Présentation
En 1982, une vingtaine de femmes engagées en Église ont choisi de réfléchir et d’agir ensemble en créant le réseau Femmes et Ministères. Les voix entrecroisées de théologiennes et de praticiennes en pastorale ont, peu à peu, contribué à faire émerger les joies et les peines, les souffrances et les questions issues de leur expérience, en solidarité avec les femmes, tant de proximité ecclésiale que des périphéries. Il en a résulté des prises de parole sous forme de colloques et de publications, d’efforts de dialogue et de concertation dont ce bilan veut rendre compte.
Conscientes d’exercer des responsabilités dans une institution millénaire dirigée par une hiérarchie tissée serrée et soumise à des normes écrites et pensées au masculin, nous avons puisé, dans la relecture des Évangiles, une nourriture solide pour soutenir notre marche. Attentives aux relations de Jésus avec des femmes, notre conviction d’être pleinement invitées à la table commune s’est renforcée : jamais l’exclusion n’est tolérable, même pour celle qui demandait à Jésus de lui donner « les miettes qui tombent de la table » (Mt 15, 28); elle ne saurait l’être davantage dans une Église qui se veut rassembleuse du peuple de Dieu.
Notre vision de foi et d’espérance s’enracine dans un même baptême, fondement de l’égalité des femmes et des hommes devant Dieu et en Église. Combien de temps faudra-t-il encore pour que la voix des femmes soit non seulement écoutée, mais entendue et considérée, et leur expérience ecclésiale, reconnue.
Depuis le concile Vatican II, l’appel à renouveler l’Église a retenti, mais il a rencontré bien des obstacles. Aujourd’hui, il est devenu plus clair que jamais que, sans une réforme radicale de la gouvernance ecclésiale, le statut collectif des femmes ne changera pas. Femmes et Ministères veut y participer afin de créer des communautés inclusives et missionnaires.
Quel que soit l’objet de leur quête, les femmes font régulièrement l’expérience d’un long chemin à parcourir avant d’atteindre le but recherché. Le bilan présenté ici met à découvert un Réseau porteur d’une vision de foi et d’espérance qui n’a cessé, depuis 40 ans, de vouloir avancer en Église.
Sans les transformations nécessaires, la Bonne Nouvelle des Évangiles qui a inspiré tant de témoins, de mystiques et de martyres peinera à joindre les pèlerins et pèlerines en marche que nous sommes. Pour cela, nous persistons, nous espérons, mais pour combien de temps…
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Nous remercions très sincèrement Anne-Marie Ricard, rédactrice de ce bilan. Elle s’est acquittée de cet acte de mémoire avec compétence et empathie, en tout respect du cheminement des membres du Réseau.
Mai 2022
L’équipe de coordination
Femmes et Ministères
L’audace de l’espérance
Car notre salut est objet d’espérance;
et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer :
ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore?
Mais espérer ce que nous ne voyons pas,
c’est l’attendre avec constance. (Rm 8, 24-25)
Il a suffi d’une phrase : « Aussi longtemps que les femmes, qui sont elles-mêmes engagées sur le terrain de la pastorale avec un mandat de leur évêque, ne se rassembleront pas entre elles pour discuter de l’exercice de leurs fonctions, la question des femmes en Église n’avancera pas1 ».
C’est ainsi que commence l’histoire du réseau Femmes et Ministères en 1982. Ce dernier a cherché à réunir des femmes de chacun des diocèses du Québec pour bâtir un réseau entre praticiennes terrain et théologiennes universitaires. Ces femmes ont agi comme sujets et actrices d’une histoire nouvelle de femmes en Église. Action et réflexion ont été les deux rails de ce mouvement enclenché par Femmes et Ministères. Ces chrétiennes catholiques féministes « convaincues que l’Évangile invite toujours à innover sans se renier […] portent une espérance qui se fait têtue2 », une espérance qui les a motivées à creuser leur expérience de vie et de foi pour qu’elle produise du fruit dans l’Église de notre temps.
Le site Web de Femmes et Ministères regorge de documents permettant de mesurer l’ampleur du travail accompli. Le présent ouvrage met en lumière des publications et des événements plus marquants du parcours de ce réseau. Il rend surtout compte de l’élan vital qui a animé ces femmes et qui a soutenu leur engagement. Malgré les écueils et les portes fermées, elles furent ingénieuses à trouver une brèche, quitte à la percer elles-mêmes. Elles ont fait le choix risqué de l’espérance évangélique qui s’inscrit dans l’incontournable égalité des femmes et des hommes. Pour être le plus fidèle possible à leurs paroles, le choix de les citer s’est souvent imposé. Aussi la plupart des citations sont-elles tirées de documents se trouvant sur le site Web de Femmes et Ministères, ce qui permettra aux personnes intéressées d’en poursuivre la lecture par elles-mêmes.
Tout au long du parcours du réseau, de 1982 à 2022, des cailloux blancs ont été semés. Ces repères, pour ne pas se perdre en chemin, pour cultiver l’espérance, sont restés les mêmes :
Dans l’Église, le projet commun est la mission. Pour qu’il y ait partenariat, toutes les composantes de l’Église (les ministres ordonnés, les agentes et agents de pastorale, les laïques engagés et l’ensemble des baptisés) sont sollicitées pour mettre en œuvre la mission. Le partenariat conduit alors à la reconnaissance de l’égalité de tous : hommes et femmes, prêtres et laïques, qui par leur vocation baptismale sont appelés à être partie prenante de la mission de l’Église3.
Quelques repères historiques
L’affirmation d’Élisabeth Lacelle, à l’origine du réseau, n’est pas survenue par magie. Elle s’inscrit dans la suite d’un long et lent processus des changements des rapports femmes et hommes dans la société québécoise du 20e siècle. Des femmes réclament et agissent dans la société comme dans l’Église pour que des changements s’effectuent. Des hommes endossent et soutiennent ces mouvements vers plus d’égalité et de justice. Rappelons quelques éléments historiques.
Mentionnons d’abord le courageux et persévérant combat des femmes pour obtenir le droit de vote en 1940, alors que le premier ministre Godbout change enfin, malgré la pression contraire des autorités ecclésiales, cette législation obsolète. Puis, en 1964, les femmes mariées du Québec peuvent dorénavant gérer leur argent et leurs biens sans l’autorisation de leur mari et ne sont plus maintenues dans un statut légal de mineures.
Soulignons toutes les actions et la ténacité des communautés religieuses féminines qui se sont battues pour donner accès aux femmes à des études supérieures. Au début de la colonie, Marie de l’Incarnation s’était elle-même confrontée aux autorités ecclésiales de son époque pour offrir l’école aux filles des colons et des autochtones. Ces efforts ont porté fruit et l’universalité de l’accès aux études est officialisée avec le Rapport Parent et les décisions gouvernementales qui en découlent. Le choix de carrière des femmes est ainsi élargi.
L’arrivée de moyens efficaces de régulation des naissances, tels que la pilule contraceptive, influence aussi les choix de vie et de carrière des femmes. Des militantes catholiques engagées socialement, comme Simonne Monet-Chartrand, dénonceront la position romaine de Humane Vitae (1968) qui condamne les moyens contraceptifs en plus de s’adjuger le pouvoir de décider pour les femmes et pour les couples.
En 1975, l’Année internationale de la femme met en lumière les inégalités et les injustices vécues par les femmes. Des changements sont demandés. Au gouvernement du Québec, le Conseil du statut de la femme (CSF) est créé en 1973. En septembre 1978, alors que madame Lise Payette en est la ministre responsable, le CSF publie Pour les Québécoises : égalité et indépendance. Ce document permet des prises de et entraîne des changements dans les mentalités ainsi que dans des lois du Québec, en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
L’Église catholique québécoise aussi se transforme4. Dans la foulée de Vatican II, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AÉCQ) est créée en 1966. L’AÉCQ permettra une synergie dans l’Église québécoise de même qu’une autonomie d’action pour mieux s’arrimer aux nouveaux changements sociaux.
Le Comité des affaires sociales de l’AÉCQ saisit l’importance du mouvement des femmes et cherche à comprendre son impact pour l’Église, si bien qu’en 1981, la condition des femmes en Église et dans la société devient le dossier prioritaire de l’AÉCQ. Cette priorité se traduit, en mars 1981, par l’adoption, par tous les évêques québécois, d’une proposition de nomination d’une répondante diocésaine pour ce dossier. Mgr Bernard Hubert et le cardinal Louis-Albert Vachon seront des agents importants de ces décisions. Les diocèses emboîtent rapidement le pas et mandatent, chacun, une femme à ce poste, qui répondra de son mandat au Comité des affaires sociales de l’AÉCQ5.
Première phase (1982-1992) : D’une parole qui regroupe à un groupe réseau qui prend la parole
Gisèle Turcot est secrétaire du Comité des affaires sociales de l’AÉCQ de 1976-1980. Elle devient ensuite secrétaire générale de l’AÉCQ de 1980-1983 et reste la seule femme à avoir occupé ce poste.
Formée en travail social, Gisèle Turcot se laisse interpeller, dans le bouillonnement de changements sociaux et ecclésiaux d’alors, par Élisabeth Lacelle6. En avril 1982, elles se réunissent avec Rolande Parrot, Rita Beauchamp, Annine Parent et Lise Baroni, quatre autres femmes engagées en Église et capables de réflexion. Ensemble, elles invitent des femmes de leurs réseaux ecclésiaux à un temps de partage sur leur ministère respectif. En octobre de la même année, à Mont-Rolland (aujourd’hui Sainte-Adèle), 18 femmes engagées en pastorale paroissiale ou diocésaine et théologiennes, provenant de dix diocèses, mettent en commun leur expérience d’un ministère ecclésial et du charisme mis au service de leur communauté. « Une partie de la rencontre a été employée à mieux connaître le ministère de chacune : regroupement des plus pauvres dans des lieux d’entraide et de solidarité; recherche et diffusion du savoir théologique; animation des communautés autour de la Parole de Dieu; participation au ministère épiscopal par le discernement et l’éducation de la foi7. » Les bases du regroupement sont installées. Le réseau Femmes et Ministères est né.
