À la suite de la conférence de Denise Couture
« La place des femmes au sein de l’église et des structures politiques : similitudes et divergences »
du 8 décembre 2020, voici le compte-rendu
et le commentaire de Anne-Marie Ricard
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Organisée conjointement par le Groupe Femmes, politique et démocratie [GFPD] et le réseau Femmes et Ministères, cette conférence était animée par madame Pascale Navarro dans la cadres des Conférences de la relance du GFPD. Elle a réuni près de 70 participantes et participants, des féministes engagées dans les changements sociaux et politiques et des féministes chrétiennes aussi engagées dans les changements sociaux et ecclésiaux.
Le travail rigoureux de comparaison des deux sphères politique et ecclésiale réalisé par Denise Couture a très justement mis en lumière le même objectif de dépatriarcalisation qui est poursuivi par les deux groupes depuis plus de 40 ans. Les avancées sont certes plus visibles au plan politique au Québec et au Canada que ce ne l’est au Vatican. L’étendue internationale de la structure de l’Église catholique ralentit la dépatriarcalisation des diocèses du Québec et d’ailleurs. Dans l’Église catholique, il y a un « blocage néo-conservateur » qui engendre une « zone de non-droits pour les femmes ».
La conférencière dénonce la récupération du discours féministe par le Vatican en l’édulcorant. La théologie de la femme, développée par Jean-Paul II et dont plusieurs se réclament, en est une démonstration et elle camoufle la subordination imposée aux femmes dans l’Église. Il ne suffit pas de nommer des femmes dans des postes de responsabilité au Vatican pour dépatriarcaliser la structure ecclésiale, surtout quand ces mêmes femmes se prononcent contre la contraception et l’avortement.
Denise Couture affirme aussi qu’il faut attaquer le patriarcat religieux de toutes parts, sur tous les fronts.
Elle identifie un moyen concret pour s’en sortir : la collaboration entre les féministes sociales et les féministes chrétiennes afin d’éviter de tomber dans le piège d’une certaine laïcité : celle qui circule actuellement au Québec. Cette conception particulière implique en effet qu’il faut non seulement séparer le religieux du politique mais faire en sorte que l’un doit exclure l’autre en l’ignorant tout simplement. Ce type de laïcité a ainsi éliminé le questionnement que l’un et l’autre doivent encore mutuellement s’adresser et c’est pourquoi cela laisse le champ libre aux religions. Les religions, dont l’Église catholique, peuvent alors maintenir le non-droit des femmes sans que le politique intervienne au niveau juridique. Deux poids, deux mesures s’appliquent au détriment des femmes. Madame Couture se réfère, à cet égard, à la récente thèse de doctorat de madame Johanne Philipps : « Comment le projet de laïcité québécoise est défavorable aux femmes. L’urgence de briser une évidence » (Université de Montréal).
Cette conférence a favorisé l’avancement de notre réflexion commune et nous incitera à multiplier ces espaces d’échange entre nous. Elle pourra aussi se poursuivre par la lecture du livre de madame Couture, qui sera publié dans quelques mois. Le contenu de cette conférence fait l’objet d’un chapitre de ce livre.
Anne-Marie Ricard
Le 10 décembre 2020
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