Article publié dans la revue électronique RENCONTRE – Le magazine du Centre culturel chrétien de Montréal vol. 5 no 14 et reproduit avec les permissions requises.
Le réseau Catholic Women Speak réunit des femmes catholiques sur la Toile au sujet de leurs préoccupations communes. Quelques mois avant la tenue du synode sur la famille convoqué au Vatican en octobre 2015, l’idée a surgi de collaborer à la réflexion par la publication d’un ouvrage collectif.
À la faveur de la rapidité des moyens de communications électroniques, l’équipe éditoriale (qui signe l’introduction, la conclusion et les transitions du livre) dit avoir mené le projet à terme en un petit sept semaines pour assurer la parution de l’ouvrage avant l’ouverture de l’assemblée romaine.
Le livre rassemble 45 textes éditoriaux, concis, de 2 à 4 pages, qui vont droit au but des sujets abordés, dans une perspective féministe. Universitaires, agentes de pastorale ou citoyennes engagées, la majorité des auteures appartiennent au monde anglo-saxon occidental, donnant également la parole à des femmes d’Afrique et d’Amérique latine. Elles abordent des enjeux théoriques ou nous racontent leurs expériences. Le résultat s’avère des plus intéressant, autant par sa forme qui permet de lire les articles brefs dans l’ordre désiré, que par son contenu clair, incisif et diversifié.
Les femmes demeurent l’autre dans l’enseignement du Saint-Siège (p. xxviii), soulignent les éditrices de l’ouvrage, mais, dans ce livre, elles ne s’expriment pas au titre de « la Femme » au singulier ; elles prennent plutôt la parole dans une grande diversité de positions. Au synode sur la famille de 2014, écrivent-elles (la situation allait se reproduire en 2015), la « sagesse des femmes » a fait défaut « aux délibérations » (p. 43) ; « les voix des femmes n’ont pas été entendues d’une manière qui aurait représenté authentiquement la vaste diversité des vies des femmes catholiques et, de plus, la contribution des femmes théologiennes n’a été reconnue » (p. xxix, ma traduction). Ce n’est pas d’un approfondissement de la « théologie de la femme » dont nous avons besoin, tel que suggéré par le pape François, soutiennent-elles, mais, d’abord, d’une théologie de l’humain qui inclut pleinement les femmes et, ensuite, d’une reconnaissance de la parole et de l’expertise théologique des femmes. La « hiérarchie » tient des discours « à notre sujet mais parle rarement avec nous » (p. xxxi).
Organisée selon une structure équilibrée, la première partie du livre porte sur des questions théologiques à partir d’une perspective d’égalité sociale entre les femmes et les hommes ; la section centrale de l’ouvrage, la plus importante, qui couvre la moitié du volume, traite des thèmes de la sexualité, de la famille et de l’éthique relationnelle, déployant une diversité de conceptions de chacune d’elle ; la troisième partie aborde la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation. Le livre s’adresse explicitement aux dirigeants de l’Église catholique romaine et à l’assemblée synodale sur la famille. Trois cents copies auraient été distribuées gratuitement au synode, mais la démarche serait tombée à plat… Son contenu suscitera l’intérêt de toute personne concernée par les paroles multiples des théologiennes catholiques.
- Des femmes catholiques prennent la parole sur la théologie, la famille et la marginalisation - 5 avril 2016
- Entre espérance et indignation - 21 décembre 2015
- « La femme a-t-elle une vocation particulière dans l’Église ? » Une réponse féministe - 27 février 2014