En 1985, à l’occasion de la décennie de la femme, Femmes et Ministères publiait, chez les Éditons Paulines & Médiapaul, un recueil de paroles de femmes et de paroles d’évêques sur la participation des femmes à la vie de l’Église. L’inspiration du concile Vatican II commençait alors à donner une voix à l’espérance.
Nous vous le présentons puisqu’il demeure important de se souvenir des efforts réalisés depuis la première parole prononcée par un évêque du Québec au concile Vatican II en 1964
UNE QUESTION DE FIDÉLITÉ
Sans la contribution véritable de la femme, la société humaine et même le royaume de Dieu n’atteindraient ni leur perfection ni leur plénitude, et les hommes seraient infidèles au dessein même de Dieu sur eux.
Mgr Gérard-Marie Coderre, évêque de St-Jean-de-Québec, à la 3e session du Concilie Vatican II, 1964.
DANS LE DESSEIN DE DIEU
Toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit sociale ou culturelle, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée et éliminée, comme contraire au dessein de Dieu. En vérité, il est affligeant de constater que ces droits fondamentaux de la personne ne sont pas encore partout garantis. Il en est ainsi lorsque la femme est frustrée de la faculté de choisir librement son époux ou d’élire son état de vie, ou d’accéder à une éducation et une culture semblables à celles que l’on reconnaît à l’homme.
L’Église dans le monde de ce temps, 29, 2, Vatican II, 1965.
UNE OPTION DE LIBÉRATION
Les personnes et les groupes ont soif d’une vie pleine et libre, d’une vie digne de l’homme, qui mette à son service toutes les immenses possibilités que leur offre le monde actuel. C’est cette soif d’une vie pleinement humaine et digne qui est à l’origine du grand mouvement de libération de la femme.
Déclaration du Saint-Siège, Conférence de l’ONU pour la Décennie de la femme, Mexico, 1975
L’état de soumission et d’oppression que subit la femme dans le monde est une situation de péché, le résultat du péché originel. C’est une situation de péché ; donc, une chose à corriger (…). C’est par fidélité à la parole de Dieu que l’Église doit reconnaître comme un fait positif le mouvement féministe moderne : il s’agit, dans son ensemble, d’un progrès de la civilisation et c’est un pas de plus dans l’instauration du Royaume.
Conférence des évêques catholiques du Canada. Synode sur la famille, Rome, 1980
LA VÉRITABLE NAISSANCE DANS L’ÉGALITÉ
… le peuple élu de Dieu est un: « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4,5). La dignité des membres est commune à tous par le fait de leur régénération dans le Christ (…). Il n’existe donc pas d’inégalité en raison de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe, car « il n’y a plus ni juifs ni gentils, il n’y a plus ni esclaves ni hommes libres, il n’y a plus ni hommes ni femmes: vous êtes tous un dans le Christ Jésus» (Ga 3,28).
Constitution dogmatique De l’Église, n° 23, Vatican II 1964.
LE DISCOURS ÉVANGÉLIQUE : UN DISCOURS ÉGLITAIRES
Baptisés dans le Christ, nous revêtons le Christ. Nous sommes tous héritiers de la promesse. En cela, l’attitude de Jésus est révolutionnaire et libératrice. Il reconnaît l’égale dignité de la femme avec l’homme. Dans le Christ, c’est l’abolition des divisions entre l’homme et la femme. Plus que cela, c’est l’abolition des inégalités et des rapports de domination.
II faut donc resituer la femme dans le discours évangélique, lui redonner l’importance que Jésus lui avait accordée. Il ne faut plus minimiser le fait que Jésus ait donné son message autant aux femmes qu’aux hommes. Si nous retrouvons nos aspirations de femmes dans les écritures, c’est qu’il y a eu des femmes auxquelles Jésus a confié sa mission et qui ont été à la hauteur de leur tâche. Ces femmes dont les évangiles parlent ont certainement fait des actes de foi reconnus par la communauté, pour qu’elle les ait notés.
C.E.P. (Chrétiens pour une Église populaire), Manifeste sur la place des femmes dans I’Église, Québec 1981.
UN SIGNE DES TEMPS
À cause du contexte sociologique, des membres de la société civile et de l’Église n’ont pas suffisamment reconnu la dignité et la responsabilité des femmes comme membres de la famille humaine appelées à partager sur un pied d’égalité la mission du Christ. Le fait de reconnaître cette situation et le désir d’y porter remède selon l’esprit de l’évangile (Ga 3,28; Col 3,1) représentent un heureux signe des temps.
Délégation du Saint-Siège à la Conférence de Copenhague sur la Décennie de la femme, 1980.
