Cher François,
En 2012, après avoir servi comme prêtre catholique pendant 40 ans, j’ai été exclu de la prêtrise à cause de mon appui public à l’ordination des femmes. Mon exclusion de la prêtrise par le pape Benoît est survenue seulement cinq mois avant que vous ne deveniez notre pape.
En tant que catholiques, on nous enseigne que les hommes et les femmes sont créés égaux : « Il n’y a ni homme ni femme. Dans le Christ, vous êtes un. » (Galates 3, 28). François, pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas être prêtres?
Les prêtres catholiques disent que l’appel à la prêtrise vient de Dieu. Comme jeune homme servant dans l’armée au Vietnam, je sentais que Dieu m’appelait à devenir prêtre. Je fus accepté chez les prêtres de Maryknoll et ai été ordonné en 1972. Au cours de mes années de ministère, j’ai rencontré de nombreuses femmes catholiques ferventes qui m’ont parlé de leur vocation à la prêtrise. Elles ont toutes été exclues en raison de leur sexe.
François, qui sommes-nous, en tant qu’hommes, pour dire que l’appel de Dieu aux hommes est authentique, mais que l’appel de Dieu aux femmes ne l’est pas? Notre Dieu tout-puissant, créateur du cosmos, n’est-il pas capable d’habiliter une femme pour qu’elle devienne prêtre?
Avouons-le. Le problème de la hiérarchie masculine concernant l’ordination des femmes ne vient pas de Dieu, mais d’une culture cléricale machiste qui considère les femmes inférieures aux hommes. Le problème concerne les hommes qui voient les femmes comme une menace pour leur pouvoir et leurs privilèges.
Le sexisme, comme le racisme, est un péché. Et peu importe nos efforts pour rendre Dieu complice de notre discrimination envers les autres en raison de leur sexe, leur race ou leur orientation sexuelle, à la fin, on doit admettre que ce n’est pas la façon de faire d’un Dieu d’amour qui a créé toutes les personnes égales en valeur et en dignité.
Quand il y a injustice, le silence est une complicité. L’exclusion des femmes de la prêtrise est une grave injustice à la fois contre les femmes, l’Église catholique et notre Dieu qui appelle autant les hommes que les femmes à la prêtrise.
François, s’il vous plaît, rompez le silence et levez l’interdiction concernant l’ordination des femmes!
Roy Bourgeois
Columbus, Georgie
Le 23 octobre 2015
Traduit de l’anglais par Pauline Jacob
Version originale : http://radicaldiscipleship.net/2015/10/23/lift-the-ban-on-women-priests-an-open-letter-to-pope-francis/
- Levez l’interdiction à l’ordination des femmes – Lettre ouverte à François - 29 octobre 2015
- Je me tiens aux côtés des femmes - 27 novembre 2013
Bravo pour votre audace, j’aime que vous dénoncez cette attitude qui est un très grand péché… Espérons que cela sera entendu… De quel droit, qui sont-ils pour excommunier ou exclure les enfants de Dieu. Une Église légaliste, nous n’en voulons pas, c’est pourquoi les églises se vident et ils sont responsables de ceux qui sont partis…qui ont quittés à cause de ces fausses doctrines au détriment d’une Église remplie de miséricorde, d’amour.
Finalement ils veulent prendre la place de Dieu, car ils ont entretenus de faux visages de Dieu. C’est ça, les docteurs de la loi….Une fois expliqué, tout comme Nicodème, ils devraient comprendre. Que l’Esprit-Saint souffle assez fort pour faire écrouler cette forteresse qui étouffe la liberté que Dieu donne et respecte!
M. Bourgeois ment volontairement ou involontairement en disant qu’il a été excommunié pour son appui à la cause de l’ordination des femmes. Il a peut-être oublié ce qu’on lui a appris jadis sur l’excommunication. Il aurait pu aller jeter un coup d’œil sur l’article qui en traite dans Wikipedia. Quant au fond, le raisonnement n’est pas très fort. Mauvaise note pour femmes et ministères
Je partage entièrement l’opinion de Roy Bourgeois et cela me réconforte qu’il l’ait fait parvenir au pape. Si l’Église n’ouvre pas la prêtrise aux femmes, elle va imploser, considérant l’âge actuel de sa hiérarchie et le nombre décroissant de prêtres et de relève! Il suffit d’observer ce qui se passe dans l’Église au Québec pour anticiper l’avenir si rien ne change…
Je m’excuse, la lettre de M. Bourgeois ne parle pas d’excommunication, pas plus qu’un autre texte qui lui est attribué : « Je me tiens aux côtés des femmes ». On ne retrouve cette mention que dans une sorte d’introduction qui parle de M. Bourgeois mais je ne peux certifier si elle est de lui ou de « femmes et ministères »
Pour mémoire disons que les autorités juives pensaient bien tuer la secte des disciples de Jésus en éliminant leur chef et que les romains voulaient en faire autant en les livrant aux lions ou en les transformant en torches. Ils étaient combien, en pourcentage dans l’empire romain? 2 à 5% de « célébrants » au Québec, c’est très bons, et on ne comptent pas l’ensemble des pratiquants. C’est la situation d’avant qui n’était pas, disons, « normale ». Restons calmes quant à la disparition éventuelle de là gang des « amis de Jésus » même celle regroupée sous l’appellation de « catholique ».
