Devoir de mémoire

Texte publié le 21 décembre 2015 et toujours d’actualité

Femmes et évêques – Un dialogue à poursuivre

COUV Devoir de memoire 2

L’œil n’a jamais fini de voir,
ni l’oreille d’entendre.
Qohelet 1, 8

                AVANT-PROPOS

Ouvrière de la première heure dans le champ du féminisme, Annine Parent est aussi une figure majeure des quarante dernières années de l’histoire du christianisme au féminin chez nous. Les racines de sa foi engagée remontent à sa participation à la JOC où sa capacité de motiver et d’entraîner les autres s’est révélée dangereusement efficace. Son amour de l’Église est passé par le feu des 25 années qu’elle a consacrées à l’emploi de l’archidiocèse de Québec. Laissons-nous surprendre maintenant par sa mémoire prodigieuse. Aidée d’une foule de documents soigneusement consultés, elle fait revivre sous nos yeux des faits et gestes auxquels elle a participé dans la majorité des cas.

Ces faits et gestes aux couleurs souvent prophétiques révèlent une immense espérance d’accroître – et de voir reconnue – la participation des femmes à la vie d’une communauté chrétienne qui les a baptisées, confirmées, appelées à partager sa mission de proposer au monde un Évangile de libération et de salut. Le Devoir de mémoire qu’Annine Parent s’est imposé trouvera-t-il un écho chez celles et ceux qui veulent faire entrer cet Évangile dans le XXIe siècle?

Souvenons-nous que le concile Vatican II a ouvert la voie à de nouveaux lieux de parole, notamment ces synodes romains qui rassemblent les évêques du monde entier. C’est la première enceinte qu’ont choisie des porte-parole de l’épiscopat canadien pour proposer à l’Église universelle d’accueillir l’un des signes des temps relevé par celui-là même qui convoqua ce Concile, le pape Jean XXIII. Écoutons-le à nouveau : « Une seconde constatation s’impose à tout observateur : l’entrée de la femme dans la vie publique. De plus en plus consciente de sa dignité humaine, la femme n’admet plus d’être considérée comme un instrument; elle exige qu’on la traite comme une personne aussi bien au foyer que dans la vie publique. » (Pacem in terris, no 41)

Un dialogue institutionnel sérieux s’est instauré chez nous dans la foulée du dynamisme conciliaire, cette brochure en porte témoignage. L’ombre du temps risque toutefois de renvoyer aux oubliettes conversations et plaidoyers; certains prétendent d’ailleurs qu’il ne faut plus croire au pouvoir du dialogue. Il serait infiniment regrettable que la lassitude à redire ou entendre des propos dérangeants ait le dernier mot, empêchant notre Église de prendre un tournant qui s’impose à la conscience évangélique de tant de croyantes et de croyants.

Du côté des femmes, ténacité et persévérance sont au rendez-vous. Au Québec, nos devancières ont dû multiplier une vingtaine de fois leur pèlerinage au Parlement avant d’obtenir le droit de vote aux élections provinciales. En faudra-t-il davantage pour que la voix de nos sœurs de l’Ouest canadien, venue d’Edmonton en 1970, trouve un écho favorable dans le cœur de nos chefs religieux?

Avant que le rideau ne tombe sur la nuit, ce Devoir de mémoire nous tiendra en éveil.

Gisèle Turcot


Montréal, février 2013

DEVOIR DE MÉMOIRE

40 ans d’histoire des femmes en Église au Canada
dans le contexte du 40e anniversaire du Synode de 1971
sur Le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde

L’automne 2011 a marqué le 40e anniversaire du synode romain des évêques sur Le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde tenu six ans après la fin du concile Vatican II. Le mouvement des femmes au Canada a saisi l’occasion de cette rencontre au sommet pour interpeller les autorités ecclésiales et réclamer justice et égalité pour les femmes dans l’Église.

Après 40 ans, relisons notre parcours sur l’enjeu de la place des femmes en Église en le situant dans son contexte et en mettant en lumière des options stratégiques liées à des conjonctures historiques et ecclésiologiques. Comment cet enjeu s’est-il posé, à l’époque, dans un contexte sociopolitique qui s’est transformé et dans le cadre d’une Église qui pensait autrement sa théologie des ministères, son rapport au monde et à la société?

