Depuis longtemps j’entends parler de vous, et du témoignage puissant que vous rendez, à l’ekklesia d’ici et d’ailleurs, de votre foi en Jésus, le libérateur. J’ai été bénie de rencontrer plusieurs d’entre vous sur mon chemin, au gré des vents de la Ruah.
Moi, Sabrina, de l’Église qui est à Ville-Marie, je tenais à vous envoyer cette missive, alors que vous célébrez 40 ans d’engagement, de réflexion, de transmission et d’interpellation. Un élan du cœur m’a poussée à vous écrire, pour vous dire mes félicitations, et pour vous dire mes remerciements pour le chemin défriché.
Si mon parcours dans la foi et mon engagement en Église ne sont pas récents, je dois confesser, cependant, que mon questionnement sur ma place, mon rôle et mon ministère comme femme dans l’Église, lui, est embryonnaire.
Cet embryon ne peut rester sans attention. Il demande des soins pour croître, se développer, se transformer… Il aurait pu rester au stade embryonnaire. J’aurais pu l’ignorer. J’aurais pu avorter les mûrissements qu’il préparait en moi. J’aurais pu lancer : « Voilà des questions dépassées! »
Mais voilà : vous étiez là, dans mon horizon, comme autant de sages-femmes disponibles pour accompagner mon chemin et mes maturations. Par vos écrits, vos passages dans ma vie, et le témoignage de votre ténacité, vous permettez à ce petit embryon en moi de trouver une voix et de m’interpeller.
Je découvre cet embryon comme altérité. C’est une autre en moi. C’est même une autre moi qui vient à la lumière.
J’ai été interpellée par certaines d’entre vous quelques fois : « Que fais-tu de cet embryon? N’en es-tu pas préoccupée? L’aurais-tu oublié? Nous l’avons engendré, ne le délaisse pas! »
Je vous assure que j’en suis soucieuse et qu’il m’est précieux. Mais je vous dis aussi ma tristesse et ma consternation de me sentir seule, dans cette nouvelle génération en Église. Seule, avec si peu d’équipage, sur un si grand bateau. Seule, devant un avenir incertain, les boussoles des marins pointant des directions opposées et parfois extrêmes.
Seule, avec d’énormes questions, je ne sais plus, souvent, où donner de la tête. J’ai le vertige. Et un grand sentiment d’urgence. Et mon petit embryon? Comment lui donner mon attention?
Tout de même, pour le moment, je ne suis pas si seule. Vous, mes sages-femmes, vous êtes là. Vous m’aider à porter mon embryon. Vous me préparez à sa naissance avec vos conseils, vos récits d’accouchement. Peut-être le verrez-vous faire ses premiers pas!
Mes chères sœurs, je vous dis ma reconnaissance pour tout ce chemin. Je rends grâce pour l’héritage que vous me léguez! Et j’espère être parmi vous, dans l’avenir, pour continuer à découvrir toutes vos richesses…
Sabrina Di Matteo
29 ans
28 octobre 2011
- Marie-Madeleine, Apôtre des apôtres - 8 juillet 2021
- Sœurs rebelles, grâce radicale - 17 mars 2018
- Femmes ordonnées? Quel espoir? - 5 avril 2017