Quiconque a connu Olivette Genest comme professeure, collègue, membre d’une équipe de recherche se rappelle non seulement sa grande érudition, son raffinement, sa simplicité, mais également sa connaissance approfondie des sujets qu’elle traitait. Cette exégète de renommée internationale ayant obtenu l’éméritat de l’Université de Montréal en 2002 est décédée le 4 janvier 2024. J’ai eu la chance de la connaître lors de mon parcours comme étudiante à la maîtrise et au doctorat en théologie et dans les années qui ont suivi ces études. J’y ai connu une personne à l’écoute avec une grande capacité d’émerveillement, une chercheuse de vérité et une éducatrice-née qui avait à coeur l’égalité entre les femmes et les hommes.
Olivette Genest était une personne à l’écoute non seulement des êtres humains mis sur sa route, mais également de la nature qui l’entourait. Elle s’intéressait au vécu des personnes de divers horizons : étudiantes et étudiants, techniciens et techniciennes de différentes spécialités, pour n’en nommer que quelques-unes. Elle pouvait interrompre une marche pour échanger avec un préposé aux ascenceurs, une femme de ménage, un horticulteur. Tous les êtres humains avaient une importance à ses yeux et elle savait leur manifester son admiration pour leur contribution importante à la société. Elle avait les yeux ouverts sur tout ce qui vivait autour d’elle, nature y compris. Elle avait même découvert dans le quartier Côte-des-Neiges où elle habitait, un olivier qui avait survécu au climat de Montréal.
Olivette était une femme à la grande capacité d’émerveillement, une « ravie », si je peux me permettre d’utiliser cette image; ce qui explique peut-être sa lenteur légendaire. Elle avait conservé cette attiude du petit enfant qui découvre peu à peu le monde qui l’entoure et prend du temps pour le faire. Elle savait admirer le beau, le vrai dans les petits moments de la vie quotidienne comme dans les grandes œuvres. Lors de visites aux Éboulements, son lieu de vacances priviliégié pendant de nombreuses années, elle nous a fait découvrir plusieurs coins merveilleux, …. et des personnes qui ont marqué la région : Laure Conan, Laure Gaudreault, Gabrielle Roy, Clarence Gagnon, René Richard et d’autres.
Olivette Genest était une chercheuse de vérité et une éducatrice dans l’âme. Et ces traits de caractère se manifestaient dans son contact avec ses étudiants et ses étudiantes comme dans les différentes situations de la vie. Lorsqu’un fait rapporté n’était pas exact, elle avait le souci de corriger le tout avec la délicatesse qui la caractérisait. Elle ne se contentait pas de demi-vérités. Ses recherches sur la mort de Jésus l’illustrent bien. Dans ses derniers moments de lucidité, elle me rappelait son désir de pousuivre les recherches entreprises sur la question, recherches qu’elles n’a malheureusement pu terminer tout comme celles sur l’ordination des femmes.
Non seulement l’univers biblique et théologique perd-il une grande dame, mais l’environnement féministe également. Sa contribution au Séminaire de 2e et 3e cycle de l’Université de Montréal, « Le féminisme au carrefour des disciplines », mérite d’être soulignée. Elle a permis de faire connaître l’existence du féminisme dans le domaine religieux tout en travaillant à la transformation des mentalités. Olivette a toujours été proche de la question des femmes en Église qu’elle a supportée par de multiples conférences, articles et participations à des colloques.
Bref, son passage sur la terre a été marquant pour celles et ceux qui l’ont côtoyée. Les semences qu’elle y a laissées continueront de porter des fruits.
Voici quelques autres éléments qui viennent compléter les réflexions apportées sur son riche parcours.
Quelques références au parcours d’Olivette Genest :
Boucher, Marie-Josée (1999, 1er novembre). Le féminisme pour mieux comprendre le monde. Un séminaire qui touche six champs d’études et ouvre une large perspective. Forum, Université de Montréal. (21mars 2024)
Campbell, Michel (2009). Conversation avec Olivette Genest. Conversation – VIDÉOS. Pour y accéder, il suffit de descendre le curseur après « Latest episodes from Conversation – VIDÉOS » : deuxième (après D. Arcand); peser sur « Play Episod ». (21mars 2024)
Femmes et Ministères [s. d.]. Auteur/autrice : Olivette Genest Site Femmes et Ministères. [http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?ppma_author=olivette-genest] (21mars 2024)
Gignac, Alain( 2024, 24 janvier). À la mémoire d’Olivette Genest, 1931 – 2024. Institut d’études religieuses, Université de Montréal. (21mars 2024)
Gloutnay, François (2024, 22 janvier). Décès de l’exégète féministe Olivette Genest. Présence – information religieus. (21mars 2024)
Université de Montréal (s.d.). Date de nomination : 31 mai 2002. Professeurs émérites – 1972 à 2013 (ordre de date de nomination) (21mars 2024)
Pauline Jacob, Ph. D. (théologie pratique)
Montréal, le 22 mars 2024
- Décès d’Olivette Genest, un témoignage - 22 mars 2024
- Décès de Micheline Laguë1940 – 2024 - 22 mars 2024
- Gisèle Turcot - 28 avril 2023
Mes plus sincères remerciements à vous, professeure Olivette Genest. Vous demeurerez pour moi l’exégète resplendissante douée d’une grande ouverture au monde d’aujourd’hui dans sa réalité la plus profonde, la place des femmes au sein de la vie en Église.
Votre mémoire sera en nous pour toujours.
Margo Gravel-Provencher, théologienne
C’est avec une grande tristesse que j’apprends grace a ton temoignage le deces de notre grande theologienne Olivette Genest, en meme temps que la dissolution de Femmes et Ministeres et du deces d’une autre grande theologienne Micheline Lague, de l’Universite St. Paul a Ottawa. Ce que je dois a ces deux professeures est immense, une reconversion a la theologie feministe, des annees 1980 a nos jours, a l’exegese feministe et a une vision transformatrice des femmes en Eglise, portee a la fois par ces theologiennes et le collectif Femmes et Ministeres qui a oeuvre sans treve pendant toutes ces annees pour faire avancer la cause des femmes en Eglise.
Micheline et Olivette ont marque de leur presence, de leur esprit et de leur sagesse ce grand mouvement des femmes au Canada, en Ontario et au Quebec, qui a rayonne tres loin dans le monde francophone. Je leur dois une profonde reconnaissance de m’avoir ouvert l’esprit a toutes ces transformations, en suivant leurs cours, et lisant et travaillant leurs publications. Que Dieue leur donne la paix du coeur bien meritee et fasse encore rayonner leur pensee et leur foi a travers le monde entier. MERCI a ces pionneres de la theologie feministe et de la theologie tout cours et Merci a toutes celles qui ont mis en oeuvre cette theologie a travers Femmes et Ministeres pendant de nombreuses annees egalement.