Voyons d’abord quelques traits de notre histoire qui nous parlent des forces de changement à l’œuvre dans les années 1960, période qui a dressé la table au synode de 1971. Puis, dans un deuxième temps, jetons un regard sur l’impact du synode et ses répercussions, pour enfin voir où nous en sommes aujourd’hui.

CONTEXTE SOCIAL ET ECCLÉSIAL AVANT LE SYNODE DE 1971

Les avancées des femmes

Le féminisme, mouvement politique, philosophique et social,  a fait sa marque dans le monde depuis de nombreuses années. La première vague, celle des années 1900, a voulu réformer les institutions de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi. La deuxième vague, à la fin des années 1960, a mis un fort accent sur l’établissement de nouveaux rapports sociaux en rendant compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes – le patriarcat, le sexisme, le contrôle du corps… À cette époque, le mouvement d’affirmation des femmes est devenu un des acteurs sociaux les plus vigoureux dans le monde. À partir de 1990, on parlera d’une troisième vague féministe, tout aussi importante, en désignant un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes souvent issues de groupes minoritaires.

Le synode de 1971 se situait donc au cœur même de la deuxième vague dans un contexte de prises de conscience partagées par une majorité de femmes à cette époque.

Les avancées sociales

Devant ce travail gigantesque, certaines forces de transformation sociale étaient à l’œuvre. Des revendications, des déclarations, des recherches dans divers domaines en font foi.

En 1967, l’Organisation des Nations Unies dans sa Déclaration sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes affirmait que « la discrimination à l’égard des femmes, du fait qu’elle nie ou limite l’égalité de la femme avec l’homme, est fondamentalement injuste et constitue une atteinte à la dignité humaine » (article 1).

Le 16 février 1967, le premier ministre du Canada, Lester B. Pearson, crée une Commission royale d’enquête sur la situation de la femme appelée Commission Bird, du nom de sa présidente Florence Bird. Cette enquête, demandée par une coalition de 32 groupes travaillant sur l’équité entre les hommes et les femmes, témoigne de la montée du féminisme comme mouvement social et force de changement politique. Le rapport, diffusé le 8 décembre 1970, manifeste l’émergence d’une profonde remise en question du statut des femmes dans la société; il annonce une volonté et un projet de redéfinition des institutions sociales, politiques et culturelles. En conséquence, il demande aux gouvernements fédéral et provinciaux de réviser des politiques, des législations et d’élaborer les réglementations pour rétablir l’équité entre les sexes et, au besoin, d’adopter de nouvelles mesures concernant l’emploi, l’éducation, l’administration de la justice.

Dans ce contexte de la Commission Bird, en avril 1967, Mgr Gilles Ouellet, président de la Conférence des évêques du Canada, envoie une lettre à tous les évêques leur demandant « d’encourager tous les efforts déployés en vue d’aider les femmes et les laïques à s’engager dans la vie de l’Église ». Les femmes sont de plus en plus visibles : premières étudiantes dans les facultés de théologie, premières agentes de pastorale, premières marguillères, premières membres d’un conseil de pastorale…

L’ONU fait de 1975 l’Année internationale de la femme en réponse à des requêtes accumulées depuis des années et provenant de tous les continents. Les douze mois seront consacrés à une action intensive pour promouvoir les droits des femmes dans le monde. Le thème central, Égalité entre l’homme et la femme, développement et paix  est révélateur des aspirations des femmes. Cet événement sera l’occasion d’une grande sensibilisation et la conférence internationale de Mexico sera suivie à tous les cinq ans de conférences internationales visant à améliorer la situation des femmes.

Ici, au Québec, les années 1960 sont reconnues comme les années de la Révolution tranquille. Ce sont des années d’effervescence, des années de grands bouleversements sur les plans politique, social, culturel et religieux. Un vent de sécularisation souffle sur le Québec. Temps fort de remise en question des rapports de pouvoir et d’autorité, de rupture, d’évolution s’il en est un.

Les avancées des féministes chrétiennes

Au Québec francophone, les femmes militantes, pour la plupart issues des mouvements catholiques, trouvent leur motivation dans la doctrine humaniste et sociale de l’Église. Le lien entre foi et engagement social est à la source même de leurs revendications. Elles luttent pour que les femmes soient des citoyennes à part entière et des chrétiennes engagées dans la transformation du monde.