L’HUMAIN INTÉGRAL
L’humain intégral, c’est la communauté capable et responsable de ses progrès. La communauté forgeant son histoire.
L’humain intégral, c’est la communauté apprenant la richesse de ses différences. Découvrant que les différences de classes, de race, de sexe, bien loin d’être des séparations, des degrés, des niveaux, sont des égalités. Seuls les êtres humains qui se reconnaissent égaux peuvent s’apprécier comme différents.
Et nous aurions peur de découvrir la richesse de la différence privilégiée, fondatrice, entre les hommes et les femmes, les femmes et les hommes?
Faut-il donc continuer à honorer d’un respect peureux, quasi mythique, les traditions patriarcales dans lesquelles, pendant les millénaires d’une autre anthropologie, se sont coulées, ont pris forme les paroles de l’annonce de Dieu?
Et faudrait-il craindre, sur le chemin de nos libertés entreprises, la rencontre entre l’annonce de la libération pour tout être et cette aspiration incoercible à annoncer la pleine liberté, dignité et responsabilité des femmes?
Femmes et hommes dans l’Église, décembre 1981.
Heureuse celles qui travaillent à pétrir le pain
de l’autonomie,
de l’égalité,
de la solidarité.
Ensemble, elles nourriront la terre.
Malheureuses celles qui sont facilement rassasiées des miettes qui tombent de la table sacrée.
Elles paralysent la croissance de l’Église.
Extraits des béatitudes de L’Autre Parole, bulletin no 22.
UN GRAND PAS EN AVANT
• Que l’on reconnaisse aux femmes qui sont mandatées pour travailler en pastorale paroissiale, le droit d’administrer les sacrements de baptême, de l’onction des malades et qu’elles puissent présider au mariage chrétien.
• Que l’on favorise l’accès des femmes aux différents comités d’étude et aux postes de commande dans les domaines où elles s’engagent, entre autres, le Conseil de pastorale diocésain.
• Que dans le discours tenu par l’Église, l’on continue à insister sur la responsabilité partagée dans les questions relatives à la vie conjugale et familiale (v.g. avortement, planification des naissances).
• Que l’on invite les pasteurs à tenir compte de cette responsabilité partagée et de l’égalité des sexes dans toute intervention pastorale.
• Que l’on invite les pasteurs à se défaire du modèle culturel traditionnel qui confine l’homme et la femme dans des rôles figés (v.g. l’homme pourvoyeur, la femme à la maison).
• Que l’on invite les pasteurs à tenir compte des deux sexes dans le langage liturgique et pastoral.
Aféas (Association féminine d’éducation et d’action sociale), Recommandations adoptées au Congrès de 1982.
LA PAROLE EN ACTION
La recommandation des évêques canadiens à la suite de cette intervention concerne toutes les communautés ecclésiales, familiales, professionnelles, régionales, diocésaines ou autres: qu’elles mettent en place des structures de dialogue qui soient des lieux de reconnaissance mutuelle et de mise en œuvre effective de nouveaux rapports d’égalité « hommes et femmes » dans l’Église.
Conférence des évêques catholiques du Canada, Synode sur la réconciliation, Rome, 1983.
Imagine-t-on vraiment qu’une foi qui se présente comme une longue histoire de libération, d’alliance et de fidélité entre Dieu et ses enfants puisse s’effrayer aujourd’hui d’une belle histoire de liberté que les frères et les sœurs des nations fêtent universellement comme un progrès?
Femmes et hommes dans l’Église, décembre 1981.
SI L’ÉGLISE VEUT ÊTRE CRÉDIBLE
De l’attitude de l’Église face aux femmes dépend, en grande partie, la crédibilité de l’Église et des chrétiens dans la société.
• L’Église ne peut plaider, dans la société, en faveur des droits de la personne et de la jus¬tice sociale sans respecter, à l’intérieur de ses structures et à tous ces niveaux ces mêmes droits.
• L’Église doit être au cœur du monde, enga¬gée. Elle doit inviter le monde à vivre certai¬nes valeurs, non par mode d’imposition mais par mode de contagion.
• L’Église doit permettre à ceux et celles qui la composent des choix: le choix pour une Église juste au cœur du monde est fondamental.
Nous ne voulons pas bâtir n’importe quelle sorte de communauté chrétienne mais une communauté chrétienne où tous et toutes seront égaux, où tous et toutes seront responsables de la vie, où tous et toutes pourront être des porteurs et des porteuses de la Bonne Nouvelle.
Femmes solidaires en Église, Mémoire à la Commission Justice et Foi, diocèse de Québec, 1984.
RESPONSABILITÉ ET PARTICIPATION
Nous voulons que les femmes reçoivent leur propre part de responsabilité et de participation dans la vie communautaire de la société ainsi que dans l’Église, à part égale avec les hommes.
