Une femme lucide et fière, pleine de compassion, avide de connaissances et de participation au vivre ensemble, telle est la grande dame qui nous a fait ses adieux le 14 juillet 2022, à l’âge de 97 ans.
Édith Richard a fait route avec nous, au réseau Femmes et Ministères, de 1989 à 2003. Nous pouvions compter sur elle pour enrichir nos recherches et prises de parole. Depuis que la maladie ne lui permettait plus une participation tangible, Édith aimait s’informer de l’évolution de notre réseau. Nous gardons d’elle le souvenir d’une membre active et fidèle.
Faire avancer la condition des femmes
Depuis longtemps, Édith Richard s’est intéressée aux conditions de vie des femmes. Elle accompagnait un groupe de grand-mères qui manifestaient leur solidarité face à des situations d’inégalité. Lors de sa participation aux célébrations du 50e anniversaire du droit de vote – reconnu aux Québécoises en 1941 – elle accepta de représenter le Réseau œcuménique des femmes du Québec au comité de coordination de l’événement. Édith a réussi à faire inscrire au programme officiel une création originale, féministe et chrétienne, un atelier qui a finalement rassemblé 250 personnes.
Préoccupée par l’accueil des nouvelles arrivantes dans son milieu, Ville Saint-Laurent, elle accepta pendant sept ans la présidence du conseil d’administration du Centre d’accueil, de référence sociale et économique pour les immigrants de Saint-Laurent (CARI St-Laurent). En lui décernant l’Ordre des Grands Laurentiens – catégorie citoyen – en 2005, on a souligné que « sa préoccupation constante est l’excellence de l’équipe qui œuvre au sein du CARI, la qualité des services rendus à plus de 3000 immigrants chaque année, ainsi que le rayonnement de l’organisme ».
La cause des femmes en Église
Discrète, fière, réservée, élégante, courtoise, engagée : voilà en peu de mots le souvenir qu’Édith a laissé au réseau Femmes et Ministères. Forte de ses études de maîtrise en théologie et d’une recherche consacrée aux manifestations du conservatisme, elle portait personnellement la cause des femmes en Église. Comme tant d’autres, elle constatait et déplorait les résistances anciennes et contemporaines à une reconnaissance pleine et entière de la contribution des femmes.
L’art de prendre soin
Habitée par un souci pastoral, cette femme avait les dons et les outils pour assumer des rôles de leadership. Prendre soin ne fut-il pas le premier choix d’Édith en optant pour la profession d’infirmière? Femme de cœur, nous la savions attentive, soucieuse de son monde, son mari, son fils, sa femme et ses deux petits-fils qu’elle chérissait particulièrement. Attachée à sa famille, cette parfaite hôtesse aimait réunir des personnes avec qui elle abordait les questions d’actualité, lors de repas conviviaux soutenus par une fine cuisine dont elle avait le secret.
Chère Édith, nous aimerions emprunter ta plume aux accents poétiques pour saluer la portion de vie que tu nous as permis de connaître parce que tu étais une femme de partage. Dans le grand âge, tu as souffert de ne plus pouvoir recourir autant au pouvoir des mots pour dire ton affection et t’associer à des causes qui te sont chères. Mais « les mots ne sont rien quand le sens transparaît » disait le poète Tagore. Alors nous avons compris que ta solidarité est sans faille et inépuisable ta compassion pour les humains et leurs peines.
Femme de conviction, tu as su réunir en toi intuition créatrice et sens de l’organisation, réalisme et capacité de transformer l’ombre en lumière. Nous essaierons de continuer notre mission en te considérant comme une inspiratrice courageuse et résiliante.
Annine Parent et Gisèle Turcot
Pour Femmes et Ministères
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