Conférence donnée le 19 octobre 2013 à la Maison de la Madone (Trois-Rivières) lors d’une fin de semaine de questionnements et de réflexions organisée par les Amis de Saint-Benoît-du-Lac. Le thème du colloque était : « À l’écoute des femmes dans l’Église d’hier à demain »
Aujourd’hui, tel qu’on me l’a proposé, je vous parlerai de mon parcours, celui qui m’a conduite à être toujours membre de cette Église en dépit de son attitude que je qualifie d’« inconcevable » à certains égards envers les femmes.
J’ai eu la chance, en 2010, d’être interviewée par un journaliste de la défunte revue Présence. À travers son entrevue habile, j’ai été amenée à jeter un regard rétrospectif sur ma vie et plus précisément sur ma vie de femme engagée en Église. L’article s’intitule « Libérer la parole des femmes ». Il exprime bien ce que j’ai voulu réaliser à travers mon mémoire de maîtrise produit en 1998 et ma thèse de doctorat soutenue en 2006. Dans ce titre, le mot « libérer » a une grande importance puisqu’il traduit bien la place que j’ai accordée au surgissement de la vie, entendu dans tout les sens du terme, depuis le début de mon existence, du moins jusqu’au moment où vont mes souvenirs. François-Nicolas Pelletier m’y présente comme une « femme qui préfère donner la parole plutôt que de la prendre, et qui combat pour la justice sans se donner des airs de justicière. » Je crois qu’il m’a bien saisie.
Je remercie monsieur Jules Larivière qui, dans la suite de cette entrevue, au nom des Amis de Saint-Benoît m’offre de venir vous partager mon cheminement dans cette Église construite au masculin et d’y retracer le filon qui fait que je me trouve parmi vous ce soir. Je me permets de vous livrer l’essentiel de mon parcours. Je tenterai d’en éclairer les soubassements pour ensuite vous transmettre comment je vois l’espérance au rendez-vous dans notre Église.
Mon parcours
Voici une brève description de mon parcours que je diviserai en quatre étapes : 1) de ma naissance jusqu’à l’âge de 20 ans; 2) de 20 à 30 ans; 3) de 30 à 55 ans; 4) de 55 ans jusqu’à aujourd’hui.
Jusqu’à 20 ans
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Je suis originaire de Montréal, au sud du quartier qu’on nomme Le Plateau, un quartier ouvrier très simple et qui n’avait pas l’aura actuelle au moment où j’y ai vécu.
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Le mouvement scout m’a été d’une grande utilité pour satisfaire ma soif d’absolu, de solidarité et de vécu partagé. C’est la suggestion de ma mère, je pourrais dire son interpellation, pour que je joigne les rangs de cette organisation qui m’a ouvert une belle porte. J’étais alors enfant unique et elle voulait s’assurer que j’aie un vécu avec d’autres jeunes de mon âge. Ce choix m’a permis de passer de très belles années tout particulièrement durant mon adolescence. J’y suis entrée à sept ans et demi et en suis ressortie à 22/23 ans après y avoir franchi différentes étapes et fait de l’animation à partir de l’âge de 16 1/2 ans. Ça a été pour moi une deuxième famille pendant mon adolescence. J’y ai passé de nombreuses heures non seulement à vivre de belles activités, mais à discuter, à échanger, à refaire le monde avec mes amies.
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Ce mouvement, comme l’éducation reçue dans ma famille, m’a appris le sens du service, la préoccupation de celui ou celle qu’on met de côté, qu’on marginalise, qui est à part. Il m’a aussi permis de développer le sens des responsabilités. Comme chef d’équipe d’abord, puis comme animatrice responsable (dès 17 ½ ans), j’ai vécu de belles heures. J’aimais ce que je faisais. J’y ai connu des femmes responsables de groupes. Certaines m’apparaissaient des modèles à suivre. Comme dans tous les mouvements à l’époque, il y avait des aumôniers. Ceux que j’ai connus, principalement des jésuites, assumaient une tâche de collaboration. Leur apport était surtout du domaine spirituel. C’étaient les animatrices qui avaient le leadership. À travers l’idéal de fraternité, de solidarité qui m’y était proposé, j’avais le sentiment de contribuer à ma façon à changer le monde. Et mes différentes responsabilités me donnaient l’occasion de prêter mes main, mes pieds, mes compétences pour rendre cette planète meilleure.
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J’ai aussi été particulièrement marquée par la travail de tantes enseignantes, passionnées par leur métier. Elles évoquaient parfois les conditions salariales injustes pour les femmes. À l’époque, soit vers l’âge de 9-10 ans, je pouvais comprendre, en les entendant discuter, qu’un homme, soutien de famille, gagne plus cher qu’une femme, mais c’était au delà de mon entendement qu’un célibataire ait cet avantage uniquement parce qu’il était un homme. Et l’une d’elles perdra même son emploi à cause de l’action du curé qui ne supportait pas la prise de parole de femmes qui cherchaient à faire évoluer leurs conditions de travail. Les revendications de changement qu’exprimaient mes tantes étaient pour moi des questions de justice, d’équité.