Ces femmes définissent leurs objectifs soit : promouvoir les pistes théologiques et pastorales inscrites dans le service ecclésial des femmes et développer un partenariat8 avec des femmes et des hommes intéressés aux objectifs de Femmes et Ministères. Elles établissent trois critères de choix pour les membres : exercer un ministère en Église; être sensibilisée à la question de la femme en général; être orientée vers la coresponsabilité hommes – femmes en Église. Elles choisissent aussi de protéger l’anonymat des membres afin de préserver leur marge de manœuvre et leur liberté de parole, sans risque d’impact dans l’exercice de leur mandat respectif. On avance avec audace et prudence, tout en étant stratégique.
Dès 1983, Femmes et Ministères ose une première parole publique à l’occasion du Synode des évêques sur La réconciliation et la pénitence dans la mission de l’Église. Le réseau dépose une requête auprès de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CÉCC) afin que le Synode soit alerté sur la situation d’injustices dont les femmes font l’objet dans l’Église. Il prend position pour que les hommes et les femmes cherchent ensemble de nouvelles formes d’animation ecclésiale. Cette première prise de parole en entraînera une autre pour chacun des synodes subséquents.
Même une énumération des différentes actions (formations, publications, recherches) de ce groupe de femmes engagées ne pourrait rendre véritablement compte de l’énergie ainsi déployée. Toutes ces femmes ont un emploi, c’est-à-dire un engagement ecclésial qui remplit déjà leur agenda. Elles sont dispersées sur le territoire du Québec. Elles sont mariées, célibataires ou religieuses, de sorte que leur vie familiale ou communautaire et sociale mobilise leur temps. Et elles ajoutent, à leur horaire déjà chargé, du temps pour Femmes et Ministères.
Rappelons que, dans les années 1980, Internet n’existe pas encore. Ces femmes ont multiplié les actions communes et solidaires sans les possibilités actuelles des courriels pour transmettre un document ou sans les rencontres virtuelles pour approfondir une réflexion. Les communications se font par téléphone ou par télécopieur; les rencontres sont en présentiel. Un travail colossal!
Comment comprendre le mouvement que constitue cet engagement? Tout un vent de changement nourrit l’élan de ces femmes, tant dans la société civile que dans les facultés de théologie; plusieurs évêques québécois y sont sensibles. La circulation des idées entre tous ces groupes soutient, voire augmente l’énergie nécessaire pour mettre en œuvre les changements souhaités. Des alliances se créent; des associations mettent ensemble l’épaule à la roue, publiant à tour de rôle des chroniques journalistiques, des brochures et des livres. Ce dynamisme partagé pousse de l’avant. Au Québec, on arrive à croire que des femmes seront ordonnées un jour prochain dans l’Église catholique, que laïques et clercs en partageront vraiment la mission commune.
Pour les membres du Réseau, les journées de formations se succèdent : « Résistance et percées nouvelles » (1983); « La conception paulinienne du ministère » (1984); « Résistance au féminisme » (1985); « Église, leadership et expérience chrétienne » (1985); « Les résistances au mouvement des femmes en vue d’un changement planifié » (1985); « La question des ministères » (1986). Ces activités permettent de mieux voir et analyser ce qui se vit comme expériences en Église, pour ensuite choisir judicieusement les actions à poser.
Parallèlement à ces formations s’élabore, dès 1984, un projet de recherche sur les ministères exercés par des femmes dans les diocèses du Québec, bien entendu avec toutes les démarches alors requises : démarches de financement, gestion du contrat, implication étroite avec la chercheure aux différentes étapes de la recherche. Cette recherche, amorcée en 1986, donne lieu à la publication de l’ouvrage Les soutanes roses. Portrait du personnel pastoral féminin au Québec9, dont il sera question un peu plus loin.
Deux membres fondatrices de Femmes et Ministères, Annine Parent et Rita Beauchamp, participent au travail d’un comité sur le rôle et la mission des femmes dans l’Église, créé par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CÉCC) en 1982. Mille témoignages de femmes sont recueillis à travers le pays. Le comité remet son rapport en 1984 et présente 12 recommandations ainsi qu’une trousse de travail, Les femmes dans l’Église, destinée à l’animation d’ateliers dans les milieux pastoraux.
Toujours en 1984, un peu avant la visite de Jean-Paul II en septembre de la même année, 1739 femmes affirment, dans les journaux, leur fidélité à l’Évangile de Jésus-Christ et demandent aux secrétaires généraux de la CÉCC « une considération adéquate du sérieux et de l’importance de la présence des femmes dans tous les aspects de la visite du pape, qu’il s’agisse de sa planification ou de son suivi10 ». La CÉCC en tiendra compte et formulera des recommandations pour assurer une présence des femmes dans les liturgies, la planification pastorale et les contacts avec les médias.
L’AÉCQ mandate des membres du Réseau pour élaborer, animer et réaliser la session d’études annuelle de mars 1986 sur « Le mouvement des femmes et l’Église »11. Cela ne s’est jamais vu de confier un tel mandat à des femmes. Un fait qui restera unique dans ces 40 ans d’histoire. Trente-cinq évêques et quatre-vingt-cinq femmes sont présents. Six thèmes sont étudiés : le langage, la violence, le pouvoir, le travail, la sexualité et la famille. Vingt-huit recommandations sont votées. Ces recommandations ont permis aux répondantes diocésaines à la condition des femmes d’orienter leurs actions pour les années suivantes.
La même année, Femmes et Ministères obtient ses lettres patentes qui donnent au Réseau un statut juridique reconnu. Les objectifs y sont indiqués :
1) regrouper des femmes engagées en Église pour des réunions, carrefours, colloques;
2) favoriser la communication et les échanges d’expérience entre les membres du groupe;
3) entreprendre des recherches, des études reliées à la situation des femmes en Église;
4) préparer et publier les résultats de ces recherches et études;
5) acquérir les moyens et instruments d’action pour atteindre les buts ci-dessus mentionnés;
6) offrir aux membres la formation et le ressourcement approprié12.
Une première recherche : Les soutanes roses
Grâce à la collaboration du Réseau des répondantes à la condition féminine de chacun des diocèses du Québec, une liste des femmes engagées en pastorale est constituée. Celles-ci sont rejointes pour l’enquête sociologique réalisée en 1986 par Sarah Bélanger, pour le compte de Femmes et Ministères, et qui aboutit à la publication en 1988 du livre Les soutanes roses. Portrait du personnel pastoral féminin au Québec. Les réponses de 614 agentes de pastorale représentant les 21 diocèses du Québec sont retenues. Pour une première fois, on dispose d’un portrait des femmes engagées dans l’Église du Québec ainsi que du travail qu’elles réalisent :
Le portrait-robot de l’agente de pastorale francophone rémunérée par l’Église catholique du Québec pourrait se résumer de la façon suivante : en moyenne, elle est âgée de 47 ans […]. Elle a un haut degré de scolarité, c’est-à-dire 15 ans ou plus13.
La majorité des agentes de pastorale (68 %) sont employées au niveau paroissial, tandis que 29 % travaillent dans les structures diocésaines et 3 % dans les mouvements et organismes similaires14.
Elles définissent davantage leurs activités en relation avec leur foi qu’avec l’institution qui les mandate auprès des gens15.
La chercheure pose déjà une question qui résonne encore aujourd’hui : « les femmes vont-elles simplement accomplir les tâches que faisaient autrefois les prêtres, et qu’ils ne peuvent plus faire parce qu’ils sont trop peu nombreux? Ou est-ce qu’elles accomplissent des tâches nouvelles16 ? »
Enfin, elles sont majoritairement ouvertes au changement dans les structures et dans les lois de l’Église sur l’ordination des femmes, la contraception et le divorce.
Suite à cette publication, qui rend visible non seulement le travail des agentes de pastorale, mais aussi celui du réseau Femmes et Ministères, 21 interventions sont réalisées dans différents médias, sans compter de nombreuses conférences et la participation soutenue, de la part de la chercheure principale autant que des membres du réseau, à des débats sur les résultats de l’enquête.
Autres publications et interventions stratégiques
Femmes et Ministères choisit de marquer la décennie de l’Année internationale de la femme en publiant, en 1985, le recueil Paroles de femmes, Paroles d’évêques17.
En 1984, le réseau présente à la Commission Justice et foi du diocèse de Québec un mémoire intitulé Problèmes de la place de la femme dans la société et dans l’Église. Puis, en 1987, le réseau adresse un mémoire à la délégation des évêques canadiens en préparation au synode sur Vocation et mission des laïcs dans l’Église et dans le monde. Annine Parent, membre du Réseau, fait partie de la délégation canadienne à ce synode. Au fil des ans, Femmes et Ministères présentera diverses recommandations à différents groupes sur la question des femmes en Église.
En 1990, le réseau collabore à l’organisation d’une célébration à la Basilique de Québec, avec 1000 participantes, à l’occasion du 50e anniversaire de l’obtention du droit de vote pour les Québécoises. Le président de l’AÉCQ, Mgr Gilles Ouellet, pose alors un geste réparateur quant à l’opposition des évêques qui a retardé la reconnaissance de ce droit de vote des femmes. L’AÉCQ y rend aussi hommage au réseau Femmes et Ministères pour la qualité de sa recherche sur la place des femmes dans l’Église en lui offrant une bourse pour poursuivre ses recherches.