Les femmes chrétiennes affirment que c’est au nom de leur baptême qui confirme leur identité de  « filles de Dieu » et les fait entrer dans la communauté des « disciples du Christ » et au nom de la commune mission ecclésiale qu’elles revendiquent d’être reconnues à part entière dans l’Église. Pour les groupes de femmes en Église, travailler à faire reconnaître en fait et en droit la pleine participation des femmes à la vie sociale et à la vie ecclésiale, c’est faire œuvre d’Évangile.

Les féministes chrétiennes empruntent souvent à Marie Lenoël son slogan qui date de 1937, alors qu’elle était présidente de l’Alliance Jeanne d’Arc : « Il est temps de démontrer que non seulement on peut être catholique bien que féministe, mais féministe parce que catholique ».

Le mouvement social des femmes, qui devenait de plus en plus agissant au fil des années, devait inévitablement s’intéresser au monde ecclésial pour y réclamer égalité et reconnaissance effective. Les recherches et les analyses vont provoquer la réflexion, éveiller les consciences et inviter au changement. Les revendications sur les questions de justice, d’égalité, d’équité, de pauvreté, de violence obligeront l’Église à s’interroger sur ses propres comportements à l’égard des femmes.

Comme signe de prise de conscience, il faut se rappeler la renommée Commission d’étude sur les laïcs et l’Église. Créée en 1968 par l’Assemblée des évêques du Québec (AEQ) et chargée de faire la lumière sur la place et l’avenir de l’Église et de la foi au Canada francophone, elle rendra son rapport public en 1971 sous le titre « L‘Église au Québec, un héritage, un projet » (Rapport Dumont). La participation aux rencontres fut des plus intéressantes en nombre et en intérêt : plus de 15 000 personnes participantes dans 23 diocèses. Cet exercice de prise de parole se révéla en soi un véritable succès. Le rapport présente une analyse de la situation de l’Église et suggère plusieurs pistes d’actions dans un Québec en situation de mouvance et de valeurs à reconsidérer. Même si elle porte principalement sur le laïcat, la Commission d’étude sur les laïcs et l’Église amène les femmes à intervenir au même titre que les hommes, à dire leurs déceptions et leurs attentes. La Commission ne peut ignorer le travail constant des femmes qui réclament d’être des membres à part entière de l’Église avec les mêmes droits, les mêmes privilèges et une même reconnaissance. On parle d’une Église en crise, d’une Église qui se cherche.

Les avancées de Vatican II

Dans les années 1960, des fenêtres s’ouvrent, un grand vent de renouveau agite l’Église : le Concile œcuménique Vatican II. Convoqué par le pape Jean XXIII le 11 octobre 1962, il se terminera sous le pontificat de Paul VI le 8 décembre 1965.

Cet événement marquant se veut une ouverture au monde moderne et à la culture contemporaine. Un discours fort de sens et de conséquences est vigoureusement affirmé : c’est tout le peuple de Dieu qui est responsable de la mission, de l’annonce et du service de l’Évangile. Cette vision de l’Église appelle des attitudes et des comportements participatifs et responsables. Une nouvelle conscience ecclésiale se développe. Le Concile vient nourrir les désirs de changement et de réalisation présents au cœur des chrétiennes. Il leur apporte une fierté d’être membres de l’Église à part entière. Les femmes liront certaines déclarations comme une volonté affirmée de reconnaître la participation des femmes à la vie de l’Église.

De ce fait, se sentant membres du peuple de Dieu, les femmes chrétiennes questionnent sérieusement la place qui leur est accordée dans l’Église. Elles ne veulent plus rester à l’écart et demeurer d’éternelles subordonnées. Tout comme dans les sociétés démocratiques où elles vivent, elles désirent prendre part aux orientations et aux décisions, encore plus pour celles qui les concernent. Elles se sentent appelées à servir sans limitation aucune dans l’Église comme dans la société. Les appels de Vatican II seront pour elles source d’espérance, elles qui, depuis des lunes, parlaient d’implication et d’engagement.

