douze, et donc au sacerdoce ministériel, beaucoup de femmes accompagnent Jésus dans son ministère et assistent le groupe des Apôtres (…) » . Doit-on encore s’étonner alors que le statut quo à l’égard des dispositions du Motu proprio Ministeria quaedam (15 août 1972) ai été retenues jusqu’au moment des conclusions d’une Commission chargée d’étudier la question ? (no 23).
On reste encore plus étonnée de cette position, lorsqu’on constate que le Pape reconnaît qu’en Église la « co-présence et collaboration des hommes et des femmes » constitue une exigence première d’une authentique communauté ecclésiale. S’il faut parler de nouveauté dans le document, c’est ici qu’elle prend place. À ma connaissance, jamais jusqu’ici on a insisté pour qu’hommes et femmes travaillent ensemble en pastorale. Le Pape voit là non seulement une nécessité mais une exigence requise au nom même de l’être humain qui a été créé homme et femme comme « la première communauté de personnes (no 52). Aussi « un effort pastoral s’impose donc en vue d’obtenir la présence coordonnée des hommes et des femmes pour que soit rendue plus complète, plus harmonieuse et plus riche la participation des fidèles laïcs à la mission salvifique de l’Église » (idem).
Suivant la logique énoncée dans ce paragraphe, il faudrait donc reconnaître que par le bénéfice de la communauté ecclésiale, les ministères demanderaient d’être exercés par les femmes et les hommes.
Réflexions d’un agent de pastorale suite à la parution de l’exhortation apostolique Christifideles laici du 30 décembre 1988 qui précise ce que le pape retient du synode sur les laïcs.
- Égalité et discrimination - 15 janvier 1989