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Quand est venu le temps de choisir un chemin d’avenir, j’ai opté pour l’enseignement. Les filles avaient alors peu de choix : enseignantes, secrétaires ou infirmières. Quelques-unes, davantage privilégiées, faisaient le cours classique et pouvaient accéder à des professions; quoique c’étaient peu encouragé pour les filles… Ma tante préférée était enseignante et je crois que sa passion pour son travail comme pour les études en général ont marqué mon choix inconsciemment. J’ai alors heureusement choisi le brevet d’enseignement classe A (il en existait trois types). Il se terminait par l’obtention d’un baccalauréat en pédagogie, lequel a facilité mon accessibilité à des études subséquentes.
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Durant cette période s’est précisé mon intérêt pour les personnes en difficulté d’adaptation, particulièrement les adolescents et les adolescentes. Trois éléments ont marqué cette période en ce sens :
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L’investissement en temps, alors que j’étais chez les guides, auprès d’une jeune qui avait des difficultés d’adaptation majeures.
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La présence dans ma formation d’enseignante, d’une professeure, préoccupée elle aussi de ces jeunes présentant des difficultés d’adaptation.
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Un travail de vacances comme aide-éducatrice dans un centre d’accueil pour adolescentes en difficultés. Ce travail m’avait été offert parce que j’étais animatrice guide.
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J’aimerais ajouter que la dimension religieuse a toujours eu une importance pour moi, même si j’ai mis la pratique dominicale entre parenthèses durant un certain temps à une période de ma vie. Enfant j’étais très pieuse; adolescente également. Chez les guides, j’adorais ces moments de méditation, de prière à la fin des veillées et des feux de camp. L’importance accordée au service rendu donnait des mains, des pieds à cette foi.
J’étais alors bien loin des questions d’égalité hommes-femmes dans l’Église, mais la question d’égalité hommes-femmes au niveau du mouvement scout me préoccupait. Mes amies et moi avions parfois le sentiment d’une forme d’injustice lorsque nous comparions la différence d’activités offertes aux garçons et aux filles; et nous enviions les scouts. Leurs expéditions, leurs camps d’été semblaient offrir plus d’espace à l’aventure, aux projets plus intenses. Certaines avaient des frères scouts dont les récits d’activités les faisaient rêver; et elles nous le communiquaient. Et nous lisions des romans scouts de la collection « Signe de piste » qui nous faisaient également entrevoir la chance qu’ils avaient.
De 20 à 30 ans
À 20 ans, je termine ma formation d’enseignante. Débute alors le travail professionnel. J’étais formée pour enseigner dans une école régulière au niveau primaire et au secondaire en français et en catéchèse. Les religieuses avec lesquelles j’avais travaillé l’été précédent m’ont offert de me joindre à elles comme laïque dans leur nouveau projet de centre d’accueil pour adolescentes avec des difficultés d’adaptation; j’y travaillerais mi-temps comme éducatrice dans une unité de vie, mi-temps comme enseignante en français, mathématiques, enseignement religieux. Un appel auquel j’ai répondu positivement même si j’avais un mois de vacances de moins que dans des écoles régulières. J’étais passionnée par ce travail. C’était dans la continuité de mon engagement chez les guides. J’admirais les sœurs du Bon Pasteur d’Angers pour leur présence de qualité auprès de ces filles en difficultés. Celles-ci avaient de bien tristes parcours. Dans le groupe auquel j’étais rattachée, huit filles sur seize avaient vécu l’inceste; ça vous donne une petite idée de l’ampleur du problème. Les jeunes étaient au cœur de mon engagement. Dans un interview à l’époque, j’avais dit « Il ne faut jamais les laisser seules, voire même leur permettre de penser qu’elles sont seules »; ce qui donne une idée du sens que j’accordais à mon travail.
Après trois belles années d’investissement dans ce milieu, je sens le besoin d’aller me perfectionner pour être mieux équipée pour rendre service à ces jeunes. Je m’inscris donc en psychoéducation (éducation spécialisée à l’époque) à l’Université de Montréal. Je ne savais pas que j’y rencontrerais celui avec lequel je partage ma vie depuis bientôt 40 ans… Heureux hasard, heureuse rencontre.