En 1991, la théologienne Yvonne Bergeron publie, aux Éditions Paulines, son livre Partenaires en Église. Femmes et hommes à part égale. La même année, le groupe français Femmes et Hommes en Église invite Lise Baroni, Yvonne Bergeron et Pierrette Daviau à présenter une communication au colloque œcuménique international de Paris ayant pour thème « Femmes et hommes en Église, partenaires autrement ».
Deuxième phase (1992-2003) : Une vision ecclésiale qui s’affirme malgré les résistances : pour une Église libératrice
En 1992, le réseau célèbre son 10e anniversaire. L’élan de la première décennie a porté fruit. Les connaissances sur le travail des agentes de pastorale et les publications théologiques de femmes et d’hommes justifient, sans aucun doute possible, le travail amorcé en 1982. Cependant, des résistances au changement dans l’Église catholique se manifestent, particulièrement au moment où le Synode général de l’Église anglicane d’Angleterre dit « oui » à l’ordination des femmes, le 11 novembre 1992, alors qu’en 1974, le Synode général l’avait refusée. Les premières ordinations de femmes y ont eu lieu le 12 mars 1994 et la première messe de ces femmes ordonnées est célébrée le lendemain, jour de la fête des Mères en Angleterre.
Dans la lettre « L’Église recroquevillée » publiée dans Le Devoir de l’époque, Femmes et Ministères exprime publiquement son désaccord avec les raisons évoquées par le Vatican et son attitude de fermeture concernant la décision de l’Église anglicane d’accorder le sacrement de l’ordre à des femmes :
De plus en plus de théologiens et d’exégètes catholiques s’accordent pour dire que l’on ne peut tirer du choix de Jésus des raisons déterminantes pour défendre une position ou l’autre en cette matière. Or, comment prétendre prôner l’égalité et l’unité au nom de l’Évangile du Christ tout en continuant d’exercer une discrimination à l’endroit des femmes sur la base de leur appartenance sexuelle. Cela devient de plus en plus intolérable dans la société et dans l’Église et relève, à la rigueur, du contre-témoignage18.
« L’Église recroquevillée » appréhendait le mur qui allait se dresser à Rome quand Jean-Paul II ferme la porte au sacerdoce aux femmes avec sa Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis sur l’ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes (22 mai 1994).
Qu’à cela ne tienne, le 29 juin 1994, Femmes et Ministères présente au président de la CÉCC, Mgr Jean-Guy Hamelin, une requête accompagnée de 725 signatures, femmes et hommes, pour que la CÉCC prenne « les mesures nécessaires afin d’assurer la poursuite des recherches sur la participation des femmes à la vie, à la mission et aux ministères ecclésiaux, quels qu’ils soient19 ». Puis, le 25 août, Le Devoir publie cette même requête, avec l’appui de 1275 autres signatures. Enfin, en 1996, Femmes et Ministères, avec le soutien de six groupes de femmes chrétiennes, fait parvenir, à Mgr Hamelin, une déclaration au sujet de la Note Réponse à un doute sur la doctrine de la lettre apostolique « Ordinatio sacerdotalis » du cardinal Ratzinger (futur pape Benoît XVI); ce dernier confirme la position de Jean-Paul II n’admettant pas la possibilité d’accès des femmes au sacerdoce ni la poursuite de quelque débat sur ce sujet. Une porte vient de se fermer définitivement, selon Rome…
Une deuxième recherche : Voix de femmes, voies de passage
Les membres de Femmes et Ministères ne renoncent pourtant pas à se battre pour leurs convictions. Elles poursuivent les formations et les interventions durant cette deuxième décennie. En 1995, plusieurs publications et animations ponctuent l’année du groupe. Dans la suite du livre Les Soutanes roses, les résultats d’une recherche-action sont publiés. Les chercheures de Voix de femmes, voies de passage20 interpellent 225 agentes de pastorale de 26 diocèses francophones du Canada qui « parlent de leur conception de l’Église, des chemins parcourus et des autres à inventer, vers une autre façon de faire Église. Par leur manière d’être et d’agir, elles remettent en question certaines positions du Magistère. Au nom de leur foi, au nom d’une tradition vivante, elles revendiquent une véritable égalité entre les hommes et les femmes dans l’Église21 ».
Les autrices de cette seconde recherche, quatre théologiennes membres du Réseau, livrent une interprétation théologique des pratiques pastorales de ces femmes et identifient des enjeux ecclésiaux invitant à l’audace du renouveau :
C’est au nom de ce droit reconnu à la communauté ecclésiale que les femmes engagées en pastorale brisent un silence trop longtemps gardé pour interpeller les dirigeants de l’Église. En questionnant une théologie de l’appel, les travailleuses en Église demandent aux représentants de cette institution de respecter le fait « prioritaire et même décisif » de l’action de Dieu qui prend l’initiative d’appeler qui il veut et, par là même, de bannir de l’Église la discrimination exercée à l’égard des femmes. En dénonçant le primat accordé à certaines pratiques et disciplines ecclésiales au détriment des personnes et des communautés chrétiennes, les croyantes engagées incitent les autorités ecclésiales à réviser le maintien de certaines traditions, à changer des lois et des structures inadéquates afin de promouvoir des pratiques acculturées inhérentes à la « réception » de la Bonne Nouvelle du Royaume. Finalement, en questionnant la structure pyramidale et masculine de l’Église, les femmes réclament de ses dirigeants qu’ils fassent en sorte que l’institution ecclésiale reflète la réalité de l’interdépendance pour faire advenir dans les faits la communauté des disciples égaux du Christ.22.
Ces théologiennes chevronnées identifient en outre quatre enjeux pour l’Église23 :
- L’enjeu ministériel. Si l’institution ecclésiale continue de penser les ministères en termes de théologies de la mission et de l’appel, elle continuera également de priver de ministres l’ensemble des communautés, en plus de maintenir des pratiques discriminatoires.
- L’enjeu missionnaire. Si le sort des exclus et leur libération ne deviennent pas la priorité réelle de la pratique de l’Église, celle-ci passe à côté d’une dimension constitutive de sa mission.
- L’enjeu communionnel. Si les communautés chrétiennes n’adoptent pas une structure collégiale de participation de leurs membres à l’exercice de la mission, l’Église risque de manquer à sa vocation de communion.
- L’enjeu institutionnel. Si l’institution ecclésiale ne reconnaît pas les femmes d’une façon pleine et entière, sur les plans théologique aussi bien que structurel et juridique, elle devra faire face à une perte de crédibilité qui risque de compromettre très sérieusement sa pertinence sociale et culturelle, et ce, pour plusieurs générations.
Trente-cinq rencontres ou sessions sont ensuite organisées au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et en Europe afin de présenter les résultats de cette recherche-action. En 1995, Yvonne Bergeron et Lise Baroni profiteront de leur participation à un colloque théologique, à Lisieux, pour présenter ces résultats. Sa diffusion se poursuit avec le guide d’animation Voies d’espérance. Démarches d’animation pour une Église en changement24. Ce guide présente 19 démarches d’animation pour approfondir et poursuivre la recherche Voix de femmes, voies de passage. S’ensuivront plus de 60 interventions ou sessions dans les diocèses du Québec.
Pour donner suite à ces démarches, Femmes et Ministères offre à l’ensemble des diocèses du Québec un atelier sur le changement stratégique animé par Johanne Perreault, psychologue formée en changement planifié. Cet atelier forme les participantes à la stratégie de changement les incitant à élaborer et à réaliser des projets visant des changements concrets dans leur milieu. Cent soixante-dix-sept femmes et douze hommes de dix diocèses participent à cette formation de 1996 à 1998. Vingt-quatre projets sont initiés, qui sont à leur tour analysés par Pierrette Daviau en collaboration avec Jacynthe Fortin dans Projets de femmes – Église en projet25. Celles-ci concluent que « [l]es projets élaborés par les femmes de notre étude permettent d’espérer une nouvelle reconfiguration socioecclésiale puisqu’ils mettent en place des bases pour de nouveaux modes d’appartenance ecclésiale : on ne fait pas seulement Église à l’église. En mettant en évidence les besoins urgents de leurs semblables et en les privilégiant, les femmes […] se font pionnières discrètes, mais efficaces de pratiques alternatives26 ».
Le symposium sur « Le partenariat hommes et femmes en Église » (1996)
La collaboration du réseau avec le Comité des affaires sociales de l’AÉCQ se poursuit avec la préparation et la tenue d’un symposium sur « Le partenariat hommes et femmes en Église ». Ce symposium réunit des « théologiennes et des théologiens, des personnes en poste d’autorité dans l’Église ainsi que des personnes et des réseaux concernés par la progression du partenariat. Elles ont fait le point tant sur les fondements théologiques que sur les dimensions biblique, anthropologique et ecclésiologique du partenariat27 ». Plusieurs affirment à ce moment l’urgence pour l’Église d’être à l’écoute des changements de la société, à l’écoute de nos contemporains. Il faut favoriser la culture partenariale, oser renverser la structure pyramidale de l’Église et reconnaître les jeux de pouvoir afin d’établir des rapports nouveaux entre femmes et hommes, entre laïques et prêtres. Les Églises locales doivent pouvoir expérimenter des modes de service qui répondent à leurs besoins, sans y voir un péril à l’unité ecclésiale; elles doivent, au contraire, voir dans les nouveaux ministères une expansion du visage de l’Église.
Dans sa conclusion au symposium, Yvonne Bergeron invite à ne pas perdre patience et à nourrir l’espoir :
Les travaux de ce symposium ont montré que poser la réalité du partenariat homme-femme, c’est ouvrir une fenêtre, jusqu’à récemment inconnue, pour regarder sous un angle neuf la condition féminine et la condition masculine, ainsi que la possibilité de l’accès des femmes au ministère ordonné. Cela fait à peine vingt ans que la question est agitée. Or, aux yeux des historiens, des historiennes et des anthropologues, vingt ans c’est comme un jour dès qu’il s’agit de changement culturel28.
