Voir des signes d’espérance pour les femmes en Église, voilà toute une question. Surtout lorsqu’on connaît tout ce qu’elles portent sur leurs épaules. Toutes les difficultés, les déceptions, les luttes, les tâches, les heures supplémentaires… D’ailleurs, un excellent ouvrage de Jeannine Deshaies Roy est paru en 2011 sous le titre : Le travail en Église : Résurrection ou burnout? nous montre que les femmes en Église ne sont pas épargnées par l’épuisement professionnel. Mais je crois tout de même qu’on peut discerner des pousses d’espérance. Cela demande une réflexion et c’est pourquoi j’écrirai à partir de ma propre expérience, de mon point de vue de femme de la génération X, chrétienne, féministe, agente de pastorale dans un diocèse précis.
En premier lieu, je dirais que pour moi, les signes d’espérance ou de Pentecôte pour les femmes en Église ne sont pas tellement dans les changements institutionnels, que certaines espèrent encore, mais plutôt dans tous ces liens d’amitié et d’amour partagés. Dans la résilience et la résistance de ces femmes de foi qui poursuivent avec courage leur engagement. J’ai déjà mentionné dans un texte combien plusieurs femmes en Église, ayant de la difficulté à dire non, en mènent beaucoup à la fois. Et je crois que ce travail en Église ne pourrait être possible sans une espérance têtue à désirer être témoins vivantes du message des évangiles, à être prophètes et missionnaires dans une Église en changement.
Parmi celles qui continuent à travailler en Église, nous pouvons voir des signes de Pentecôte dans cette joie profonde qui les habitent et les met en marche et ce, malgré la lourdeur de certaines tâches et les occasions de découragement qui se présentent parfois. Cette joie on peut la ressentir dans le temps qu’elles mettent à préparer des célébrations, dans le temps qu’elles mettent à créer des climats propices au partage de la Parole, dans ce souci de révéler à chacune et à chacun la présence agissante de l’Esprit Saint et aussi, de présenter le visage de Dieu-Amour aux jeunes et moins jeunes, afin que ces personnes se reconnaissent comme étant aimées de Dieu. Pour certaines agentes, la reconnaissance d’être fille de Dieu les amènent à chercher des modèles féminins dans les Écritures. Plusieurs font ainsi découvrir ou redécouvrir les femmes de la Bible dans les catéchèses pour enfants ou pour adultes. Comme Marie-Madeleine, par exemple, qui a retrouvé sa juste place dans quelques groupes de catéchèse. Pour d’autres, le langage inclusif est devenu naturel et témoigne d’une délicatesse à l’égard de la moitié de l’humanité encore trop souvent négligée.
Oui, quand on prend le temps d’observer, on peut voir l’amour à l’œuvre dans l’agir des femmes en Église, qu’elles soient agentes ou bénévoles. Prendre le temps d’observer permet de voir combien chaque charisme est important et combien l’apport des femmes est essentiel dans la mise en place d’une Église partenariale et inclusive.
Notons aussi que tout ce temps qu’elles prennent pour préparer les animations, les temps de prières ou d’échanges, les réunions, les rencontres de baptême, de catéchuménat, leur participation à des tables de concertation, et à bien d’autres choses encore… est un temps hors du temps qui permet de faire émerger la vie parce que c’est dans de leur propre vie de foi que s’enracine leur travail quotidien, qui est beaucoup plus qu’un simple travail mais bien une vocation pastorale.
Bien sûr tout n’est pas rose, mais je dois admettre que la joie est tout de même présente. Cette joie serait impossible sans la solidarité entre les agentes. La solidarité entre les femmes est un bien précieux qui permet de réelles rencontres fondées sur l’écoute, l’accueil et l’authenticité. J’ai découvert des amitiés sincères et profondes qui remettent debout. Des amitiés qui sont parfois un baromètre important car il arrive qu’elles nous invitent à prendre du recul par rapport à certaines situations, elles nous permettent de prendre la mesure du nombres d’heures que nous investissons dans la préparation de nos dossiers. Ces amitiés donnent l’heure juste sur les réalités que nous vivons en Église et nous permettent de ne pas nous sentir isolées. En fait je crois que cette solidarité sororale permet de continuer à espérer et fait en sorte que travailler ensemble à bâtir un monde meilleur est un plaisir sans cesse renouvelé.
Oui, des pousses d’espérance se lèvent chaque jour. Elles semblent parfois invisibles ou fragiles, mais elles sont là. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir le souffle de l’Esprit les agiter et les pousser. Parce qu’elles sont appelées et répondent à la vocation pastorale, les femmes en Église agissent dans leur milieu pour témoigner de l’amour de Christ Jésus dans leur vie, à leur façon et selon ce qu’elles sont. Elles poursuivent leur route ensemble, dans un même Esprit.
Saint-Jean sur Richelieu (Québec),
le 19 avril 2016
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Bravo Christiane pour ce texte ! Tellement vrai… Les femmes portent, trop souvent, « le monde » sur leurs épaules… jusqu’à l’épuisement… Dieu merci ! la solidarité entre elles, les aident « à passer à travers ».
Merci d’être mon amie,
Eileen Perry, répondante à la condition des femmes
Je vous soumets ce texte sans doute d’espérance à travers les chemins raboteux et souffrants par lesquels nous mènent ceux-là qui ne cessent de s’afficher comme les tenants absolus de l’Église – sans la promouvoir au meilleur de sa mission. Voici deux extraits qui en disent long, long… depuis longtemps:
«LES FEMMES DÉTIENNENT LA MOITIÉ DU CIEL ou peut-être même plus de la moitié! (Unanima)
«Ils ont essayé de nous enterrer. Ils ne savaient pas que nous étions des GRAINES! (Berta Cásares)
Merci de votre résilience!