À l’École de psychoéducation, on accepte l’idée que je fasse mes stages à Boscoville, un centre d’accueil pour adolescents en difficultés. Ce milieu extraordinaire, aux origine de la psychoéducation, a marqué mes divers engagements depuis ce temps. Ils m’a entre autres appris l’importance du vécu partagé, de la présence informelle dans les différents moments de la vie, le sens caché derrière des petits gestes apparemment anodins, l’importance d’aller au fond des problèmes rencontrés et de régler les petits conflits au fur et à mesure qu’ils se présentent; et j’en passe. Je me suis laissée interpeler par ces attitudes. J’ai dit oui à cette façon de faire.Ces acquis me serviront dans ma vie en général et dans mon travail en pastorale.
À Boscoville, j’expérimente l’intégration d’une femme dans un milieu quasi exclusivement masculin. C’était nouveau la présence de femmes dans les milieux de rééducation pour garçons. (Nous sommes en 1969). Certains s’interrogeaient sur sa pertinence, mais ce milieu composé d’hommes qui croyaient en l’importance de la coopération hommes-femmes en éducation a fait preuve d’ouverture. À mon arrivée, il n’y avait qu’une seule psychoéducatrice dans la quarantaine; une autre étudiante y débutait un stage en même temps que moi. Ce furent de belles années dans une équipe qui souhaitait la présence d’une femme, la considérait comme un plus. J’étais la première femme de la petite équipe à laquelle j’étais rattachée. Un réel partenariat s’y vivait. J’étais responsable du dossier clinique, des activités de céramique, des activité religieuses. J’y oeuvrerai près de huit ans incluant mes trois années de stage dans un groupe de 16 jeunes.
À cette période, au niveau de ma foi, je vivais un insatisfaction concernant l’alimentation spirituelle reçue de l’Église-institution. J’ai eu le chance, pour garder cette foi vivante, de participer à une petite communauté chrétienne rassemblée par le pasteur de l’institution, communauté formée de psychoéducatrices et de psychoéducateurs qui y venaient pour la plupart en couple partager leurs questionnements, échanger sur des textes bibliques et célébrer d’une façon simple et non ritualiste. C’est à l’intérieur de cette communauté que notre mariage fut célébré et nos deux premiers enfants baptisés. Elle fut un bon relais dans ma vie de foi.
De 30 à 55 ans
À 30 ans, je quitte Boscoville, enceinte de sept mois.
Premier enfant, une fille; puis deux garçons et une autre fille suivront. Quatre enfants en sept ans et demi. Quel bonheur! Nous avons les bras pleins, mais nous sommes alors et nous le sommes toujours heureux de notre choix.
Dans la vie, certains événements, certains choix, je dirais certains « oui » marquent l’avenir. Ainsi en est-il de mon travail d’été dont je vous ai parlé précédemment et aussi également du choix d’allaiter. Enceinte, je découvre, grâce à une amie, un organisme qui a marqué mon maternage à travers l’allaitement, soit la Ligue La Leche. Le premier contact avec les femmes qui portent cet organisme m’interpelle tout en soulevant plusieurs questions. Toutefois, ce qui m’apparaissait un peu excessif dans la pratique de ces femmes devient peu à peu une évidence pour moi, la route à suivre… Allaiter en étant centrée sur les besoins de ce petit être qu’est le nouveau-né comme sur celui du bambin et de l’enfant grandissant fut une belle école, même si cela n’a pas toujours été facile. Je suis devenue monitrice pour cet organisme; ce qui m’a permis de continuer à pratiquer, de façon bénévole, un « métier » qui ressemblait à certains égard à celui de psychoéducatrice. J’y conseillais et supportais des mères, parfois des pères, à travers des rencontres ou des conseils téléphoniques. Et j’avais à parfaire mes connaissances dans ce domaine. Le tout en respectant le rythme et le besoin de présence de ma jeune famille.
Puis le temps d’un choix d’école est arrivé pour nos enfants. Nous souhaitions un milieu scolaire vraiment branché sur les enfants. Je découvre alors le milieu des écoles alternatives. Je réalise que l’une d’elles se trouve même sur le territoire de notre commission scolaire. Ce fut le début d’un nouvel engagement qui s’étendit sur plusieurs années.
Dans cette école primaire, les parents devaient participer à l’enseignement. Nous étions des coéducateurs et des coéducatrices. J’avais la possibilité d’y amener mes plus jeunes enfants qui avaient leur place. Leur présence était même souhaitée. Lors de mes visites à l’école, non seulement des petites filles, mais aussi des garçons attendaient l’arrivée de mon bébé, le troisième de mes quatre enfants, qui avait alors près d’un an lors de l’inscription scolaire de mon aînée. Mes moments de présence avec les enfants dans un milieu non sexiste m’ont permis de réaliser diverses observations qui, entre autres, ont alimenté mon questionnement sur les rôles traditionnels attribués aux garçons et aux filles dans notre société. Ils me serviront plus tard comme vous vous en doutez.
