L’exhortation apostolique [Evangelii gaudium] que le pape François vient de rendre publique démontre une certaine ouverture d’esprit face à la société dans laquelle les chrétiens doivent évoluer. Il rompt en cela avec une certaine rigidité dogmatique des papes Jean-Paul II et Benoit XVI. Au fil des chapitres, sa lecture est souvent rafraîchissante, inspirante.
Ma grande déception demeure toutefois sa fermeture envers les femmes. Il est on ne peut plus clair : « Le sacerdoce réservé aux hommes (…) est une question qui ne se discute pas ». Même s’il met ses gants blancs en se montrant élogieux à leur endroit, parlant de « génie féminin », de « sensibilité », « d’intuition », mais nous ne saurions être dupes. Et c’est bien dommage car son approche pastorale et son style décontracté lui ont valu un capital de sympathie rarement égalé depuis qu’il est devenu l’évêque de Rome.
Bien sûr, il ne manque pas de constater que «de nombreuses femmes partagent des responsabilités pastorales avec les prêtres» et il veut bien mettre un peu de baume sur les gonds pour « élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église », mais il est toujours hors de question de leur ouvrir la porte au sacerdoce.
Il est clair que le pape François n’a aucunement envie de traiter les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes. Sa rhétorique ne convainc pas : c’est le même charabia maintes fois entendu.
Soyons clair : tant que l’Église catholique ne reconnaîtra pas la femme comme l’égale de l’homme, elle restera figée dans son passé, en porte à faux avec la société d’aujourd’hui. Elle ne réalise pas que cette attitude de fermeture lui cause une immense perte de crédibilité, tout comme la trop grande tolérance qu’elle a manifesté pendant des décennies envers ses prêtres pédophiles. Pourtant la désertion des baptisés dans les églises d’occident parle par elle-même.
Contrairement à ce que le pape François laisse entendre, si les femmes veulent être traitées à l’égales des prêtres, des évêques et des cardinaux, ce n’est pas parce qu’elles veulent le pouvoir, mais par souci de justice. Il suffit de les voir demeurer fidèles et dévouées aux tâches les plus humbles pour s’en convaincre. Au moment où il y a une telle pénurie de prêtres, je ne comprends toujours pas comment on peut encore se passer du «génie féminin», lequel constitue, faut-il le rappeler, la moitié de l’humanité. Un peu de vécu féminin serait un excellent antidote au discours suranné trop souvent entendu lors des homélies.
Certes, on répétera ad nauseam que Jésus s’était entouré d’hommes. Bien sûr. C’était en Palestine, il y a plus de 2000 ans… Si c’est là notre ambition, nous n’avons pas à chercher bien loin pour trouver encore des sociétés archaïques qui croient encore que la femme n’a pas d’âme!
Que faudra-t-il faire pour convaincre Rome que son attitude est misogyne, patriarcale et rétrograde, mais surtout sans fondement?
Robert Fleury
- Une attitude patriarcale - 14 décembre 2013