Rappelons que, dès 1910, l’Union Internationale des Ligues Féminines Catholiques, qui deviendra en 1952 l’Union mondiale des organisations des femmes catholiques (UMOFC), aura pour objectif de « Promouvoir la présence, la participation et la coresponsabilité des femmes catholiques dans la société et dans l’Église, pour leur permettre de remplir leur mission d’évangélisation et de travailler au développement humain ».

En 1962, cette association qui regroupait des organisations représentant 36 millions de femmes dans le monde, désirait que la participation des femmes soit prise en compte au concile Vatican II. À la suite d’une requête, leur présidente, Madame Pilar Bellosillo, sera auditrice et associée au travail de la Commission de révision du schéma 13 qui traitait de la place de l’Église dans le monde moderne (en préparation de Gaudium et spes), ainsi qu’au sein de la Commission mariage et famille.

Le Concile terminé, elle écrira : « Pour être fidèles à Vatican II, nous devons nous charger de la cause de Dieu dans l’histoire du monde ». Elle ajoutera : « En ce qui concerne l’Église (…) la moitié du Peuple de Dieu apparaît comme passif et géré par l’autre moitié. L’UMOFC prend la décision d’être honnêtement et de l’intérieur même de l’Église, une conscience critique. Nous sommes l’image de Dieu avec l’homme (…) Nous devons aussi nous charger de la cause de Dieu dans le monde ».

Lors de son encyclique Pacem in terris, le 11 avril 1963, Jean XXIII nommera « signe des temps » l’entrée des femmes dans la vie publique. À l’article 41, on peut lire : « Une seconde constatation s’impose à tout observateur : l’entrée de la femme dans la vie publique, plus rapide peut-être dans les peuples de civilisation chrétienne; plus lente, mais de façon toujours ample, au sein des autres traditions ou cultures. De plus en plus consciente de sa dignité humaine, la femme n’admet plus d’être considérée comme un instrument; elle exige qu’on la traite comme une personne aussi bien au foyer que dans la vie publique ». 

Dans Lumen gentium (Constitution dogmatique sur l’Église signée le 21 novembre 1964), est réaffirmée l’égalité des femmes et des hommes dans le Christ. « Commune est la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ; commune la grâce d’adoption filiale; commune la vocation à la perfection; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité sans division. Il n’y a donc dans le Christ et dans l’Église, aucune inégalité qui viendrait de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe, car « il n’y a ni homme ni femme, vous n’êtes qu’un dans le Christ Jésus » (Gal 3,28).

En 1964, à la 3e session du concile Vatican II, les femmes vont entendre Mgr Gérard-Marie Coderre, évêque de St-Jean-de-Québec, soutenir que « Sans la participation véritable de la femme, la société humaine et même le royaume de Dieu n’atteindraient ni leur perfection, ni leur plénitude, et les hommes seraient infidèles au dessein même de Dieu sur eux ».

Dans le décret de Paul VI sur l’Apostolat des laïcs (Apostolicam actuositatem, 8 novembre 1965), il sera question de l’importance de la participation des femmes à l’apostolat de l’Église. « Comme de nos jours les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église. » (Décret sur l’apostolat des laïcs, # 3.9)

La Constitution pastorale Gaudium et Spes (L’Église dans le monde de ce temps, 7 décembre 1965) déclarera « la discrimination fondée sur le sexe comme contraire au dessein de Dieu ». (# 29.2)

Lors de la clôture solennelle du Concile le 8 décembre 1965, dans son Message aux femmes, Paul VI affirmera : « L’Église est fière, vous le savez, d’avoir magnifié et libéré la femme, d’avoir fait resplendir au cours des siècles, dans la diversité des caractères, son égalité foncière avec l’homme. Mais l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement et un pouvoir jamais atteint ».

Ces quelques affirmations tirées de documents majeurs de l’Église, tant sur le plan social que sur le plan ecclésial, nous laissent deviner l’impact du mouvement des femmes à l’époque du synode de 1971, un mouvement organisé, bien structuré et dynamique. Elles nous parlent aussi du sentiment de confiance qui motivait les femmes durant ces années où le dialogue et l’ouverture leur paraissaient encore possibles. Uniquement au Québec, au début des années 1980, l’Institut québécois de recherche sur la culture publiait l’inventaire de 2140 recherches et de quelques 730 titres de thèses universitaires québécoises sur les femmes.