L’engagement dans cette école m’amena à la théologie presque à mon insu. Là aussi, je fus interpelée par la vie et j’ai dit « Oui ». Avec d’autres parents, je mis sur pied une activité de catéchèse. Les enfants s’y inscrivaient sur une base volontaire. J’eus finalement, pendant un certain nombre d’années, la responsabilité de ce projet; ce qui a entraîné des contacts avec le conseiller en éducation chrétienne de la commission scolaire et des gens du diocèse.
Parallèlement à ceci, nous avions commencé à amener notre jeune famille à des messes familiales dans la paroisse voisine de notre paroisse territoriale. Elles étaient animées par un curé dynamique qui avait une belle relation avec les enfants. J’en vins à demander sa collaboration pour certaines activités à l’école. Je l’invitais occasionnellement à venir rencontrer les enfants du projet « catéchèse ». S’ensuivit, dans un deuxième temps, une demande d’aide de la part de ce curé. Il souhaitait ma collaboration en paroisse pour le dossier « jeunes » : messes familiales, initiation sacramentelle et quelques heures de pastorale scolaire au primaire. Après un bon moment de réflexion, ce fut le début d’une longue histoire qui m’a menée jusqu’à ce soir. J’ai alors reçu de l’archevêché un mandat pastoral d’adjointe au curé de la paroisse. C’est ainsi qu’on nommait à cette époque les agentes de pastorale paroissiale dans le diocèse de Montréal. Ce mandat me fut remis la journée mondiale des missions qui avait pour thème cette année-là : « Va répandre ta tendresse au monde entier » ; thème particulièrement significatif pour moi.
Ce travail pastoral, au fil des mois, souleva plusieurs questions, suscita plusieurs réflexions. C’est à l’occasion de la préparation de la salle pour la messe familiale avec des adolescents que je me ferai dire pour la première fois : « Tu ferais un bon prêtre ». Je me souviens avoir répondu : « J’ai deux handicaps : Je suis femme et je suis mariée… ». Et, comme bien d’autres agentes et agents de pastorale, je me ferai dire : « Pourquoi ce n’est pas toi qui fais ça (le sacrement du pardon par exemple). J’étais loin alors d’interroger l’institution ecclésiale concernant ses normes canoniques… Mais cette remarque et d’autres ont suscité chez moi un questionnement réel concernant les restrictions romaines reliées aux ministères des femmes. J’y voyais un non-sens que je me suis mise peu à peu à interroger.
J’ai eu la chance de travailler avec des prêtres très ouverts : le curé de ma paroisse et les prêtres des quatre autres communautés chrétienne qui formaient un secteur de la région « est » du diocèse de Montréal. C’est à moi qu’ils se référaient pendant les longues périodes d’absence et de ralentissement du curé, causées par la maladie. Un remplaçant, prêtre retraité avec une longue expérience pastorale, et un vicaire du secteur pastoral m’avaient dit : « Tu fais le travail d’un vicaire… » C’était vrai. Heureusement, je ne me centrais pas sur les restrictions pastorales. J’aimais ce que je faisais. J’y ai vécu une réelle collaboration hommes-femmes dans les limites de ce que le cadre institutionnel ecclésial permettait.
Je ne soupçonnais pas, au début de mon engagement pastoral, que je ferais un mémoire de maîtrise et une thèse de doctorat sur l’appel de femmes aux ministères ordonnés. Ma prise de conscience du problème découlant de la non-accessibilité des femmes aux ministères ordonnés s’est vécu au quotidien au fil des mois. Ainsi, lors de l’entrevue avec le responsable diocésain du personnel pastoral chargé d’évaluer la pertinence d’un mandat pastoral, j’avais répondu que Dieu/e1 s’organiserait bien pour que ça arrive s’Il le souhaitait lorsqu’il m’avait amené sur le terrain de l’ordination des femmes. Quelle belle réponse!… Je l’endossais réellement à ce moment. J’étais toutefois moins consciente du fait qu’Il passe par nous pour réaliser ses projets, même ceux apparemment sans issue…; ce que je découvrirai peu à peu entre autres au contact de croyants et de croyantes à la faculté de théologie de l’Université de Montréal.
Avec le mandat pastoral reçu se greffait une exigence diocésaine de formation pastorale, à savoir un perfectionnement en théologie pratique (ou pastorale). Comme j’avais déjà deux baccalauréats et une maîtrise, j’étais admissible à la maîtrise en théologie après une propédeutique. Quel bonheur que l’immersion dans cette faculté universitaire où l’on tenait un discours intelligent sur des questions de foi. Comme il y avait de nombreuses femmes sur les bancs de la Faculté, la question de leur non-accessibilité à la prêtrise revenait dans les différents cours. Elle me dérangeait, m’interpelait de plus en plus.