À la demande de l’AÉCQ, Céline Girard, membre de Femmes et Ministères, avec la collaboration de plusieurs femmes et hommes, prêtres et laïques, élabore le guide d’animation Des outres neuves pour le vin nouveau, publié aux éditions Paulines. Ces démarches d’animation pour développer une culture en Église s’inscrivent dans la suite logique du symposium sur le partenariat.
En 1996, l’Intergroupe des féministes chrétiennes (IFC) est créé dans la perspective de la préparation de la Marche des femmes, en 2000. Il regroupe Femmes et Ministères, L’autre Parole, le Mouvement des femmes chrétiennes (MFC), l’Association des religieuses pour la promotion de la femme (ARPF), les Répondantes diocésaines à la condition des femmes (RDCF), le Réseau œcuménique des femmes du Québec (ROF-Q, ce réseau est bilingue : Women’S Ecumenical Network) et l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS). L’Intergroupe vise une mise en commun des préoccupations et des analyses de chacun des groupes, en plus d’offrir un lieu d’appui, de solidarité, de vigilance et d’actions ponctuelles.
Le projet Virage
En 1998, le réseau lance le projet Virage afin de préciser les orientations et les objectifs à venir du groupe, mais aussi en vue de la Marche mondiale des femmes prévue pour 2000. Ce projet d’envergure vise l’amélioration de la situation des femmes dans l’Église par la mise en relief des pratiques discriminatoires exercées envers elles et par la recherche d’actions communes pour contrer ces situations. Il s’agit, avec cette démarche, de permettre aux femmes d’assumer leurs pleines responsabilités dans l’animation des communautés et l’exercice de tous les ministères ecclésiaux. Ce projet s’est réalisé en plusieurs étapes, de 1998 à 2003, avec la participation de 1000 femmes de plusieurs diocèses. Le colloque Virage 2000, sous la présidence d’honneur d’Hélène Pelletier-Baillargeon, réunit 250 personnes dans le but d’identifier des stratégies de changement pour contrer les pratiques discriminatoires et de jeter les bases d’une plateforme d’actions possibles sur les plans local, régional et national. Un plan d’action sur trois ans est adopté par les participantes.
Le projet Virage boucle ses cinq années d’animation, de conscientisation et de contacts par un rassemblement d’une centaine de femmes, le 29 mars 2003, à Montréal. Ce rassemblement conclut une tournée consultative de deux années, organisée par le Réseau, auprès de 400 femmes de 10 diocèses du Québec et du Canada français. L’outil La 25e heure pour l’Église29 a soutenu la réflexion collective de ces femmes autour des questions d’exclusion, de violence, de discrimination et d’abus de pouvoir – qui sont des situations présentes dans l’Église. La déclaration de Jean-Paul II interdisant l’ordination aux femmes et le silence imposé aux évêques sur ce sujet freinent les avancées de la réflexion et heurtent ces baptisées qui participent aux différentes étapes de Virage.
Au terme de ce rassemblement, la déclaration Pour une Église libératrice est votée par 100 femmes en assemblée plénière. Encore une fois, Femmes et Ministères opte pour l’espérance. Ces femmes du Réseau ainsi que leurs alliées proclament leur foi et leur désir profond d’être agentes de changement dans l’Église. Voici le contenu intégral de cette importante déclaration :
-
Pour une Église libératrice
Nous, femmes engagées en Église, disciples de Jésus Christ,
Nous persistons à dénoncer :
– le pouvoir centralisateur du Vatican tel qu’exercé actuellement dans l’Église;
– le fait que, dans la société les femmes sont inscrites dans une culture patriarcale, renforcée en Église par une culture cléricale. En découle donc : le non-accès au pouvoir, la discrimination, le langage théologique et liturgique marquant l’exclusion;
– les justifications théologiques du discours officiel de l’Église pour maintenir la non-accession des femmes aux ministères ordonnés;
– les pratiques d’inégalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux de la structure ecclésiale;
– les pratiques ecclésiales qui déforment le Message évangélique en excluant certains groupes de personnes.Nous voulons :
– une Église libératrice, ouverte sur le monde, qui donne plus d’importance aux personnes qu’aux rites, lois, disciplines, coutumes.
– une Église où hommes et femmes travaillent ensemble à la proclamation de l’Évangile.
– une Église, communauté de foi, qui reconnaît l’appel des femmes à toutes les formes de ministères dont les ministères ordonnés.Nous affirmons :
– que notre Église doit être une Église du cœur où la priorité est accordée aux humains;
– que, dans notre Église, toute personne doit être reconnue pour ses talents, ses charismes, sans distinction de rôle et de fonction;
– que seul le baptême détermine notre appartenance à l’Église car, comme le dit Paul : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec; il n’y a plus ni esclave ni homme libre; il n’y a plus l’homme et la femme; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. » (Ga 3,28)Nous nous engageons :
– à conscientiser nos communautés à un vrai partenariat femmes/hommes en Église;
– à utiliser le langage inclusif;
– à assumer une prise de parole significative dans la vie ecclésiale et liturgique;
– à dénoncer toute forme de violence à l’intérieur de notre Église;
– à réagir à toute forme d’injustice dans nos communautés;
– à promouvoir un modèle organisationnel qui soutient l’exercice du pouvoir décisionnel des femmes dans les équipes de travail à tous les niveaux de l’institution;
– à développer des solidarités avec les agentes et les agents de changement dans l’Église;
– à créer et à maintenir des lieux de soutien et de partage entre femmes engagées en Église;
– à promouvoir et à soutenir la formation de petites communautés permettant la mise en place d’alternatives d’appartenance30.
En parallèle au projet Virage, des membres de Femmes et Ministères participent à certaines rencontres dont deux particulièrement significatives. En 2001, Pauline Jacob représente le Réseau au congrès « Maintenant, c’est le temps : une célébration de l’appel de femmes à une prêtrise renouvelée dans l’Église catholique », congrès organisé par le Women’s Ordination Worldwide (WOW), à Dublin. La même année, plusieurs membres du Réseau participent à la session de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AÉCQ) sur les ministères.
En août 2002, Femmes et Ministères souligne ses 20 ans et tient son congrès d’orientation ayant pour thème Revisiter la raison d’être du réseau. C’est évidemment l’occasion de se réjouir de tout le travail accompli, de faire le point sur les quelques avancées réalisées, mais aussi de mettre en relief les difficultés à maintenir les acquis encore fragiles pour la reconnaissance des rôles et responsabilités des femmes en Église.
Troisième phase (2004-2012) : Un contexte qui change, le maintien des collaborations et l’intégration des médias sociaux
Malgré tous les efforts et les convictions, les changements souhaités ne s’opèrent pas. Les portes ecclésiales restent fermées et le partenariat avec l’AÉCQ s’est volatilisé. Cela affecte les troupes et plusieurs membres choisissent de démissionner en 2003.
C’est une dure réalité pour celles qui restent et qui se demandent comment continuer. La question demeurera, année après année, effort après effort, puisque la relève sera difficilement au rendez-vous. « Gardant l’espérance et le regard tourné vers l’avenir31 », ces femmes déterminées poursuivent, malgré tout, la mission du réseau.
Un contexte ecclésial qui a changé
Ce n’est pas seulement au réseau Femmes et Ministères que le nombre de membres diminue. Des agents et agentes de pastorale quittent aussi leur poste pour diverses raisons : conjoncture ecclésiale, relations clercs-laïques, conditions de travail, etc. Les données suivantes illustrent cette diminution, d’une décennie à l’autre :
- 1983 – Les femmes assument en très grande majorité (77 %) un travail dans les services pastoraux des diocèses du Québec versus 21 % d’hommes. Il s’agit de 1676 femmes, dont 417 laïques non religieuses, contre 493 hommes, dont 307 laïcs non religieux32. Rappelons que 614 agentes de pastorale laïques et religieuses, sur 1046 personnes sollicitées, avaient répondu à l’enquête Les soutanes roses de 1988.
- 1993 – « Une approximation basée sur les chiffres fournis par les diocèses […] et comparés avec les statistiques officielles des diocèses fournies dans l’Almanach populaire catholique [de] 1993 […] permet [de constater] que les femmes, laïques et religieuses, constituent actuellement plus de 70 % des ressources humaines de l’Église francophone du Québec33 ».
- 2003 – Cette année-là, « 1300 agentes de pastorale mandatées et rémunérées travaillaient dans l’Église au Québec34 ».
- 2013 – L’Almanach populaire catholique signale, dans le tableau statistique annuel du personnel de chaque diocèse québécois, 755 agent-e-s de pastorale au total. Il y aurait donc une baisse de plus de 50 % du nombre d’agent-e-s de pastorale dans la décennie 2003-2013, en supposant que les femmes représentent 70 % de ces agents.
- 2021 – « Le nombre d’agents de pastorale laïques travaillant pour les diocèses catholiques québécois a connu une baisse marquée au cours de la dernière année, passant d’environ 500 en janvier 2020 à 403 en mars 2021. Il s’agit d’une baisse de 20 %. […] Le rôle d’agent de pastorale laïque continue d’être largement occupé par des femmes dans les 19 diocèses catholiques romains situés au Québec. Ainsi, elles sont 307 sur les 403 APL dénombrés, ce qui représente 76 % du total35 ».
En somme, une baisse de plus de 50 % du nombre d’agent(e)s de pastorale est survenue de 2013 à 2021 seulement, attendu qu’il s’agit d’une baisse de plus de 80 % du nombre des femmes agentes de pastorale par rapport aux données de 1983.
On peut presque s’étonner que malgré cette diminution, l’AÉCQ ait produit, en 2017, un document de référence pour les diocèses : Le ministère d’agente et d’agent de pastorale laïque36.