C’est dans ce contexte de ferveur que s’est ouvert le synode de 1971.

CONTEXTE DU SYNODE 1971

D’entrée de jeu, disons que le Synode des évêques est une institution permanente établie par le pape Paul VI, le 15 septembre 1965, en réponse au désir exprimé par les Pères du concile Vatican II de maintenir vivant l’esprit positif engendré par l’expérience conciliaire. Un synode a pour mission d’aider le pape à gouverner l’Église universelle en donnant son avis. Il se penche sur les thèmes d’intérêt universel qui démontrent un caractère d’actualité et d’urgence. Il traite de questions jugées importantes voir même prioritaires pour l’Église.

En octobre 1971, un synode est convoqué sous le thème Le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde. Fait curieux, au fil des ans, quand on parlera du synode de 1971, on fera rarement référence à la première partie du thème : le sacerdoce ministériel. On le nommera simplement Synode sur la justice dans le monde.

Pourquoi deux thèmes?

On peut se demander quel était le lien entre les deux thèmes. L’histoire nous dit qu’au départ, cette assemblée devait être consacrée à la justice seulement. On y a ajouté un deuxième thème en raison « des turbulences présentes à l’époque sur la question du ministère ».

Pour expliquer le choix des deux thèmes, nous empruntons à Gilles Routhier l’explication qui suit :

Concernant la question des ministères, la période de 1967-1971 a été une période riche en contestation, en analyse et requêtes, en recherches et en réflexions, en déclarations, en conférences, en assemblées et en débats de toutes sortes un peu partout, en Europe (France, Italie, Hollande, Espagne…), aux États-Unis, au Canada et ailleurs. Par la suite il y a eu une accalmie et une reprise dans les années 80. Il faut aussi se rappeler que le concile avait rétabli l’exercice du diaconat permanent pour des hommes mariés (LG29). C’était considéré comme l’innovation la plus importante dans la sphère de l’Église catholique du temps. (Les nouveaux ministères – Diversité et articulations)

Le Synode et les femmes : version canadienne

C’est donc dans un contexte de luttes sociales des femmes pour la reconnaissance et l’égalité et dans un contexte où se multiplient les déclarations sur l’importance de la contribution pleine et entière des femmes dans l’Église que s’annonce le synode des évêques en 1971. Les femmes canadiennes vont prendre l’initiative de réclamer un dialogue avec leurs évêques.

C’est l’inauguration d’une ère de dialogue dans l’Église. Jamais auparavant les évêques et les femmes ne s’étaient rencontrés pour échanger sur les questions relatives à la condition des femmes. Jamais la question de ministères confiés à des femmes n’avait fait l’objet d’une discussion dans un forum officiel de l’Église catholique. Pour une première fois, l’épiscopat canadien, à l’instar des confrères d’autres pays, va s’engager dans un processus en faveur de la participation des femmes à la vie et au gouvernement de l’Église.

L’audace du Edmonton Women’s group

L’événement déclencheur viendra de l’Alberta avec le Edmonton Women’s group. À la suite d’une large consultation, ces femmes vont présenter un mémoire à la Conférence des

évêques catholiques du Canada (CECC) et solliciter une rencontre avec les évêques réunis en assemblée plénière pour la préparation du synode.

En mars 1971, dans leur requête aux évêques sur le statut des femmes dans l’Église, ces femmes de l’Ouest canadien demandent entre autres choses de :

Déclarer que les femmes sont membres de l’Église à part entière au même titre que les hommes; d’encourager les femmes intéressées à poursuivre leur formation pour servir comme diacres ou comme prêtres; d’intervenir fermement et immédiatement auprès du Vatican pour demander que toutes les barrières discriminatoires contre les femmes soient abolies.

Il était alors question d’une réforme du Code de droit canonique, lequel datait de 1917, et qui n’aboutira qu’en 1983.

Le groupe de femmes d’Edmonton fondent leurs demandes sur trois événements principaux : les déclarations conciliaires; une requête préparée par l’Union mondiale des organisations des femmes catholiques (UMOFC); les recommandations de la Commission royale d’enquête sur la situation des femmes au Canada. Cette conjoncture crée les conditions de possibilité de revendications pour les femmes et de prise de position pour le cardinal Georges-Bernard Flahiff, archevêque de Winnipeg et président de la CECC.

