La première édition du Festival Filministes s’est tenue du 8 au 11 mars 2018 à Montréal. Ce festival est né du collectif Filministes dont la mission est consacrée à la diffusion de documentaires, court-métrages et films de fiction sur des sujets féministes variés. Les projections régulières du Collectif et le Festival s’inscrivent dans la visée de créer des espaces d’échange, de diffuser les œuvres de réalisatrices de plusieurs horizons et d’offrir une plateforme aux chercheuses, aux étudiantes, aux militantes et aux travailleuses des milieux communautaires.
La soirée de clôture du Festival était particulièrement intéressante par le sujet de l’œuvre projetée. Sœurs rebelles [Radical Grace] de Rebecca Parrish suit le parcours de trois religieuses américaines en 2012, année où le Vatican met sous tutelle la Leadership Conference of Women Religious [LCWR] (une association de supérieures de communautés religieuses féminines aux États-Unis), en mettant en cause les visées féministes de certains de leurs projets, supposément incompatibles avec la foi catholique. Il était question d’aide et d’accompagnement apportés à la communauté LGBTQ+, de militance en faveur de l’assurance-santé (Obamacare) et même jusqu’à leurs sujets de ressourcement spirituels à l’interne.
Le documentaire, qui s’est mérité le Prix Filministes – Activisme, suit les religieuses Simone Campbell, Chris Schenk et Jean Hughes dans leurs actions auprès des périphéries et des laissés-pour compte du système patriarcal social et ecclésial. On voit sœur Jean auprès des ex-détenus en réinsertion, soeur Simone en tournée d’autobus « Nuns on the Bus » pour promouvoir l’assurance-santé et sœur Chris à Rome au moment de l’élection du pape François, où elle est émue d’espérance devant ce premier « François », un nom chargé de sens porté par un pape se présentant simplement, en blanc. Pas étonnant que l’année suivante, en 2014, le Vatican mette fin à la tutelle et adopte un ton bien plus conciliant avec la LCWR.
La projection au Festival Filministes a attiré une foule de jeunes adultes, certains debout à l’arrière. Les réactions durant le documentaire allaient du rire à l’admiration pour ces femmes radicalement engagées dans la transformation de leur société, au nom de leur foi. Un court panel a suivi, animé par Élisabeth Garant du Centre justice et foi, avec Gisèle Turcot, religieuse, membre de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, Pauline Jacob, théologienne féministe et Amélie Villeneuve, intervenante en soins spirituels en milieu hospitalier, lors duquel chacune a mis l’accent sur des éléments du film. Les quelques questions des participants montraient à la fois l’intérêt pour le sujet, la distance d’avec la réalité de l’Église catholique aujourd’hui et la méconnaissance des engagements des communautés religieuses féminines du Québec.
En tant que « relève » dans l’Église d’ici, je ne peux qu’espérer plus de ponts et de dialogue, et des espaces artistiques à la frontière de l’Église et des générations distantes, où la conversation l’emporte sur la conversion. Car c’est en faisant connaissance qu’on peut être surpris par une grâce radicale.
Montréal, le 15 mars 2018
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Voir l’article risquer l’avenir ou risquer les femmes paru dans la revue Présence. Un article des plus percutant..
Merci beaucoup Mme Brouillette! Voici le lien pour d’autres lectrices et lecteurs.
http://presence-info.ca/article/opinion/risquer-l-avenir-ou-risquer-les-femmes-