Or, dans le discours social et médiatique de ce début du 21e siècle, le religieux devient suspect. Durant la décennie suivante, la multiplication des dénonciations des abus sexuels perpétrés par des prêtres et la mise en lumière de ce qu’ont vécu des enfants autochtones dans des pensionnats gérés par des institutions de confessions chrétiennes, arrachés à leur famille à la demande du gouvernement canadien, ajoutera à l’opprobre. L’Église constitue de moins en moins un cadre de référence crédible pour alimenter la réflexion sociale ou individuelle des Québécoises et des Québécois.
Les évêques du Québec semblent en conflit de loyauté. Les appels au changement d’un nombre important de catholiques du Québec ne s’accordent pas avec les exigences d’adhésion aux positions officielles du Vatican. Les règles implicites du système clérical, que nous ne nommons pas encore le cléricalisme, pèsent fort et font plier l’échine de certains représentants de l’Église du Québec. Peu d’entre eux d’ailleurs continuent à s’exprimer publiquement en faveur des changements ecclésiaux demandés et leur soutien aux groupes féministes chrétiens, tel que Femmes et Ministères, devient plus que discret. Tout compte fait, le geste réparateur posé par Mgr Gilles Ouellet, en 1990, n’a pas eu les suites envisagées. Les sceptiques auraient-ils eu raison d’y voir un propos ferme, mais pas un ferme propos37?
Les choix du Réseau : formation et partenariat
Dans ce contexte, le Réseau privilégie des temps de formation pour ses membres, tente de consolider les groupes régionaux de Femmes et Ministères et collabore avec d’autres réseaux qui visent des objectifs compatibles avec les siens. Le Réseau poursuit ainsi sa lutte pour obtenir des changements ecclésiaux favorisant la reconnaissance des ministères exercés par les femmes dans l’Église. Différents thèmes font l’objet de réflexions ou de formations : la culture partenariale (2004), les femmes et le ministère presbytéral (2006), la postmodernité et les passages à réaliser dans notre Église (2006), la théologie féministe (2008), le discours ecclésial sur le diaconat permanent (2009).
Avec trois groupes partenaires tels que le Centre Justice et foi, le Centre Saint-Pierre et la collective L’autre Parole, Femmes et Ministères organise plusieurs rencontres sur l’accès des femmes aux ministères ordonnés :
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2006 – Colloque au Centre Saint-Pierre sur « L’accès des femmes aux ministères ordonnés dans l’Église catholique : une question réglée? »;
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2008 – Colloque au Centre Saint-Pierre sur « L’accès des femmes aux ministères ordonnés – une réflexion à élargir et à poursuivre »;
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2009 – Rencontre œcuménique à la cathédrale anglicane Christ Church sur « Femmes et ministères ordonnés : des pratiques qui interpellent ».
Ces quatre groupes partenaires continueront leur réflexion commune pendant de nombreuses années.
Chaque année amène une collaboration du Réseau avec un autre groupe, de manière à faire avancer la réflexion et à diffuser les idées soutenues par Femmes et Ministères. En 2004, Raymonde Jauvin est conférencière à la Journée de réflexion du réseau Culture et foi sur les sources de souffrance et les germes d’espérance dans l’Église d’aujourd’hui. Elle y trace le portrait de l’exclusion des femmes des ministères institués et ordonnés, du statut précaire des agentes de pastorale et du désintérêt de nombreuses féministes pour la question spécifique des femmes en Église.
En 2005, des membres participent au congrès de Women’s Ordination Worldwide (WOW) à Ottawa : « Rompre le silence, rompre le pain : le Christ appelle les femmes au leadership ». C’est l’occasion de revoir les arguments de l’Écriture et de la Tradition de même que les arguments théologiques sur lesquels repose la position de Femmes et Ministères en faveur de l’ordination des femmes.
Le 8 décembre 2005, Femmes et Ministères organise une célébration de la Parole à l’Oratoire Saint-Joseph de Québec pour rendre grâce et souligner l’apport important des femmes depuis les premiers temps du christianisme à nos jours. Plus de 100 femmes y participent.
En 2006, quelques membres animent un kiosque au cégep de Sainte-Foy dans le cadre de la semaine des religions. Les questions des étudiantes et des étudiants portent essentiellement sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique.
En 2007, Pauline Jacob, Annine Parent et Micheline Laguë agissent comme personnes-ressources à la Journée de l’Association des religieuses pour la promotion de la femme, qui a pour thème « Femmes en Église : hier, aujourd’hui et demain ».
En 2008, des membres représentent le réseau au premier gala du Prix Égalité du Secrétariat à la condition féminine du Québec, qui couronne les meilleures initiatives en matière d’équité homme-femme.
En 2009, Gisèle Turcot participe au comité ad hoc sur la laïcité, mis sur pied par la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Le comité a pour mandat de faire le bilan de l’impact sur la FFQ de la prise de position sur le port de signes religieux dans la fonction publique. Il doit en outre proposer une manière d’encadrer politiquement les accommodements raisonnables pour ainsi lutter, avec les femmes concernées, contre les intégrismes religieux et les discriminations religieuses. Ce sont, par le fait même, des façons de concrétiser l’engagement de Femmes et Ministères.
Le groupe des quatre partenaires organise, en 2009, une « Rencontre intergénérationnelle » avec la théologienne Anita Caron, la journaliste Hélène Pelletier-Baillargeon, deux femmes pionnières engagées en Église, et sept jeunes agents et agentes de pastorale. Annine Parent y présente un diaporama sur l’histoire des femmes en Église au Québec.
En 2011, Femmes et Ministères organise un rassemblement pour célébrer les « 40 ans de ténacité des femmes en Église ». Cent soixante-dix femmes se réunissent à Québec, 40 ans après l’intervention du cardinal Georges B. Flahiff au synode de 1971 sur « Le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde » : une intervention, remarquée, pour la reconnaissance effective des femmes en Église.
En 2012, Jocelyne Beaulieu et Pauline Jacob tiennent un kiosque sur « Diversité homme-femme : égalité véritable dans l’Église jusque dans l’accès au sacerdoce et [la] prise de décision », lors de la journée « Une Église en courtepointe » organisée, à Trois-Rivières, par le Forum André-Naud.
Publications et interventions stratégiques
La prise de parole publique marque aussi cette décennie du Réseau et elle se traduit par la publication de livres, de lettres et d’articles. En 2005, le groupe de la région de Québec précise sa position dans les « Litanies du peuple de Dieu » afin d’exprimer son désaccord quant à l’abolition, par le cardinal Marc Ouellet, de l’absolution collective dans le diocèse de Québec.
En 2006, Femmes et Ministères collabore avec le Centre de spiritualité Manrèse de Québec et contribue au numéro 117 des Cahiers de spiritualité ignatienne paru en décembre 2006 sous le titre : Vers une culture partenariale. Ce numéro est suivi du forum « C’est quoi une communauté de partenaires? » auquel participent 150 personnes.
En 2007, Pauline Jacob publie Appelées au ministère ordonné (Université Saint-Paul [Ottawa], Novalis), adaptation de sa thèse de doctorat soutenue à l’Université de Montréal en décembre 2006. Elle y étudie le discernement vocationnel de femmes croyant que Dieu/e les appelle à devenir prêtres ou diacres. Après avoir donné la parole à 15 d’entre elles et à 73 témoins, elle propose un cadre pour authentifier théologiquement le discernement vocationnel de ces femmes se percevant comme appelées par Dieu/e. Elle reprendra sa position dans le livre L’ordination des femmes38 publié en 2011 alors que Thuy-Linh Nguyen y défend la position du Magistère.
De 2008 à 2011, un projet d’études sur le diaconat permanent pour les femmes est réalisé par Femmes et Ministères. Micheline Laguë en publie les résultats39.
Durant cette décennie, le Réseau saisit différentes occasions pour exprimer son point de vue à l’AÉCQ et à la CÉCC. La lettre ouverte du cardinal Marc Ouellet aux catholiques du Québec, « À la recherche de la fierté québécoise », en 2007, en fait réagir plusieurs. Le cardinal y demande pardon pour des excès de toute nature de la part de l’Église québécoise dans le passé, tout en restant sur les positions ecclésiales conservatrices concernant la place et le rôle des femmes. Mgr Martin Veillette, alors président de l’AÉCQ, prend ses distances en indiquant que la lettre du cardinal Ouellet ne représente pas la pensée de l’Église. Femmes et Ministères enverra une lettre de solidarité à Mgr Veillette et de remerciement à Michèle Asselin, présidente de la FFQ, qui publie une lettre d’appui aux femmes en Église.
En 2008, Pauline Jacob et Annine Parent rencontrent Mgr Martin Veillette pour l’informer des travaux du réseau Femmes et Ministères et voir avec lui les collaborations possibles dans la conjoncture d’alors. À la demande de ce dernier, un document de travail lui est présenté, explicitant la raison d’être et les objectifs du réseau ainsi que son option fondamentale d’agir au sein de l’Église.
Cet entretien a peu de retombées de sorte qu’en 2010, l’exécutif de Femmes et Ministères rencontre, à titre de groupe interlocuteur, le Comité des ministères de l’AÉCQ. L’échange porte sur les principaux éléments de l’évolution du réseau et ses préoccupations quant à la reconnaissance effective de l’égalité des femmes et des hommes en Église et souligne l’importante question du diaconat permanent pour les femmes.
En 2012, Femmes et Ministères envoie trois propositions sur les ministères du lectorat, de la parole et du diaconat permanent, d’abord à Mgr Richard Smith, archevêque d’Edmonton et président de la CÉCC, puis à la délégation du Synode 2012 sur « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Quatre cents personnes appuient cette requête de Femmes et Ministères.
En janvier 2010, Femmes et Ministères fait parvenir au Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ben Ki-Moon, une lettre de soutien à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discriminations contre les femmes, en réaction à une prise de position de non-soutien de cette convention de la part de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC). Dix-sept groupes venant du Québec, de la France, des États-Unis et de l’Angleterre ont appuyé la lettre de Femmes et Ministères.
