Le 8 novembre 1984, 26 hommes, professeurs, théologiens et autres, exprimaient leur solidarité avec le comité ad hoc de la Conférence des évêques catholiques du Canada sur le rôle de la femme dans l’Église et avec toutes les femmes en Église.
Annine Parent nous rappelle cette lettre.
DES HOMMES APPUIENT LES FEMMES EN ÉGLISE
Le Devoir, 8 novembre 1984
APPUI AUX FEMMES EN ÉGLISE
TÉMOIGNAGE
Cette lettre ouverte porte la signature de 26 hommes, professeurs, théologiens et autres, soit MM. Léonard Audet, Albert Beaudry, Raymond Beaugrand-Champagne, Dominique Boisvert, Yves Cailhier, André Charbonneau, Yves Côté, Godefoy DeVaux, Antoine Dumas, Fernand Dumont, Benoît Fortin, Roger Fraser, Pierre Gaudette, Michel Gervais, Richard Guimond, Julien Harvey, Benoît Lacroix, Claude Lafortune, Jacques-Yvan Morin, André Naud, Jacques Racine, Louis Rousseau, Thomas Ryan, Raymond Vaillancourt et Marcel Viau.
MERCREDI 24 octobre, Mme Élisabeth Lacelle, au nom du comité ad hoc de la Conférence des évêques catholiques du Canada sur le rôle de la femme dans l’Église invitait les chrétiennes à manifester leur réaction aux arguments utilisés pat le cardinal Emmett Carter pour tenter de discréditer la qualité du travail du comité et ainsi remettre à plus tard l’adoption des recommandations de son rapport.
Une lettre ouverte, contresignée par 43 femmes engagées en Église et envoyée aux différents journaux, a constitué une première réponse à cet appel. Nous croyons important de nous joindre à cette démarche et d’exprimer notre solidarité avec les membres du comité et avec toutes les femmes en Église.
Nous ne reprendrons ni la critique des procédures qui ont entouré l’étude du dossier, ni l’analyse des recommandations adoptées par la Conférence des évêques suite à un revirement de situation. Nous endossons là-dessus le point de vue exprimé dans la lettre ouverte ci-haut mentionnée.
Uu dossier prioritaire pour tous
Nous désirons plutôt affirmer que la question de la place des femmes dans l’Église est un dossier qui intéresse tous les membres de celle-ci, quelle que soit leur situation. L’attention qu’on doit lui porter est exigée par la compréhension qu’on a, aujourd’hui, de l’égalité de l’homme et de la femme et par le souci de la transmission de la foi dans la culture contemporaine. C’est une part de la crédibilité de l’Église qui est en jeu dans le traitement qu’elle accorde à ce dossier. Les hésitations et les tergiversations sont désormais inadmissibles. Il faut agir méthodiquement et de façon responsable. Les femmes dans l’Église ont fait déjà abondamment preuve de leur modération, de leur patience et de leur esprit de collaboration. Elles ne méritent pas d’être soupçonnées. Il s’agit plutôt de créer avec elles des rapports nouveaux.
Des orientations à consolider
Au Québec, on ne part pas de rien. Un travail important de sensibilisation et de réflexion a été réalisé. Des paroles et des gestes ont retenu l’attention des croyants et des croyantes d’ici : les propos de Mgr Vachon, tenus au moment du synode sur la réconciliation, ses prises de positions et celles des ses confrères du Québec à la dernière session de la Conférence des évêques catholiques du Canada, la nomination d’une femme comme secrétaire générale de l’Assemblée des Évêques du Québec, l’émergence des animatrices responsables de paroisse, la participation des femmes à la liturgie lors de la visite de Jean Paul II, l’existence de plusieurs groupes féministes chrétiens n’en sont que des exemples. En fait, les mouvements ans les paroisses, des milliers de Québécoises son engagées activement.
