À l’occasion de la conférence de Denise Couture du 8 décembre 2020 intitulée
« La place des femmes au sein de l’église et des structures politiques : similitudes et divergences » organisée conjointement
par le Groupe Femmes, politique et démocratie [GFPD] et le réseau Femmes et Ministères, Marie Bergeron a présenté le réseau Femmes et Ministères.
Pourquoi le mot ministère? On confond souvent avec les ministères au niveau des gouvernements. Dans l’Église le mot ministère désigne les fonctions assumées par les ministres ordonnés, soit les évêques, les prêtres et les diacres. Les femmes sont bien sûr exclues de tous ces ministères, donc des fonctions où elles pourraient exercer un certain pouvoir et prendre part aux décisions. Pourquoi? Même si aucune raison théologique ou biblique solide n’empêcherait les femmes d’avoir accès à ces fonctions, la porte demeure toujours bien fermée.
Dans la foulée du concile Vatican II qui s’est terminé en 1965, et plus proche de nous au Québec à la suite des travaux du Conseil du Statut de la Femme ayant abouti en 1979 au livre vert : Pour les québécoises : égalité et indépendance et les travaux qui s’en sont suivi au comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec [AÉCQ] qui a fait de la condition des femmes dans l’Église et la société un dossier prioritaire, est apparue la nécessité pour les femmes en Église de s’organiser.
En 1982, fortes de cet élan sans précédent, six femmes se sont rencontrées et ont jeté les bases d’un groupe de femmes engagées en Église, autonomes par rapport à l’institution et même anonymes à l’origine, pour travailler à la reconnaissance des ministères déjà exercés par des femmes et obtenir l’accès à tous les ministères ordonnés.
C’est ainsi que dans les années suivantes, des femmes de tous les diocèses du Québec, en lien aussi avec la communauté internationale, ont travaillé ensemble à faire de la recherche, à publier des études, à faire connaitre leurs convictions et leurs revendications.
Quarante ans plus tard, le Réseau fait un bilan positif de ses travaux. Mais de moins en moins de femmes et d’hommes sont intéressés par la question. Sans doute découragés par les maigres résultats obtenus. En effet, particulièrement depuis la déclaration du pape Jean-Paul II en 1995 : La charge d’enseigner et de gouverner les fidèles est exclusivement réservée à des hommes. Cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église.
Mais le réseau Femmes et Ministères résiste toujours, un petit nombre de gauloises et de gaulois tiennent toujours le fort. De plus en plus nous sommes conscientes qu’il est essentiel d’intéresser d’autres femmes et d’autres hommes à nous accompagner dans nos convictions et nos revendications. Que faire alors? Quelles méthodes de travail développer pour garder et susciter l’intérêt et la confiance malgré les obstacles? Nous sommes à un moment charnière de notre histoire, un défi de taille nous attend, la relève. Nous aurons bientôt 40 ans. Nous avons une page Facebook, un site Web très bien garni… Mais nous devons certainement élargir nos solidarités avec d’autres personnes partageant avec nous la conviction profonde qu’hommes et femmes doivent être égaux à tous les niveaux.
Dans la société, non sans difficultés, les femmes accèdent déjà à des fonctions de pouvoir et de décision au sein des gouvernements, au sein des institutions universitaires, dans le milieu des affaires, etc. Le dernier bastion où il est impossible d’avancer, c’est dans l’Église. Comme féministes, croyantes ou non, n’est-il pas temps de développer davantage nos solidarités et mettre ensemble nos forces afin de dénoncer et modifier cette situation. Ensemble, ouvrir enfin cette porte! La rencontre d’aujourd’hui est une belle occasion d’y voir.
Marie Bergeron
Le 8 décembre 2020
- Le 8 mars 2023 : 40 ans de résistances féministes dans l’Église - 7 mars 2023
- 40e : Hommage à Annine Parent par Marie Bergeron - 28 octobre 2022
- Femmes, Église et politique – Présentation du réseau Femmes et Ministères - 11 décembre 2020