Signalons la sortie du film Je vous salue Mariette de Pauline Voisard, en 2010. Le film présente Mariette Milot, une femme engagée, militante et féministe, membre de Femmes et Ministères, qui souhaite que l’Église s’ouvre à l’ordination des femmes.
Anniversaires du réseau
Le 25e anniversaire de Femmes et Ministères, en 2007, rend hommage aux pionnières et réaffirme la volonté du réseau de travailler sur la question des ministères exercés par les femmes, en particulier la question de l’ordination des femmes.
En 2012, un banquet et une célébration soulignent le 30e anniversaire du groupe et rendent un hommage particulier à Gisèle Turcot, l’initiatrice du groupe. Anciennes membres, collaboratrices et alliées se joignent au réseau pour un temps de sororité et de partage. On relit ensemble les grandes étapes et les réalisations de Femmes et Ministères depuis sa fondation.
Création d’un site Web et d’une page Facebook
« Les stratégies d’action votées lors du colloque Virage 2000 suggéraient la mise sur pied d’un site Web afin de favoriser un certain réseautage, de valoriser et [de] publiciser le travail des femmes en Église40 ». Le site Web de Femmes et Ministères est finalement créé en 2006. Il devient un moyen de faire connaître les études, recherches et autres contributions touchant la situation des femmes engagées en Église, qu’elles exercent des ministères reconnus ou non. Le Site aborde des questions sensibles qui préoccupent les femmes chrétiennes. Le Site rejoint de nombreuses personnes, ici comme à l’international.
De nouveau, il faut reconnaître, sans fausse modestie, que le site du Réseau connaît un franc succès. D’ailleurs, c’est la réalisation de Femmes et Ministères qui actuellement connaît le plus de rayonnement. Elles sont de plus en plus nombreuses les personnes qui le considèrent comme une ressource importante à consulter dès qu’elles se penchent sur l’une ou l’autre question concernant la situation des femmes en Église. Les consultations sont faites non seulement à partir de différents points du pays, mais encore au-delà des frontières du continent nord-américain41.
Encore en 2014, on en dresse un bilan fort positif :
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Présentation de la configuration et du fonctionnement du site actuel.
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Commentaires : La présentation du site (aspect visuel et esthétique) sont [sic] grandement appréciés [sic].
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Le contenu du site est riche, diversifié et de haute qualité. Le site renferme une manne de renseignements utiles et instructifs.
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Des articles intéressants viennent d’ici et d’ailleurs dans le monde.
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Bonne ouverture et moyen de conscientisation et de formation.
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C’est en réponse à une demande de [Femmes et Ministères] que les articles publiés par Reli-Femme sont présentés sur le site.
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Le nombre d’abonnés tourne autour de 1800 actuellement 42.
Le nombre de visites annuelles du site ne cesse pas de progresser et fait foi de son succès : 7513 en 2012-201343, 141 919 en 2019-202044. En juin 2021, près de 200 autrices et auteurs ont enrichi de leur texte le site Web du réseau.
Dans le but de rejoindre un public plus jeune et plus vaste, Femmes et Ministères crée sa page Facebook, en 2014. Cette page annonce principalement les articles du site Web et publie différentes courtes nouvelles concernant les femmes en Église. La personne abonnée peut facilement profiter du relais vers le site Web pour en savoir plus sur un sujet ou pour lire en entier un article annoncé. En juin 2021, 694 personnes sont abonnées à la page Facebook de Femmes et Ministères45.
Quatrième phase (2013-2022) : Dénoncer le déni, les abus, le cléricalisme et, malgré tout, demeurer en Église
Au terme de la précédente décennie, le Réseau pose un regard lucide sur sa situation :
Pendant plus de 20 ans, toutes les membres étaient des femmes engagées en pastorale (très majoritairement en postes de responsabilité – postes de direction, chancelière, vicaire générale, etc. – et/ou engagées en théologie comme professeures dans diverses universités).
En 2012, le réseau est composé de […] retraitées pour la grande majorité. […] Le recrutement est difficile46.
Les petits groupes régionaux qu’on avait souhaités ne se mettent pas en place, sauf à Québec. La forte diminution du nombre d’agentes et d’agents de pastorale a probablement un impact sur les possibilités de relève dans le Réseau. Cette situation ne fait pourtant pas vaciller les membres dans la poursuite de leur mission. La tenue régulière de journées de formation permet d’alimenter la réflexion des personnes du réseau et de leurs alliés. Les thèmes abordés attestent du regard, sous divers angles, de ces femmes quant à ce qu’elles vivent dans l’institution ecclésiale : « Le dit et le non-dit du discours de l’Église sur la femme » (2014); « Être là… sans y être » (2014); « Le Déni. Enquête sur l’Église et l’égalité des sexes »47 (cercles de lecture, 2015); « Au-delà des murs…Ouvrir une brèche, réaliser nos rêves » (2017); « Avancées et reculs sur le terrain du travail pastoral » (2018); « Réfléchir ensemble en Église sur le scandale des abus sexuels » (2019); « Les règles de la liturgie et les femmes » (2019); « J’apprivoise mes émotions et je m’initie aux stratégies de pouvoir » (2019).
En 2020 et 2021, la pandémie a forcé l’apprivoisement des rencontres virtuelles. Les membres ont été invitées à participer à des conférences virtuelles reliées à la mission du réseau : « Femmes, foi et féminismes » (8 mars 2020); « La place des femmes au sein de l’Église et des structures politiques : similitudes et divergences » (8 décembre 2020); « Terreau contaminé, pensée formatée » (25 août 2021).
Participation à des rencontres
Pendant cette dernière décennie, le réseau maintient son étroite collaboration avec différents groupes : la Fédération des femmes du Québec (FFQ), L’autre Parole, le Parvis de Québec, le Réseau des répondantes diocésaines à la condition des femmes, etc. Des membres y interviennent comme conférencières ou comme participantes.
En 2013, les États généraux de l’action et de l’analyse féministes de la FFQ ont lieu. Femmes et Ministères y présente un diaporama relatant les 40 ans de luttes des femmes en Église, suivi des réactions d’Élisabeth Germain, de la FFQ, et de Caroline Néron, présidente du Groupe Femmes, politique et démocratie. Dans sa conclusion, Rosette Côté, formatrice à l’École nationale d’administration publique (ENAP), identifie certaines conditions pour garantir l’établissement d’un plan stratégique dans le contexte où se retrouve le réseau, c’est-à-dire considérant sa difficulté d’agir face aux interdits de l’Église. Le rapport de la journée est envoyé à la FFQ48.
La même année, Pauline Jacob donne la conférence « Cheminer dans une Église construite au masculin » lors de la rencontre annuelle des amis de Saint-Benoît, à Cap-de-la-Madeleine (Trois-Rivières).
En 2014, Gisèle Turcot et Annine Parent interviennent comme personnes-ressources à une journée de discernement du Réseau provincial des répondantes diocésaines à la condition des femmes. Toujours la même année, Annine Parent est de nouveau personne-ressource lors d’un brunch-conférence du Montmartre canadien; elle y présente « 40 ans d’histoire des femmes en Église au Canada » (2014).
En 2015, à l’occasion de la Marche mondiale des femmes ayant pour thème « Libérons nos corps », Pauline Jacob est la conférencière invitée du Montmartre canadien. Elle jette un regard critique sur les enjeux liés aux situations d’inégalité et de violences vécues par les femmes, encore aujourd’hui dans l’Église et dans la société.
D’autres membres participent aux journées de formation de L’autre Parole, au sujet de la laïcité (2014) et des abus sexuels en Église (2019).
Publications et interventions stratégiques
En 2013, le Réseau publie une brochure, rédigée par Annine Parent, intitulée Devoir de mémoire. Femmes et évêques – un dialogue à poursuivre49. Ce document retrace les 40 ans d’engagement des femmes en Église.
Femmes et Ministères avait fait parvenir à la CÉCC, en 2012, trois propositions pour le Synode La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, sans recevoir de réponse. En 2013, le réseau réaffirme sa demande en taraudant les évêques :
Au silence des évêques face à nos propositions et aux appuis reçus et suite au faible écho de nos demandes dans les interventions des évêques à Rome, le Réseau a répondu par le texte « L’insoutenable timidité des évêques canadiens », texte qui leur a été envoyé en mai 2013. En août 2013, Mgr Patrick Powers, secrétaire général à la CÉCC, nous avisait que la lettre et la réflexion seraient présentées aux membres du Bureau de direction, suivi dans un deuxième temps d’une rencontre avec Mgr Paul-André Durocher, vice-président de la C.E.C.C. Cette rencontre devrait avoir lieu en octobre 201350.
Elle aura finalement lieu en 2014 et influencera assurément l’intervention de Mgr Durocher au synode sur la famille en 2015 si bien qu’en octobre 2015,
le réseau Femmes et Ministères a écrit à Mgr Paul-André Durocher pour lui dire sa satisfaction à la suite de son intervention au Synode [sic] sur la famille. Cette intervention reprenait les trois propositions que nous avions fait parvenir à la délégation canadienne quelques mois auparavant, à savoir :
1) d’octroyer à des hommes et des femmes laïques bien formés la possibilité de prendre la parole lors des homélies aux célébrations eucharistiques;
2) de reconnaître l’égale capacité des femmes d’assumer des postes décisionnels dans l’Église;
3) d’ouvrir aux femmes l’accès au diaconat dans l’Église.
Une prise de parole par nos évêques à Rome après 20 ans de silence51.
Changement dans l’appellation du réseau
Dès sa fondation, Femmes et Ministères a eu pour objectif la mise en place d’une réelle égalité entre femmes et hommes. Des hommes se sont impliqués au fil des années pour soutenir la mission du réseau. En 2019, les membres font un pas de plus en votant à l’unanimité l’admission des hommes comme membres. Deux hommes, alliés de longue date, en deviennent officiellement membres :
En 2019, deux changements importants ont donc été apportés aux règlements généraux :
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À la présente appellation de la corporation connue sous le nom de femmes et ministères pourra être ajouté : Femmes et hommes pour l’égalité en Église.