La propédeutique terminée, l’inscription à la maîtrise devient possible. Avec celle qui m’accompagnera dans mon travail de mémoire de maîtrise et sera ma directrice de thèse de doctorat, Lise Baroni, j’entrevois la possibilité de travailler la question de l’ordination des femmes à partir du vécu de femmes qui se disent appelées sur cette voie. Je n’en connaissais aucune qui exprimait clairement un tel désir; Lise en connaissait. « Et si Dieu appelait aussi des femmes à la prêtrise ou au diaconat »; tel sera le titre de ce mémoire. Cinq femmes ont accepté d’écrire leur cheminement vocationnel ministériel. J’ai analysé leurs récits. Deux des participantes étaient des femmes que je connaissais. Elles travaillaient comme moi en paroisse et dans des écoles primaires. J’avais osé les interpeler, ayant pressenti leur possible appel. L’une des deux avait insisté sur ma très grande discrétion, ne souhaitant pas « faire de vague », si on peut dire. Nous étions en 1996, je crois. Six années plus tard, elle acceptera de se « dévoiler » devant deux autres femmes pour ma recherche doctorale, puis devant l’ensemble des interviewées dans une rencontre après ma soutenance de thèse. Elle souhaitait faire avancer cette question et était prête à assumer les conséquences de sa prise de parole si sa participation à ma recherche venait à être connue.
Malgré des difficultés inhérentes au métier d’agente de pastorale, j’ai adoré ce travail. J’avais la chance de retrouver les mêmes enfants, les mêmes familles à l’école et en paroisse. C’était un tout. J’avais le sentiment d’un travail global. J’avais du plaisir à animer des activités pastorales, à éveiller des adultes et des enfants à une foi crédible, à célébrer avec eux et à faire vivre aux enfants certains engagements à travers leur foi en éveil. Je me suis à quelques reprises fait reprocher, par des amies impliqués à ce niveau, le fait de n’avoir pas choisi la pastorale sociale. Je dirais aujourd’hui que je n’ai pas choisi la pastorale paroissiale. C’est elle qui m’a interpelée à un moment précis de mon existence et j’ai dit oui. C’est d’ailleurs, je crois, le filon de mon parcours de vie : des « oui » prononcés à différentes étapes.
J’en profite pour souligner ici un élément qui fait partie de mon parcours. Il y a toujours eu une cloison très mince entre un travail rémunéré et un bénévolat. C’est probablement pourquoi je trouve très difficile lorsque des gens m’identifie comme retraitée. Les sources de rémunération actuelles sont minces et je travaille beaucoup…
De 55 ans à aujourd’hui
Au moment où le gouvernement québécois offrait la possibilité de prendre sa retraite à de nombreux salariés de l’État, je m’inscrivais au doctorat avec toutes les exigences et les contraintes que cela suppose. Là encore, j’avais été interpelée par une offre de bourse annoncée dans la revue du diocèse de Montréal. L’idée de faire un doctorat ne m’avait alors jamais traversé l’esprit… S’ensuivit ma demande d’admission au doctorat. Elle a été acceptée, mais je n’ai jamais eu la bourse convoitée…
Le parcours d’un doctorant, d’une doctorante est exigeant; il comprend de nombreuses heures de travail, de solitude, de frustrations quand tout n’avance pas comme on le souhaite. Par contre, c’est un cadeau extraordinaire de la vie qui m’a été offert. Il m’a permis de lire, de réfléchir, de rencontrer des professeurs dynamiques, de creuser une question passionnante, de la faire avancer; et elle a donné à des femmes la possibilité de sortir de l’ombre pour parler de leur appel, appel que l’institution ecclésiale se refuse à entendre. J’ai appris à faire de la recherche, à aller plus loin qu’une réaction première sur des questions parfois viscérales. J’ai permis à des femmes sérieuses et engagées en Église de partager leur appel à un ministère ordonné; ce qu’elle n’avait pu faire jusqu’à ce jour. L’analyse de leurs récits de cheminement vocationnel, de l’opinion de membres de leurs communauté, de leurs proches de même que la confrontation de ces éléments avec ce que dit la grande Tradition de l’Église concernant la vocation et les ministères m’a permis d’attester l’authenticité du discernement vocationnel de ces femmes. Elle a permis à ces femmes de « sortir du placard » pour partager avec d’autres ce qu’elles conservaient dans leur coeur depuis longtemps comme un désir presqu’inavouable. Le cheminement décrit m’a menée là.
