Rencontre avec Jacinthe Quevillon, aumônière au Centre fédéral de formation [CFF] à Laval (pénitencier minimum) depuis bientôt 18 ans.
À neuf ans, après avoir lu la vie de Don Bosco, elle fait un rêve qui deviendra sa mission : travailler dans la rue avec les jeunes et leur famille.
Après 25 années « dans la rue », les circonstances l’ont amené en milieu carcéral où accompagner les personnes dans toutes les sphères de leur vie prend tout son sens.
Fidèle à son travail dans la rue, la famille occupe une grande place : toute personne incarcérée a une histoire de famille; souffrance de la coupure familiale chez le détenu et stigmatisation chez les autres membres vivant à l’extérieur des murs. En milieu carcéral, la famille est un moteur qui peut soulever des montagnes.
En arrivant au CFF, elle s’est promenée dans les corridors, dans les « wings », à la cafétéria, au gymnase; bref connaître le milieu physique mais surtout les personnes qui l’habitent. Elle y rencontre des hommes de tout âge, jeunes, malades, ou vieillissant qui cherchent un sens à leur existence; ils ont besoin d’un lieu pour se rencontrer et d’autres personnes avec qui partager et échanger.
De la parole à la Parole
La chapelle deviendra ce lieu de rencontre. À la manière de Don Bosco qui invitait les jeunes à fraterniser en jouant au ballon avant de leur proposer d’aller à la messe, elle propose deux fois par mois une activité où détenus et bénévoles participent à différentes activités permettant aux détenus une prise de parole nécessaire et libératrice.
Deux ou trois fois par mois le partage se fait autour de la Parole, soit à l’intérieur d’une messe ou d’une célébration œcuménique.
Du pénitencier à la rue
Accompagner les gars dans leur cheminement vers leur sortie l’amène à sortir du pénitencier pour vivre avec eux des activités dans la rue, comme distribuer du café aux itinérants au centre-ville ou participer à des rencontres d’échange sur leur vécu ou de partage d’Évangile avec des bénévoles en lien avec le milieu carcéral.
Pour elle, il est important de travailler avec des organismes qui privilégient le critère spirituel, critère trop souvent négligé par certains organismes oeuvrant en réinsertion sociale.
Un vœu : que des paroisses s’ouvrent à accueillir des détenus qui s’apprêtent à sortir.
Pastorale très spécialisée
Elle ne se sent pas appelée au sacerdoce ou au diaconat permanent, mais reconnaît que l’Église devrait permettre aux femmes qui en sentent l’appel d’être ordonnées.
Elle accompagne régulièrement des détenus en fin de vie; lorsqu’un prêtre n’est pas disponible pour administrer l’onction des malades à celui qui en fait la demande; elle le signe de la croix sur le front, en lui disant qu’il est aimé de Dieu.
Son travail pastoral : elle privilégie d’accompagner les hommes dans tout ce qu’ils sont. Comme elle le dit, dans la rue elle a côtoyé le meilleur et le pire; elle vit la même réalité au pénitencier. Célébrer avec ceux qu’elle côtoie au quotidien, c’est célébrer la vie.
Merci Jacinthe pour ce que tu es, pour ta foi qui rayonne, pour ce que tu apportes à « tes paroissiens », à la société et à l’Église.
Micheline Savoie,
bénévole en milieu carcéral depuis 8 ans.
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