CECC, intervention à l’occasion du Synode sur la justice dans le monde, Rome, 1971.
Comme de nos jours les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église
Décret sur L’apostolat des laïcs, Vatican II, 1965.
Que toutes les femmes engagées en Église utilisent leur leadership à la promotion de a femme en société et en Église
Rapport de la Commission Justice et Foi dans notre milieu, Diocèse de Québec, 1984
Les femmes canadiennes sont invitées à collaborer avec nous dans cet effort déployé au plan national afin de découvrir davantage leur mission dans l’Église.
Conférence des évêques catholiques du Canada, Lettre à l’occasion de l’Année internationale de la femme, 1975
UNE NOUVELLE IMAGE DE LA FEMME
Que les évêques du Canada prennent les mesures disponibles pour que tous les instruments et les moyens d’éducation religieuse (catéchèse, programmes d’éducation familiale, cours de préparation au mariage, retraites conjugales, etc.) soient révisés à la lumière du développement culturel ainsi que l’enseignement de Vatican II sur l’égalité des femmes, de manière à ce que les femmes mariées soient reconnues et promues comme partenaires égales à l’homme marié dans la vie privée et dans la vie publique, chacun selon sa vocation personnelle.
Que les prêtres et les futurs prêtres soient conscientisés à l’égalité fondamentale de la femme dans l’humanité nouvelle instaurée par le Christ, « égalité d’origine et de destin, égalité de missions et d’engagement» (évêques canadiens au Synode de 1983).
Que les prêtres reconnaissent dans les faits l’égalité fondamentale de la femme dans l’Église.
Que dans la formation professionnelle des futurs prêtres, la place de la femme dans l’Église soit considérée comme une question majeure;
Que des femmes soient activement engagées dans la formation des futurs prêtres.
Le Comité « ad hoc » de la CECC, sur « les femmes dans l’Église », 1984.
UNE QUESTION D’ESPÉRANCE
Considérant la contribution plus grande que les femmes pourraient apporter dans l’Église, il est recommandé
• que l’archevêque, l’exécutif de celui-ci et les Directeurs d’Offices et Services attachent une importance particulière à la participation des femmes, religieuses et laïques, aux organismes ecclésiaux de réflexion, de planification, de décision et d’évaluation, aux niveaux paroissial, diocésain, national et international;
• que les évêques de l’Inter-Montréal soient invités à étudier, avec la collaboration des laïcs, hommes et femmes, l’opportunité et les modalités éventuelles de «ministères non-ordonnés », ouverts tant aux femmes qu’aux hommes et qui seraient institués formellement pour des tâches pastorales et missionnaires.
Mouvement des femmes chrétienne), équipe diocésaine de Montréal. Recommandations pour le Dossier « La femme, un agent de changement dans l’Église », Montréal, 1976.
« Fermes dans notre espérance, nous voulons vivre pleinement nos droits et responsabilités de filles de Dieu (aussi à l’occasion de la visite prochaine de S.S. Jean-Paul II). Nous affirmons collectivement notre conviction profonde d’être fidèles à l’évangile de Jésus Christ en œuvrant, à la réalisation de nos aspirations dans l’Église et dans la société».
« Femmes en Église », Pétition, 15 mai 1984.
Pour ma part, je me soucie de favoriser la contribution de femmes à l’exercice du service de l’autorité dans l’Église. Déjà, le partage amorcé dans les tâches ministérielles annonce un avenir d’égalité aux femmes et aux hommes dans l’Église.
Lettre pastorale de Mgr Bernard Hubert, «Une complémentarité réciproque», décembre 1984.
UN ACTE DE FOI
Seigneur, nous croyons en l’égalité fondamentale de l’homme et de la femme qui doit se manifester de façon concrète dans le monde où nous vivons et dans l’Église qui est la nôtre.
Seigneur, nous croyons qu’il est essentiel de cesser de définir la femme seulement ou principalement par son rôle de mère.
Seigneur, nous croyons que les femmes sont des personnes totales, avec un esprit capable de réflexion, un cœur capable d’aimer et le devoir de s’engager sur tous les plans (ex. social, politique, ecclésial, etc.).
Seigneur, nous croyons que toutes les femmes de la classe ouvrière vivent une oppression; fais en sorte que notre réflexion et notre militance nous amènent à développer une grande solidarité.
Femmes du Mouvement des Travailleurs Chrétiens (MTC). Cap-Rouge, 1982
Femmes et Ministères – 1985
- Dissolution de la corporation Femmes et Ministères - 27 mars 2024
- Des rapports à changer entre l’État et l’Église? - 9 novembre 2023
- Un synode des femmes à Montréal - 9 novembre 2023