Une grande dame nous a quittés le 12 février 2022. Membre de la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Madeleine Sauvé est la première femme à obtenir un Ph. D. en théologie à l’Université de Montréal [UdeM] (1962) et à y devenir professeure de théologie (1962 à 1974). À la Faculté de théologie, elle fait sa place à l’intérieur d’une équipe d’hommes, clercs pour la plupart, et ouvre la voie à celles qui la suivront; tout d’abord Olivette Genest, puis Denise Couture, Lise Baroni, Solange Lefebvre et d’autres.
Chercheuse rigoureuse, elle documente et écrit l’histoire de la formation théologique au Québec. En 1996, elle publie L’histoire de l’Institut supérieur de sciences religieuses de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal et, en 2001, L’histoire de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal (2001); deux études historiques toujours d’actualité.
Son intérêt pour l’écriture et la langue française de même que sa grande compétence dans ce domaine l’amène à assumer la fonction de grammairienne de l’Université de Montréal de 1972 à 1991. Reconnue par son milieu, elle exercera une influence considérable sur l’ « écrit » officiel de l’établissement, tel que rappelé sur une page de l’Université. Comme l’évoque sa consœur Françoise Lafortune lors d’un hommage formulé au nom de sa communauté : « qualité de l’expression, rigueur et cohérence de la pensée, clarté et logique du raisonnement sont la marque de ses écrits au service de la communauté universitaire et même au-delà, grâce à la publication des Observations grammaticales et terminologiques (1972-1985) ».
Et dans la foulée de son intérêt pour la langue française, elle publie, en 2007, Qu’est-ce qu’un livre ? : De la page blanche à l’achevé d’imprimer. Comme le souligne Les libraires, non seulement elle y explique avec rigueur et brio comment les livres sont faits, mais montre aussi, à l’occasion, exemples à l’appui, comment ils devraient l’être.
Depuis 2004, elle est inscrite dans la liste des pionniers et pionnières pour sa contribution importante à la vie de l’Institution, reconnaissance obtenue dans le cadre des Fêtes du 125e de l’Université de Montréal [UdeM], Et cette même année, lors de la Journée internationale de la femme, dans la foulée de ces Fêtes, on la retrouve parni les 127 femmes honorées par le Comité permanent sur le statut de la femme de l’UdeM pour leur contribution dans leur domaine respectif. On y reconnaît son apport comme théologienne et secrétaire de Faculté et comme première grammairienne.
On se souviendra d’elle comme d’une femme d’une grande intelligence, une femme déterminée avec un sens de l’humour parfois mordant. Elle laisse des traces inoubliables dans la mémoire de celles et de ceux qui l’ont connue comme intellectuelle et comme femme de foi.
Pauline Jacob,
Montréal, le 28 février 2022
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Merci Pauline d’avoir écrit ce bel hommage à Madeleine Sauvé, ce qui me rappelle toutes les femmes à la Faculté de Théologie de l’Université de Montréal comme Denise Couture, Lise Baronni, Olivette Genest, Odette Mainville, et toi-même, Pauline.
Malgré mon trop long silence, je pense souvent a toi et lis de temps en temps tes articles dans Femmes et Ministères.
Je te félicite de tout le travail accompli pour promouvoir les femmes en théologie!