Article publié dans la revue électronique RENCONTRE – Le magazine du Centre culturel chrétien de Montréal vol. 5 no 13 et reproduit avec les permissions requises.
«Droits des femmes : des luttes toujours actuelles », tel était le thème retenu pour le congrès 2015 de l’Entraide missionnaire. Une fin de semaine mémorable puisque, au-delà du contenu très substantiel, y étaient soulignées les années d’engagements de Suzanne Loiselle à la tête de l’organisme. Ce Congrès, à la préparation duquel Suzanne avait travaillé, était un bel aboutissement de ses 29 années d’implication.
Une ligne de fond traversait cette fin de semaine, à savoir que lorsqu’il est question de sauver l’humanité et la planète, les femmes sont solidaires entre elles, se tiennent debout et sont sources de changement. Elles ont le feu sacré et maintiennent la flamme pour que se vivent un peu plus de paix et d’harmonie sur notre terre.
J’aimerais souligner la conférence de Julienne Lusenge, présidente d’un regroupement d’organisations féminines vouées à la défense des droits des victimes de violences sexuelles et à la lutte contre l’impunité de ces crimes dans la République démocratique du Congo. Son intervention a marqué le cœur et l’esprit des personnes présentes. Elle nous a invités à poser des gestes concrets auprès des multinationales, de l’ONU et de notre gouvernement pour qu’adviennent des changements. Elle a rappelé la nécessité d’agir auprès des Églises, les invitant à combattre la violence en général et, plus spécifiquement, la violence dont sont victimes les femmes.
« Il faut une révolution au niveau des Églises », a lancé Julienne Lusenge ; c’était aussi l’idée sous-jacente à l’exposé de Marie-Andrée Roy. Cette dernière, à travers sa conférence intitulée : « Femmes et conservatismes religieux : perspectives féministes », a insisté sur l’importance de déceler, de « découdre » les fondamentalismes nichés dans les religions, Église catholique y compris. Voir et comprendre les fondamentalismes permet de mieux les débusquer et de les critiquer ; d’où un devoir collectif de les repérer dans les discours. Ils peuvent être à l’œuvre dans les religions dont certains dirigeants se considèrent comme les uniques interprètes des textes sacrés, réfutant tout esprit critique à ce niveau.
Marie-Andrée Roy a souligné le fait qu’on retrouve certains traits communs chez les fondamentalistes concernant la question des femmes. On y exalte leurs qualités spécifiques, y évoquant la complémentarité des sexes plutôt que leur égalité. Le corps des femmes y est sous haute surveillance avec des règles érigées pour elles, que ce soit pour l’usage de la contraception ou pour l’accès à l’avortement. Les fondamentalistes prônent la division sexuelle du travail : la famille et la maternité pour les femmes, les fonctions protectrices et l’autorité pour les hommes ; d’où leur crainte d’une compréhension des relations entre les hommes et les femmes à partir du concept de genre.
La contribution de Marie-Andrée Roy a fourni un cadre de réflexion très riche à l’intérieur de la fin de semaine. Son apport concernant les femmes et les conservatismes religieux fut très éclairant. Elle a fourni une grille d’interprétation qu’il vaudrait la peine d’« appliquer » de façon plus systématique au contexte ecclésial catholique.
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