Christine Cadrin-Pelletier a fait des études universitaires en psychologie et en théologie. Après avoir travaillé en tant qu’agente de pastorale à l’Office d’éducation de la foi au diocèse de Québec sur le dossier de la mise en place de l’initiation sacramentelle en paroisse et avoir été bénévole en pastorale paroissiale et régionale dans la région de Louis-Hébert (Sillery-Ste-Foy) aux Services diocésains de Québec, elle a poursuivi sa carrière au Ministère de l’Éducation où elle a été successivement professionnelle, directrice de la Direction de l’enseignement catholique, sous-ministre associée pour la foi catholique au Ministère de l’Éducation du loisir et des sports (MELS) et enfin Secrétaire aux affaires religieuses.
Retraitée de la fonction publique depuis 2005, elle s’est engagée comme collaboratrice à la formation des séminaristes du Grand Séminaire de Québec (Connaissance du français et méthodologie du travail intellectuel) et comme présidente du conseil d’administration de La Clarté-Dieu. Demeurant à Montréal depuis 2010, elle a poursuivi ses engagements dans le bénévolat comme représentante du Centre Justice et Foi (CJF) au Collectif pour un Québec sans pauvreté et membre du sous-comité AVEC réunissant des personnes en situation de pauvreté, des intervenant-e-s et des chercheur-e-s; elle est membre de Maria’M, groupe de dialogue féministe entre chrétiennes et musulmanes et présidente du CA du CJF. Depuis 2012, on peut lire quelques-unes de ses recensions dans la revue Relations du CJF. Actuellement, elle est responsable de l’accueil des bénéficiaires de la Conférence Sainte-Madeleine / Saint-Viateur de la Société Saint-Vincent-de-Paul de Montréal et participe à la liturgie comme membre de la chorale paroissiale.
Femme exceptionnelle, Christine Cadrin-Pelletier possède une feuille de route impressionnante. J’ai eu la joie de la rencontrer pour connaître sa pensée sur ses engagements et sa vision sur la place des femmes dans la société et l’Église. Femme engagée d’abord au niveau de sa foi, elle n’a jamais douté que les femmes soient aussi appelées à témoigner de l’espérance qui est en elles. L’égalité homme/femme dans l’Évangile est acquise, dit-elle, c’est dans l’institution ecclésiale qu’elle fait outrageusement défaut! C’est au fil du temps et des expériences que la « cause » des femmes est devenue pour elle plus importante, surtout en termes de dignité de l’être humain. C’est vrai pour l’Église, mais aussi dans la société : par exemple, plus de femmes sont en situation de pauvreté que les hommes et les causes en sont plus structurelles qu’individuelles.
Elle trouve sa satisfaction à travailler pour la justice, pour ce qui est juste, afin que la société et l’Église ajustent leurs orientations, leurs structures et leurs pratiques en fonction de la dignité ontologique fondamentale des femmes comme des hommes. Elle ajoute que dans le milieu ecclésial comme ministériel, il existe une certaine marginalisation « polie » de la part du clergé ou de la hiérarchie; parfois certains regards et attitudes condescendantes, parfois peu de crédibilité accordée, malgré la qualité des dossiers préparés, tant en pastorale qu’au Ministère de l’Éducation; mais aussi des éléments de valorisation : par exemple, au Ministère de l’Éducation, elle a été la première et la seule femme ayant occupé le poste de sous-ministre associée pour la foi catholique. Auparavant, seulement des hommes (quelques laïcs, mais surtout des prêtres) ont occupé ce poste. Ce fait a entraîné son lot de difficultés. Le processus de déconfessionnalisation du système scolaire, qui s’est échelonné sur les dix années de son mandat ministériel, a été une période particulièrement exigeante! Il y a plusieurs raisons à cela qui excèdent le fait d’être une femme en fonction d’autorité : le contexte de sécularisation massif du Québec; les vives tensions entre les tenants de la confessionnalité et ses opposants; les jeux politiques incessants; les disparités régionales quant à l’attachement aux traditions religieuses, etc. Elle avait heureusement une équipe d’hommes et de femmes formidables au Ministère, ce qui lui a permis de tenir le coup.