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Toute femme ou tout homme qui appuie la raison d’être de l’organisme, ses objectifs et ses orientations peut désormais devenir membre de la corporation52.
La quatrième décennie se termine avec le souhait de souligner les 40 ans de Femmes et Ministères, en 2022.
Conclusion
Les enjeux à l’origine de Femmes et Ministères demeurent actuels. Depuis plus de 40 ans, plusieurs théologiennes et théologiens ont débattu la question des arguments relatifs à la participation pleine et entière des femmes en Église. Et pourtant, rien n’a bougé ou si peu. Dans nos communautés chrétiennes, le lectorat et l’acolytat sont assurés par plusieurs femmes, et cela bien avant la reconnaissance officielle qu’en donne le droit canon en juin 2021. Or, ce code révisé durcit le ton et assène un avertissement : « Tant la personne qui tente de conférer un ordre sacré à une femme que la femme qui tente de recevoir l’ordre sacré encourent une excommunication latae sententiae (automatique) réservée au Siège apostolique; un clerc, en outre, peut être puni par le renvoi de l’état clérical53 ».
C’est à peine si Rome vacille. Quelques nominations de femmes à des postes au Vatican ont bien eu lieu, dont celle de Nathalie Becquart qui aura droit de vote au synode « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », en 2023. Mais ce prochain synode, avec la consultation du peuple des baptisés qui devrait le précéder, s’inscrira-t-il effectivement dans les avancées de Vatican II? Permettra-t-il, par conséquent, une plus grande acculturation de nos Églises diocésaines et nationales?
L’appel à des changements dans l’exercice des ministères ordonnés, ou à tout le moins reconnus, continue d’être réclamé malgré les répétitives réponses de fermeture de Rome. Que ce soit l’Église allemande avec sa démarche synodale, l’Église en Amérique latine avec sa déception des suites du synode en Amazonie, Anne Soupa avec sa candidature à l’évêché de Lyon, toutes affirment haut et fort que le sujet n’est pas clos et qu’une autre manière de faire Église est possible. Elles maintiennent encore et encore la demande de l’ordination des femmes et de modifications en profondeur de la gouvernance ecclésiale, de pair avec le réseau Femmes et Ministères :
En dépit des difficultés, des refus et des interdits, les femmes continuent avec une « espérance têtue ». Pour elles, pas question d’un non définitif. Elles tiennent à demeurer en service selon leurs charismes et sans aucune restriction liée à leur sexe. Pour elles, le baptême n’est pas sexué pas plus que la mission qui en découle. Dans les termes de Vatican II, elles sont… un signe des temps54.
À la question de l’ordination des femmes se juxtapose celle du cléricalisme à évincer et de la responsabilité de la mission partagée par l’ensemble des personnes baptisées. Qui plus est, pour faire bouger la situation, pour modifier les structures ecclésiales, ne doit-on pas aussi remettre en question la sacralisation des ministères et distinguer pouvoir et ordination? Le Rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), en France, met en lumière la représentation du prêtre et du risque que lui a conféré une position héroïque ou de domination et qui a conduit à des abus. La CIASE recommande d’effectuer cette distinction entre pouvoir et ordination. Elle réclame le changement de mode de gouvernance dans l’Église pour que des femmes, des laïques assument des postes décisionnels importants et non seulement des prêtres55. Ces recommandations dépassent l’Église de France et s’adressent autant à l’Église de Rome qu’à celle du Québec. Si les structures ecclésiales de nos diocèses et de nos communautés doivent changer, certaines habitudes, certains fonctionnements le doivent aussi, comme Rita Gagné ose le penser tout haut :
L’eucharistie, on le voit davantage en ce temps de pandémie, est comme rattachée, non à la communauté, mais à la personne du prêtre, homme de toute race ou nation. Pas de prêtre, pas d’eucharistie, pas non plus de vrai responsable de communauté puisqu’il faut référer à un ministre ordonné pour sanctionner en dernier ressort. Faute de prêtres, on ferme ou regroupe des communautés alors que ces communautés ont trouvé chez elles des personnes capables d’assumer les responsabilités de leur mairie56.
Le renouveau souhaité, depuis longtemps en douleurs d’enfantement, se réalisera-t-il sans qu’on ait osé toucher sérieusement à la messe célébrée au temple vs ce qui était « fraction du pain » au cœur des maisons, signature de la présence réelle de Jésus dans un Corps en croissance, animé par son Souffle, mémoire active, comme il l’a promis…57?
Comme le soulignaient déjà Les soutanes roses, puis Voix de femmes, voies de passage, le partage de la Parole et du Pain engage à une ouverture à l’autre et particulièrement aux plus fragiles et vulnérables de notre société. C’est un enjeu crucial de la foi qui s’incarne, voire le cœur de la mission de l’Église. Les changements et le renouveau souhaités doivent conduire à plus d’humanité, à une plus grande ouverture à l’altérité, à une fraternité et à une sororité qui se vivent au-delà des rassemblements entre nous. Le Royaume se réalisera dans ce vivre ensemble qui réunit les humains de toutes nations, de toutes croyances. Le peuple de Dieu n’est pas là pour lui-même, mais pour le monde. Dans cette perspective, évangéliser ne vise pas la conversion de l’autre à notre Dieu, mais bien une collaboration pour marcher avec l’autre vers la justice et le respect de la dignité de chaque personne. N’y a-t-il pas là un signe des temps que des croyants d’autres traditions s’inscrivent dans cette même perspective? « Nous en appelons, de ce fait – et c’est ce que nous mettons en pratique -, à une approche critique et scientifique de nos textes et de nos traditions, qui ne soit pas dénigrement de la foi des uns ou des autres, mais qui apporte des énergies et des éclairages nouveaux pour un “vivre ensemble” toujours à reconstruire58 ».
L’égalité femmes-hommes est demeurée un enjeu qui a traversé les 40 ans de Femmes et Ministères et s’est à maintes reprises traduit en alliances, jusqu’à inclure les hommes comme membres du réseau en 2019. La société civile a aussi franchi de grands pas. Le bilan est bien moins reluisant du côté ecclésial. Comment expliquer qu’aucune femme n’ait occupé le poste de secrétaire générale de l’AÉCQ depuis Gisèle Turcot (1980-1983)? Comment cette assemblée peut-elle orienter l’avenir de nos communautés sans concrétiser l’égalité femmes-hommes dans son fonctionnement interne? L’égalité femmes-hommes ainsi que le mode synodal doivent se traduire à tous les paliers de l’expérience ecclésiale. Un rendez-vous nous attend dans la démarche de préparation au prochain synode « Pour une Église synodale : communion, participation et mission » de 2023. Nos évêques sortiront-ils de leur insoutenable timidité? Saurons-nous saisir cette opportunité de trouver de nouvelles voies pour assumer ensemble des ministères, ordonnés ou non, pour l’Église qui vient, pour le monde d’aujourd’hui, pour nos communautés d’ici?
Le travail de Femmes et Ministères a ouvert des chemins vers la reconnaissance effective des femmes et nous conduit vers un nouveau visage d’Église. Nous sommes tributaires du chemin qu’ont parcouru ces femmes avec tous leurs alliés, comme nous leur sommes redevables. Comme le disait Gisèle Turcot, « [j]’espère vous avoir convaincus qu’au-delà des modes, des moments d’effervescence, les mouvements jouent un grand rôle dans notre histoire collective. La grande chaîne de nos engagements permet de transmettre le flambeau d’une génération à l’autre59 ».
Cet héritage nous entraîne dans une espérance lucide et active. Espérer, c’est continuer à aimer cette Église, cette humanité en cherchant à y percevoir et à y inscrire des traces du Royaume, malgré les lenteurs, les injustices et les abus. C’est bien là ce que les femmes du réseau Femmes et Ministères ont cherché à incarner dans leurs paroles et dans leurs gestes durant 40 ans. Et c’est ce qu’affirmait avec force Véronique Margron, reprenant les mots de Georges Bernanos, lors de la réception du rapport de la CIASE :
L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme… On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts.
C’est bien là où nous sommes60.
C’est bien là ce qui nous est transmis, légué. Recevoir un héritage nous engage à le faire fructifier pour transmettre à notre tour les fruits de nos réflexions et de nos gestes. Osons encore l’espérance.
Anne-Marie Ricard
Québec, le 11 décembre 2021
NOTES
1 Élisabeth Lacelle dans une émission télévisée d’affaires religieuses de la Société Radio-Canada, décembre 1981.
2 Yvonne Bergeron, « Des têtes “dures” ou des femmes d’espérance? », 29 octobre 2011 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=583].
3 Rolande Parrot, « La culture partenariale au service de la mission », Cahiers de spiritualité ignatienne 117 (2006), p. 9.
4 Pour plus de détails sur les événements de la société et de l’Église depuis 1971, en lien avec la place et le rôle des femmes, voir Annine Parent, Devoir de mémoire, Femmes et évêques. Un dialogue à poursuivre, Québec, édité par le réseau Femmes et Ministères, 2013 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=3461].
5 Gisèle Turcot, « Les répondantes diocésaines à la condition des femmes : enracinement et genèse (1971-1981) », 19 février 2021, [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=5739].
6 Son affirmation citée en ouverture insuffle le leitmotiv du réseau Femmes et Ministères.
7 Liette Gauthier, « Rapport de la rencontre tenue à Mont-Rolland », 15-16 octobre 1982, p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_ constitutive/1120_historique_organisation/1982-10-15_texte_fondation.pdf].