Actuellement, mon travail consiste principalement en de la recherche sur le sujet de l’ordination des femmes, de l’écriture sur le sujet, de conférences lorsque l’occasion se présente et de l’engagement dans le réseau Femmes et Ministères auquel je consacre plusieurs heures à chaque semaine. Je continue à porter le flambeau de l’ordination des femmes. Je suis souvent interpelée à ce sujet. J’essaie de suivre les faibles mouvements de l’institution à ce niveau. Et je tente de répondre aux questions sur le sujet quand elles se présentent, que ce soit dans une salle de conférence, au supermarché ou lors d’une rencontre informelle. Nous sommes peu nombreuses à maintenir vivantes cette question au Québec actuellement, certaines et certains ayant quitté le bateau, désespérés; d’autres voulant réformer l’Église au complet avant de permettre un tel changement… Je crois personnellement qu’il nous faut travailler sur plusieurs fronts à la fois. De plus, je suis convaincue que la journée où des femmes auront accès à tous les ministères, à tous les sacrements, l’ordre y compris, un bouleversement profond se sera produit dans notre institution.
Dans un autre ordre d’engagement, il y a ma famille. J’essaie, dans la mesure de mes moyens de lui être disponible, de lui être présente quand elle m’interpelle et de donner un coup de pouce à celui ou celle qui en a besoin; évidemment, lorsque c’est possible. Cet investissement est un projet de couple. Nous sommes à l’écoute des difficultés de nos enfants lorsqu’il s’en présente et qu’ils veulent bien nous les partager. Et nous supportons, autant que nous le pouvons, les parents de nos quatre petits-enfants âgés de 2 à 5 ans.
J’ai eu un parcours qui vous apparaît non conventionnel pour me rendre jusque là, mais il a été fidèle à la vie qui surgissait et m’interpelait au fil des ans. Je suis portée à lui donner le nom Dieu/e qui s’est manifesté à travers ces élans de vie.
Une lecture de mon parcours
Je vais maintenant tenter de vous présenter les lignes de fond que je vois se dessiner à travers mon parcours. Je les regrouperai en quatre grands axes : 1) une soif de justice, 2) un désir d’aider, particulièrement les plus mal pris, 3) un désir de vie, 4) une soif d’absolu.
Une soif de justice
Ma préoccupation pour l’égalité entre les hommes et les femmes s’inscrit à l’intérieur de cette soif de justice. Enfant, j’étais déjà touchée par les situations d’injustice dont j’étais consciente. L’exemple de l’inégalité de traitement des enseignants et des enseignantes en est un parmi d’autres. Un autre exemple de ma vie de jeune adulte me vient à l’esprit. À Boscoville, quand j’ai commencé comme professionnelle, les psychoéducateurs n’avaient qu’un journée de congé par semaine alors que l’unique psychoéducatrice avait une journée de plus parce que femme. Je trouvais cette situation inacceptable; surtout qu’une dizaines de mes confrères de classe avaient été engagés en même temps que moi dans cette institution. J’avais alors écrit au comité de coordination concerné par cette question en y exposant mes arguments pour élargir le congé offert aux psychoéducatrices à l’ensemble des psychoéducateurs. Le sujet y avait déjà été discuté, m’avait-on dit; mais les discussions se sont poursuivies et finalement, tout le monde eut droit à deux journées de congé hebdomadaire. Ma petite goutte a, je crois, eu un effet dans la prise de décision. J’avais permis d’actualiser cette question présente dans le milieu et de la remettre à l’ordre du jour. Ce fait, peut-être banal à vos yeux, traduit bien ce désir de justice et d’équité quasi viscéral chez moi. Il n’est qu’un exemple parmi d’autres qui pourraient l’illustrer.
Un désir d’aider particulièrement les plus mal pris
Une autre ligne de fond qui traverse ma vie est le désir d’aider les autres, particulièrement les plus mal pris. Enfant, je ne supportais pas qu’on puisse blesser quelqu’un tant par des paroles que par des gestes. Je me sentais en quelque sorte blessée à travers les coups portés aux autres. Ainsi, actuellement, à travers les refus institutionnels d’accorder aux femmes et aux hommes le même traitement, j’y vois la souffrance de femmes qui ont porté toute leur vie un appel vocationnel qu’on n’a pas voulu reconnaître uniquement parce qu’elles sont des femmes. Mes recherches et le support accordé à celles-ci se veulent une façon d’aider ces femmes qui sont exclues d’une possibilité de jouer pleinement leur rôle dans l’Église. Elles ne peuvent par exemple être officiellement au cœur des rassemblements eucharistiques uniquement parce qu’elle sont femmes; pourtant elles sont, dans bien des cas, des rassembleuses de communauté. Et je puis l’affirmer : certaines ont une vocation de prêtres. Mais l’institution ecclésiale leur refuse le discernement offert à ceux qui frappent à la porte des séminaires. Les femmes font partie des êtres « mal pris » de notre institution ecclésiale…
Un désir de vie
Quand je regarde les différents choix que la vie m’a amenée à faire, je constate qu’un désir de vie très fort m’habite et que j’ai toujours cherché à le transmettre de façon plus ou moins consciente. C’est probablement à la base du plaisir que j’ai eu à porter nos quatre enfants, à les allaiter sur une longue période et à prendre soin d’eux. C’est ce qui sous-tend le choix de travailler pendant un certain nombre d’années avec des jeunes en difficulté et mon intérêt quasi viscéral pour aider les plus mal pris. C’est ce qui se retrouve derrière le choix d’opter pour une école alternative lorsque vint le temps de choisir un milieu scolaire pour nos enfants. J’y voyais un environnement davantage épanouissant pour chacun d’eux. Ces constatations semblent peut-être loin de mon propos, mais elles y sont au contraire intimement liées. Quand il m’arrive d’être moins en forme, je me pose cette question : est-ce qu’il y a quelque chose qui porte atteinte à ta vie, qui est étouffant dans ce que tu vis? Ou est-ce que ton choix est du côté de la vie. Je trouve alors rapidement ma réponse…
Une soif d’absolu
Outre cette soif de justice, ce désir d’aider particulièrement les plus mal pris et ce désir de vie, je reconnais dans mon parcours une soif d’absolu. J’en ai parlé un peu plus tôt avec ce besoin d’intériorité. Les réflexions sur Dieu/e, sur la vie, sur des enjeux sociaux tel la paix, la solidarité m’ont toujours passionnée. Le guidisme a été pour moi une belle école en ce sens.