Dans ses nombreux engagements, Christine s’est rarement posée la question de ses réussites ou de ses échecs, surtout quand on travaille pour des institutions ecclésiales ou gouvernementales dans lesquelles le pouvoir décisionnel nous échappe en partie. Les réussites sont partielles et les échecs ne sont jamais irréversibles ou sans issue. Sa plus grande réussite, cependant, indépendamment des postes occupés ou des engagements pris, c’est d’avoir pu s’ajuster aux différents contextes et de s’y sentir utile. Ses capacités relationnelles sont appréciées par les gens qui la côtoient. Quant aux « causes » à défendre, d’après elle, le travail n’est jamais terminé, que ce soit pour celle de l’égalité des femmes et des hommes, de la lutte à la pauvreté, de l’accession des femmes à des postes de direction dans l’Église et à la prêtrise ou de la recherche de plus de justice dans le monde. Les réussites sont des avancées, les échecs sont des reculs, mais la route est encore longue à l’échelle locale, mais surtout à l’échelle mondiale. Ça rend humble de le reconnaître, ajoute-t-elle. Ce qui compte, c’est de faire sa part avec ses ressources et ses limites dans les conditions actuelles faites d’opportunités et d’obstacles. Mais, elle n’a pas toujours été aussi sereine… Elle avait beaucoup d’idéal, confie-t-elle, face à la pertinence éducative du cours « Éthique et Culture religieuse » mis sur pied au terme du processus de déconfessionnalisation du système scolaire. Mais elle sait qu’après sa prise de retraite, ce cours inédit et envié dans certains pays d’Europe n’a pas eu le soutien politique et administratif nécessaire pour bien prendre racine et porter tous ses fruits. Ce n’est pas un échec pour elle puisqu’elle a quitté le Ministère depuis bientôt douze ans, mais elle reste déçue du peu d’efforts mis par le Ministère pour son implantation et la formation initiale et continue des maîtres, ceci dit, sans blâmer les professionnels responsables du dossier qui ont certainement fait pour le mieux avec les moyens dont ils disposaient. Mais, elle reste inquiète face à l’avenir de ce cours car elle le pense nécessaire pour les jeunes appelés à vivre dans un contexte social, religieux et culturel complexe.
Ce qui la fait vivre, c’est la foi, ou du moins l’aspiration constante à croire en l’être humain et en Dieu; le besoin d’être utile, ce qui s’avère souvent valorisant; la recherche d’un sens à la vie et la nécessité de l’engagement, car à son dire « La foi sans les œuvres est une foi morte ».
Elle est persuadée que la société ne fonctionne pas sans bénévolat! Il est important d’être solidaire, lié les uns aux autres, de faire communauté, de travailler pour le bien commun, ensemble, en tant que personnes égales et engagées. Pour elle, l’engagement pour la justice et pour des causes humanitaires est le mode d’interaction à privilégier pour favoriser la connaissance mutuelle et un vivre-ensemble harmonieux.
Aujourd’hui, son désir est de tenir la route en inventant le chemin avec tous ceux et celles qui sont sur la route, de jeter des ponts et d’ouvrir des voies. Elle est consciente que la société et l’Église ont un grand besoin de créer des espaces et des temps de juste confrontation et de dialogue, des espaces et des temps de véritable rencontre et de convivialité, des espaces et des temps pour bien vivre ensemble et pour parvenir à bâtir un monde meilleur plus juste et plus vrai.
Bonne route Christine! Merci pour toutes les voies que tu ouvres encore aujourd’hui par tes engagements et pour ta contribution novatrice dans la société et dans la mission de l’Église!
Georgette Sirois
Le 22 décembre 2017
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Superbe description de l’engagement profond de ma sœur Christine, dont j’ai toujours admiré la constance, l’ardeur tranquille et la grande intelligence qu’elle a mises à défendre la justice et la foi.
Je l’ai vue parcourir des années difficiles, remplies d’embuches, d’espoirs, de déceptions, avec une confiance inébranlable.
Présente à tous les membres de notre famille tout autant qu’à ses causes, elle nous a aussi soutenus dans des moments difficiles, parfois même au péril de son bien-être et de sa santé.
Bref, je vous remercie d’un témoignage si bien écrit, éclairé et éclairant sur une femme précieuse à tous ceux et celles qui la connaissent et l’aiment, et qui le deviendra pour ceux et celles qui la découvriront.
Je n’ai pas connu Christine mais par cette description je vois qu’elle nous fait grand honneur. Je félicite Georgette Sirois de cette mise en page et de toute son œuvre.
Et nous les femmes à l’exemple de Marie n’ayons pas peur de signaler aux hommes lorsque le vin manque au peuple, comme à Cana, pour les pousser à agir et hâter le temps!!!
Pierrette Pelletier smnda Montréal (ex-Mali et Burkina).