Pour guider ses études sur la question et progresser dans l’action, l’Assemblée des évêques du Québec a à sa disposition trois excellents instruments : d’abord le rapport du comité ad hoc présidé par Mme Lacelle présente une analyse de la situation et des recommandations significatives; ensuite le rapport ad limina remis au pape Jean Paul II, en octobre 1983, contient des orientations théologiques et ecclésiastiques importantes pour le rôle des femmes dans l’Église; dans un autre ordre, les répondantes diocésaines à la condition féminine constituent un réseau privilégié pour entreprendre des actions concertées. Ce sont là des bases sur lesquelles il faut accélérer les processus de recherche, de décision et de mise en application.
Des paris nécessaires
Nous sommes conscients, en parlant ainsi, que tout ne sera pas facile dans cette entreprise de dialogue, de réflexion théologique et pastorale, de transformation des pratiques. Nous serons nous-mêmes à certains moments questionnés, choqués, bouleversés dans nos habitudes, surpris dans nos certitudes. Cela ne peut servir d’excuse au ralentissement d’un chantier qui accuse déjà du retard.
De même, l’argument de l’incompréhension des autres Églises régionales et nationales, ou la référence sans nuances à des propos de Jean Paul II, ne doivent pas nous permettre de nous dérober à une tâche exigée par la culture et la mission de l’Église dans notre pays. L’Église du Québec n’a rien à craindre d’une interpellation fondée et responsable de la pratique et du discours officiels.
ANNEXE
Professions des personnes qui ont endossé cette déclaration.
- Léonard Audet, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Montréal;
- Albert Beaudry, directeur de la revue “Relations”;
- Raymond Beaugrand-Champagne, réalisateur de l’émission “Rencontres” (Radio#Canada);
- Dominique Boisvert, de l’Entraide missionnaire;
- Yves Cailhier, directeur de la revue “Communauté chrétienne”;
- André Charbonneau, du Centre de pastorale en milieu ouvrier;
- Yves Côté, de la Commission des droits de la personne;
- Godefroy DeVaux, secrétaire de la Conférence religieuse canadienne-Québec;
- Antoine Dumas, peintre, Québec;
- Fernand Dumont, président de l’Institut québécois de recherche sur la culture;
- Benoit Fortin, supérieur provincial des Pères Capucins;
- Roger Fraser, conseiller en relations de travail, Québec;
- Pierre Gaudette, professeur de théologie morale, Université Laval;
- Michel Gervais, vice-recteur à l’enseignement et à la recherche, Université Laval;
- Richard Guimond, supérieur provincial des Pères Dominicains;
- Julien Harvey, directeur du Centre Justice et Foi;
- Benoit Lacroix, théologien;
- Claude Lafortune, de l’Office de catéchèse du Québec;
- Jacques-Yvan Morin, professeur à la faculté de droit de l’Université de Montréal;
- André Naud, professeur de théologie à l’Université de Montréal;
- Jacques Racine, doyen de la faculté de théologie de l’Université Laval;
- Louis Rousseau, professeur à l’Université du Québec à Montréal;
- Thomas Ryan, directeur du Centre canadien d’œcuménisme;
- Jean-Yves Thériault, directeur du département de sciences religieuses de l’Université du Québec à Rimouski;
- Raymond Vaillancourt, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Sherbrooke;
- Marcel Viau, professeur de théologie pastorale à l’Université Laval.
P.S Les personnes intéressées peuvent consulter l’ensemble du dossier concernant les revendications de femmes en Église depuis les années 1970.
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Oui, indispensable depuis qu’hommes et femmes crient dans le désert.
Je n’attends vraiment plus rien, ni d’ici ni de Rome, tous desdits détenteurs de l’Autorité divine. Un scandale parmi d’autres! Je me réfugie dans une certitude, la seule confirmée depuis des siècles: je suis fille de Dieu tout aussi et autant que tous ceux-là qui se reposent dans une argumentation sans fondement. Là en ce Dieu, Père et Mère tout à la fois, je me repose en toute espérance que Lui et Elle et tant d’autres frères et sœurs en notre humanité me reconnaissent d’autant mieux fille de l’Église que vraiment fille de la Terre, égale à quiconque sait reconnaitre sa véritable origine, vocation et destinée! Poussière sommes-nous tous et toutes sans exception et poussière nous retournerons tous et toutes sans exception!