Et si j’aimais et j’aime beaucoup la compagnie des autres, j’aime toujours le silence. Jeune, j’ai appris à goûter ces moments de solitude. Je les goûte toujours. J’aime le silence qui me permet d’habiter davantage mon espace intérieur comme extérieur.
Je crois que j’ai toujours été, comme bien d’autres, en recherche du meilleur, tenant compte des valeurs qui étaient les miennes. Cette quête d’absolu, si je puis le dire ainsi, s’exprimait autant par la recherche d’une alimentation saine, d’un milieu éducatif adéquat que d’une communauté chrétienne dynamique. Et, rassurez-vous, je ne suis pas seulement une idéaliste. Je suis très active pour qu’advienne certains de mes rêves et j’y mets le prix en terme de temps et d’énergie.
Ces quelques lignes de fond que j’ai tenté de dégager et qui traversent ma vie constituent en quelque sorte le terreau qui nourrit ma foi et me permet de répondre à la question : pourquoi continuer?
Pourquoi continuer d’espérer
Pourquoi donc continuer d’espérer en cette Église qui n’en finit plus de vouloir analyser des volets de la vie des femmes sans parvenir à vivre avec elles une véritable relation de vis-vis à laquelle nous convie pourtant la Bible dès le point de départ. Je résumerais ainsi ma réponse : je crois qu’il nous faut continuer d’espérer parce que Dieu/e n’abandonne pas son peuple, qu’Il surgit là où on ne l’attend pas, qu’Il me permet d’avoir une espérance têtue.
Dieu/e n’abandonne pas son peuple
Les Israélites ont expérimenté sa présence dans le désert. J’ai la conviction que Dieu/e n’abandonne pas les femmes comme Il n’abandonne pas celles et ceux qui sont exclus, celles et ceux qui souffrent. C’est parfois difficile à croire lorsqu’on regarde certaines décisions institutionnelles; mais je crois que Dieu/e ne nous abandonne pas même si parfois la noirceur est au rendez-vous. Il y a toujours une petite lueur qu’il nous faut apprendre à détecter et sur laquelle il importe de se concentrer : un petit mot qui élargit le sens d’une phrase dans un document romain, une personne qui travaille dans le même sens que vous et vous l’exprime, la mobilisation de chrétiennes et de chrétiens pour qu’advienne une véritable Église-peuple de Dieu/e. Parfois même cette lueur d’espoir s’exprime à travers des paroles d’hommes et de femmes d’autres traditions chrétiennes.
Il/Elle surgit là où on ne l’attend pas
Je crois également que Dieu/e se manifeste régulièrement là où on ne l’attend pas. C’est ce qui est arrivé en Allemagne lors de la chute du mur de Berlin. Il travaille l’humanité dans ses soubassements à travers des individus et des groupes. Il travaille les cœurs endurcis, nos cœur de pierre. Le travail est long, mais il se fait avec nous.
Il/Elle me permet d’avoir une espérance têtue
Au fil des ans, j’ai développé une espérance têtue. Je crois que je suis fondamentalement optimiste, malgré mes brefs moments de découragement; ce qui aide mon espérance, j’en suis certaine. Jeune, j’ai été bien entourée; j’ai une bonne confiance de base comme diraient les spécialistes en sciences humaines; et ça m’aide à voir le verre à moitié plein plus que le verre à moitié vide. Actuellement, il existe une Église du peuple de Dieu/e qui se prend de plus en plus en main, qui réfléchit, se rencontre, s’exprime et agit dans la société civile comme religieuse. Il y a un nouveau pape qui change petit à petit l’image de l’Église, qui souhaite revenir à l’esprit de Vatican II. Jusqu’où ira-t-il pour la question des femme? C’est à suivre. Mais il y a des germes d’espérance si je puis dire. À nous d’y porter attention tout en continuant d’être vigilants et vigilantes.