8 Le terme partenariat comporte ses pièges. Pour en saisir les embûches, voir le texte de Micheline Laguë, « Des mots et des hommes, le partenariat piégé à sa source », 30 avril 2014, http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=1830
9 Sarah Bélanger, Les soutanes roses. Portrait du personnel pastoral féminin au Québec, Bellarmin, Montréal, 1988.
10 Annine Parent, « Réalisations du réseau Femmes et Ministères 1982-2015 » p. 2, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_constitutive/ 1120_historique_organisme/1982-2015_realisation.rtf].
11 L’historienne Micheline Dumont y présente une conférence « Les féminismes contemporains » qui a été publiée dans la revue Relations (mai 1986), p. 113-118.
12 Lettres patentes de Femmes et Ministères, p. 3, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/Règlements/0000 FM 1986-01-21Lettres patentes Femmes et Ministères.pdf].
13 S. Bélanger, Les soutanes roses, p. 97.
14 Ibid., p. 132.
15 Ibid., p. 134.
16 Ibid., p. 135-136.
17 Femmes et Ministères, Paroles de femmes, paroles d’évêques, Montréal, Éditions Paulines, 1985 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=805].
18 Pierrette Daviau et Micheline Laguë, « L’Église recroquevillée », Le Devoir, 30 novembre 1992, Cahier B, p. 8.
19 « Évolution du réseau Femmes et Ministères 1982-2012 » p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_constitutive/1120_historique _organisme/2012-06-08_evolution.doc].
20 Lise Baroni, Yvonne Bergeron, Pierrette Daviau et Micheline Laguë, Voix de femmes, voies de passage. Pratiques pastorales et enjeux ecclésiaux, recherche-action réalisée pour le réseau Femmes et Ministères, Éditions Paulines, Montréal,1995.
21 Annine Parent, « Réalisations du réseau Femmes et Ministères 1982-2015 » p. 15, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_constitutive/ 1120_historique_organisme/1982-2015_realisation.rtf].
22 L. Baroni, Y. Bergeron, P. Daviau et M. Laguë, Voix de femmes…, p. 220. Souligné par les autrices elles-mêmes.
23 Ibid., p. 223-247.
24 Gisèle Bricault-Lorange et Céline Girard (dir.), Voies d’espérance. Démarches d’animation pour une Église en changement, Éditions Paulines, Montréal, 1995.
25 Pierrette Daviau et Jacynthe Fortin, Projets de femmes – Église en projet, Montréal, Éditions Paulines, 2000.
26 Ibid., p. 130.
27 s. n., « 1997 – Pleins feux sur le partenariat en Église » [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?cat=71].
28 Yvonne Bergeron, « Le symposium au miroir des observateurs » [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=1803]. Yvonne Bergeron, de Femmes et Ministères, a fait paraître Partenaires en Église. Femmes et hommes à part égale (Montréal, Éditions Paulines, 1991). Elle a été grandement impliquée dans la préparation de ce symposium. Elle a été membre pendant dix-sept ans du Comité créé par l’AÉCQ en soutien à ce partenariat dans l’Église.
29 « Dans les suites du [c]olloque [de] 2000, publication de La 25e heure pour l’Église, guide d’animation pour des rencontres-salon. Neuf démarches d’animation sont proposées sur les thèmes : Femmes et pouvoir, Femmes et violence, Femmes et pauvreté. Ce guide, préparé par une équipe de 12 femmes sous la direction de Jacynthe Fortin, s’inscrit dans un large mouvement de résistance aux situations discriminatoires que trop de femmes éprouvent au cœur de leur engagement. Le réseau Femmes et Ministères poursuit son engagement en vue de l’amélioration de la condition des femmes dans la société, tout particulièrement dans l’Église » (Annine Parent, « Réalisations du réseau Femmes et Ministères (1982-2015) », p. 5, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/100_gestion_ administrative/1100_gestion_constitutive/1120_historique_organisme/1982-2015_realisation.rtf].
30 s. n., « Pour une Église libératrice, ouverte sur le monde : une prise de position de 100 femmes engagées en Église » [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=660].
31 Raymonde Jauvin, « Rapport 2002-2003, 20 septembre 2003 », p. 4, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1200_organisation_administrative/1230_ gestion_resultats/rapport_presidente/2003-09-20_rapport_presidente.doc].
32 S. Bélanger, Les soutanes roses, tableau 1.02, p. 53.
33 L. Baroni, Y. Bergeron, P. Daviau et M. Laguë, « Une autre recherche sur les femmes », dans Voix de femmes, voies de passage [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=4624].
34 Annine Parent, « Réalisations du réseau Femmes et ministères 1982-2015 », p. 6, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_constitutive/ 1120_historique_ organisme/1982-2015_realisation.rtf].
35 Philippe Vaillancourt, « Diminution marquée du nombre d’agents de pastorale laïques », Présence Info, 12 mai 2021 [http://presence-info.ca/article/eglises/diminution-marquee-du-nombre-d-agents-de-pastorale-laïques].
36 AÉCQ, Le ministère d’agente et d’agent de pastorale laïque, septembre 2017 [https://evequescatholiques.quebec/fr/news-item/le-ministere-d-agente-et-d-agent-de-pastorale-laique-document-de-reference].
37 Marité Vézina, « Propos fermes… et ferme propos? », La Gazette des femmes, septembre-octobre 1990 [https://gazettedesfemmes.ca/5546/propos-fermes-et-ferme-propos].
38 Thuy-Linh Nguyen et Pauline Jacob, L’ordination des femmes, Montréal, Médiaspaul (collection Dialogues), 2011.
39 Micheline Laguë, « Le diaconat permanent pour les femmes : une question ouverte dans l’Église? », Prêtre et pasteur 114/7 (2011), p. 414-427.
40 Annine Parent, « Mai 2007 Rapport site Web », p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/site Web/fm site Web/fm Web rapports/2007 05.00 Rapport Parent au réseau.doc].
41 Micheline Laguë et Annine Parent, « Rapport de la présidence 2011-2012 », 10 juin 2012, p. 2, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1200_organisation_ administrative/1230_gestion_resultats/rapport_presidente/2012 06-10_rapport_presidente.doc].
42 s. n., « Comité du site Web du réseau Femmes et Ministères, 12 juin 2014 », p. 2, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/2014 06.12 comité consultation.docx].
43 Pauline Jacob, « Site Femmes et Ministères Rapport : de juin 2102 à juin 2013 », 24 septembre 2013, p. 3, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000-gestion_administrative/1200_ organisation_administrative/1220_ca_comite/1222-comite/site_Web/2013-09-24_rapport_site_Web.doc].
44 Pauline Jacob, « Site du réseau Femmes et Ministères, rapport de septembre 2019 à mai 2020 », 9 juin 2020, p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000-gestion_administrative/1200_organisation_administrative/1220_ca_comite/1222-comite/site_Web/2020-06-29_rapport_site_Web.pdf].
45 Soulignons le travail assidu de Pauline Jacob et de Michel Goudreau sans qui le site internet et la page Facebook n’auraient pas connu ces développements.
46 s. n., « Évolution du réseau Femmes et Ministères, 1982-2012 », p. 1 Archives de Femmes et ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1100_gestion_constitutive/1120_historique_ organisme/historique_organisme/2012-06-08_evolution.doc].
47 Suite à la parution du livre de Maud Armandier et Alice Chablis, Le Déni. Enquête sur l’Église et l’égalité des sexes, Ottawa, Novalis, 2014.
48 Annine Parent, Le regard que porte des féministes du Québec sur la situation des femmes en Église, 15 mai 2013 http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=420
49 Annine Parent, Devoir de mémoire. Femmes et évêques – un dialogue à poursuivre, Femmes et Ministères, Québec, 2013 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=3461#more-3461]
50 Annine Parent, « Rapport de la Présidente Juin 2012-Septembre 2013 » p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1200_organisation_administrative/ 1230_gestion_resultats/rapport_presidente/2013-09-29_rapport_presidente.doc].
51 Annine Parent, « Rapport de la Présidente 2015-2016 » p. 5, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1200_organisation_administrative/1230_gestion_ resultats/rapport_presidente/2016-06-11_rapport_presidente.pdf].
52 Annine Parent, « Rapport d’activités 2019-2020 », juin 2020, p. 1, Archives de Femmes et Ministères, accessibles sur demande [fm/1000_gestion_administrative/1200_organisation_administrative/ 1230_gestion_resultats/rapport_presidente/2019-06_rapport_presidente.docx].
53 Cindy Wooden, « Abus sur mineurs, ordination de femmes : le Vatican met à jour ses sanctions », Agence Catholic News Service, 2021-06-01 [http://presence-info.ca/article/eglises/abus-sur-mineurs-ordination-de-femmes-le-vatican-met-a-jour-ses-sanctions-penales].
54 Annine Parent, Devoir de mémoire, p. 38 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=3461].
55 CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) « Les violences sexuelles dans l’Église catholique, France 1950-2020 », Octobre 2021, voir les recommandations # 34 et # 36 [https://www.ciase.fr/medias/Ciase-Rapport-5-octobre-2021-Resume.pdf]
56 Rita Gagné, « Terreau contaminé, pensée formatée », 8 juin 2021 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=6156#more-6156].
57 Rita Gagné, « Réflexions comme feuilles au vent… », 21 décembre 2020 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=5638]. Souligné par l’autrice elle-même.
58 Delphine Horvilleur et Rachid Benzine, Des mille et une façons d’être juif ou musulman. Dialogue, Paris, Éditions du Seuil, 2017, p. 12.
59 Gisèle Turcot, « Inscrire nos engagements dans la durée », conférence bénéfice pour le Centre Justice et foi, 25 mai 2009, p. 11 [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=1346].
60 Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France [https://www.la-croix.com/Sr-Veronique-Margron-sadressant-membres-Ciase-nous-vous-sommes-redevables-2021-10-05-1201179008].
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