Tout d’abord : ne pas confondre « renvoi » d’une institution religieuse, « réduction à l’état laïc » et « excommunication » : ce n’est pas du tout la même chose. Ici, il ne s’agit pas d’excommunication. Ne disons pas, et ne faisons pas croire, n’importe quoi.
D’autre part, bien que je sois femme, et ai rêvé d’être prêtre – je suis religieuse, « à la place » ! -, il me semble qu’il faut tranquillement laisser faire le temps et l’Histoire. L’évolution scientifique, sociale, culturelle, verra peu à peu la notion d’égalité remplacer l’inégalité imaginaire : imaginaire lié probablement, à l’origine, sur davantage de force musculaire d’un côté, que Cromagnon et ses copains interprétaient en termes de supériorité. La maîtrise des techniques modernes manifeste davantage l’égalité dans la complémentarité des psychologies, tempéraments, perceptions, etc. liée elle-même aux fonctions naturelles (maternité). Femmes prêtres, un jour, bien sûr… et diacres d’abord évidemment.
Mais il serait peut-être intéressant, aujourd’hui, au nom même de la foi et de la suite du Christ, de s’intéresser à ceux qui ont faim, qui sont nus, malades… Le reste viendra en son temps, mais peut attendre. On n’en mourra pas. Par contre, une fois morts, on entendra : « j’ai eu faim… tu m’a donné à manger ; j’étais nu, tu m’as habillé… etc. » Voilà l’important de notre engagement baptismal. Ne nous trompons pas de combat.
Amicalement à tout lecteur et lectrice !
MFB
J’ai participé à l’étude doctorale de Pauline Jacob sur l’appel aux ministères ordonnés. Il y a plus de 15 ans, j’ai officiellement fait une demande pour le diaconat dans le diocèse de St-Hyacinthe… sachant que je serais refusée, parce que je suis une femme. Mon appel au diaconat est venu de la base, des croyants auprès de qui je m’impliquais. J’ai vraiment ressenti cet appel à servir l’Église! Je partage maintenant cette expérience avec mes étudiants de 4e et 5e secondaire lorsque j’aborde le respect des droits humains des chartes; ils ne comprennent vraiment pas cette décision papale. Un des droits des chartes concerne l’égalité. À quand cette reconnaissance dans toutes les grandes religions du monde? Tant que les religions brimeront les femmes, la société sociale continuera de le faire.
Pour votre information, Roy Bourgeois a été excommunié, laïcisé, exclus de sa communauté. En tant que prêtre en 2008, le père Bourgeois a participé à l’ordination d’une femme et à la messe qui a suivi. Après un avertissement canonique,on lui a donné 30 jours pour se rétracter, ce qu’il a refusé de faire. Il a alors été excommunié « Latae sententiae ». Le 4 octobre 2012, la Congrégation pour la doctrine de la foi a exclu canoniquement le père Bourgeois de la communauté des pères et des frères de Maryknoll et l’a réduit à l’état laïc.
Voir le communiqué de presse de sa communauté. On y souligne que la désobéissance et la prédication contre l’enseignement de l’Église catholique à propos de l’ordination des femmes ont conduit Roy Bourgeois à son excommunication, à son licenciement de sa communauté et à sa laïcisation. http://ncronline.org/news/people/maryknoll-vatican-has-dismissed-roy-bourgeois-order
Ayant déjà posé la question au curé de ma paroisse ‘ pourquoi les femmes ne peuvent être prêtre’ sa réponse Jésus s’est entouré d’hommes. Est-ce que Jésus était un sexiste ?
Vues à travers la lentille doctrinale de l’Eglise, les femmes sont clairement des sous-hommes. Mais jugées sur la base de leurs performances sur un tout autre terrain, elles sont des chevilles ouvrières.
Laquelle des entités ecclésiale (entre les mains des seuls hommes) et temporelle (où les femmes s’expriment) prend le pas sur l’autre de nos jours? La réponse à cette question pourrait servir de baromètre de ce que valent les uns et les autres.