Conclusion : Cheminer dans une Église construite au masculin
Je vous ai parlé de mon parcours, je vous en ai fait une brève relecture, je vous ai exposé des raisons d’espérer. J’ai toujours vécu ma vie comme un tout. Et elle continue ainsi. Il y avait des cloisons minces entre mes différents champs d’intérêts; par exemple, entre mon engagement chez les guides et mon travail comme éducatrice, entre mon engagement à l’école de mes enfants et mon engagement pastoral. J’ai le sentiment que ma vie est une suite de réponses à des appels.
À travers mes descriptions et mes réflexions, je vous ai transmis un peu ce à quoi je crois et en qui je crois. Le/la Dieu/e de Jésus-Christ est présent à travers notre humanité; je le crois. J’essaie d’y reconnaître son souffle à travers le surgissement de la Vie.
Mais je vous entends me demander : comment puis-je cheminer dans cette Église construite au masculin? Ce n’est pas toujours évident; j’en conviens. Je me suis souvent fait dire, comme d’autres femmes engagées en Église : « Pourquoi ne vas-tu pas ailleurs? Pourquoi ne changes-tu pas d’Église? D’autres Églises chrétiennes sont davantage ouvertes aux femmes ». Ce serait trop facile d’abandonner et de laisser la place à ceux qui nous excluent de la possibilité d’être au cœur des célébrations eucharistiques, de l’administration des sacrements, des prises de décision réelles autrement que par la concession de certains; et nous ne sommes admissibles qu’à six des sept sacrements.
Cheminer dans une Église construite au masculin, c’est d’abord se tenir debout et réagir en dénonçant au bon moment ce qui mérite de l’être, en posant les questions qui surgissent lorsqu’elles apparaissent à notre conscience, en disant ce qui ne va pas, en osant dire ce qui est juste et vrai, entre autres concernant la question des femmes en Église.
Cheminer dans une Église construite au masculin, c’est aussi prendre sa place comme femme dans les milieux dans lesquels nous sommes engagés, accepter d’y prendre des responsabilités lorsqu’elles nous sont proposées.
Cheminer dans une Église construite au masculin, c’est s’équiper intellectuellement pour trouver et donner des réponses aux objections posées concernant le rôle et la place des femmes en Église. On n’a plus d’excuses aujourd’hui avec tous les moyens mis à notre disposition pour obtenir de l’information. Il existe de nombreux sites internet susceptibles d’apporter certaines réponses à nos questions, certaines réflexions; je pense, entre autres, au site du réseau Femmes et Ministères, à celui de la collective L’autre Parole, du Centre justice et foi, du Réseau Culture et foi. Il y a aussi des livres, des publications diverses.
Cheminer dans une Église construite au masculin, c’est aussi souligner la compétence de femmes. Je pense à certaines agentes de pastorale qui pourraient davantage être mises en avant dans les communautés chrétiennes. Chacun et chacune peut à l’occasion souligner leur contribution importante et solliciter leur plus grande visibilité; c’est ainsi que change l’image de l’institution.
Cheminer dans une Église construite au masculin, c’est aussi s’entourer d’hommes et de femmes qui partagent nos convictions et poursuivre avec ces personne nos réflexions; c’est cheminer avec elles pour faire jaillir la vérité.
Comme vous avez pu le constater, je vis d’espérance. Un jour, c’est ma conviction, les femmes et les hommes seront sur un pied d’égalité dans notre Église dans une relation de vis-à-vis. Des hommes et des femmes y travaillent pour que ce rêve advienne. Et je crois qu’il sera un jour réalité tout autant que la paix entrevue par le prophète Isaïe. Je vous invite à l’écouter pour terminer cet entretien :
6 Le loup habitera avec l’agneau,
le léopard se couchera à côté du chevreau,
le veau et le lion s’en iront au même pâturage
sous la conduite d’un petit garçon.
7 La vache et l’ourse seront amies,
leurs petits dormiront ensemble,
et le lion mangera de la paille comme le bœuf.
8 Le bébé jouera sur le nid du serpent,
l’enfant à peine sevré mettra la main
dans le trou de la vipère.
9 On ne fera plus de mal, on ne détruira plus
sur toute ma montagne sainte,
car la connaissance de Yahvé couvrira la terre
comme les eaux le domaine des mers. (Is11, 6‑9)
1) Cette façon particulière d’écrire Dieu/e est un choix de l’auteure ; elle permet d’évoquer la représentation à la fois féminine et masculine du/de la Dieu/e de la Bible.
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