La démarche de ces femmes chrétiennes est audacieuse et convaincante. Elles réclament une prise de parole dans la préparation du Synode; elles veulent être entendues. Leurs recommandations trouveront un écho positif chez les évêques. C’est l’inauguration d’une nouvelle ère de dialogue en Église, autour d’une table où les femmes baptisées n’étaient pas habituellement convoquées.

Pour en savoir plus :
1970 – Groupe de femmes d’Edmonton

Première rencontre entre les évêques et des Canadiennes

Ainsi, en avril 1971, en préparation du synode de l’automne, les évêques canadiens convoquent une soixantaine de femmes à un atelier de travail sur le statut des femmes. Elles se divisent en deux groupes linguistiques, les Canadiennes anglaises et les Canadiennes françaises.

Les vingt-six francophones présentent des recommandations concernant la reconnaissance effective des femmes en Église. À travers d’autres revendications, elles (ces femmes) demandent clairement : « Que soit rendu possible pour la femme l’accès à des ministères (incluant le diaconat et le sacerdoce) qui peuvent s’exprimer dans des vocations personnelles et à partir des besoins des communautés diocésaines particulières. »

1971 – Mémoire d’un groupe de femmes canadiennes-françaises

Déclaration du cardinal Georges-B. Flahiff au Synode

Le cardinal Georges B. Flahiff, archevêque de Winnipeg, membre de la délégation canadienne parlant au nom des évêques du Canada, recommandera au Synode « la formation immédiate d’une commission mixte formée d’évêques, de prêtres, de laïcs et de religieux des deux sexes, afin d’étudier en profondeur la question des ministères féminins dans l’Église ». Il condamnera la discrimination basée sur le sexe contraire à l’enseignement retrouvé dans le Nouveau Testament et repris dans les documents conciliaires en disant : « Comme vous le savez, cette démonstration historique ne peut plus être considérée comme valide aujourd’hui. Par conséquent, je crois qu’il n’y a aucun obstacle dogmatique qui s’oppose à ce que nous réexaminions toute la question […] ». Il mentionne « que les événements vont plus vite que les décisions puisque plusieurs femmes remplissent actuellement certains ministères avec beaucoup de compétence ».

1971 – Déclaration du cardinal G. B. Flahiff : les ministères féminins dans l’Église

Une dizaine d’interventions d’évêques venant d’autres pays ont porté sur la question « femmes et ministères », même si l’Assemblée synodale devait porter expressément sur le ministère des prêtres. Elles viennent du Canada, du Brésil, de l’Italie, de la République dominicaine, des Antilles, de la Scandinavie, de l’Ukraine, etc. On se rend compte que ce thème suscite un véritable intérêt. On en discutera dans les ateliers et les rapports officiels en feront mention.

L’intervention du cardinal canadien Georges-Bernard Flahiff jouira d’une bonne écoute et influencera la suite des choses. En effet, au terme de la deuxième période de l’Assemblée synodale, période consacrée à l’étude du thème de la justice dans le monde, il s’est créé un mouvement et les Pères synodaux ont finalement recommandé « qu’une étude approfondie soit faite et votée visant la création d’une commission d’étude sur la responsabilité et la participation de la femme à la vie de la société et de l’Église. »

Le 3 mai 1973, Paul VI mettra sur pied une commission temporaire sur le rôle de la femme dans la société et dans l’Église.

Dans la foulée du Synode

  1. Suites canadiennes

Le Synode terminé, en mars 1972, le conseil d’administration de la CECC convoque un comité pancanadien sur Le rôle de la femme dans la société et dans l’Église. Le Comité reçoit le mandat de préparer un document de travail établissant l’état de la question et indiquant les divers domaines qui pourraient être explorés en vue d’une plus grande participation des femmes à la vie de la société et de l’Église. Le rapport du Comité, déposé en mai 1974, doit servir pour des études au plan diocésain et régional. Dans leur rapport, ces femmes se disent prêtes à continuer le travail amorcé, elles se disent prêtes à assumer un rôle d’agentes de liaison avec les évêques, proposent un certain fonctionnement des rapports entre évêques et femmes mandatées dans chaque région. Elles souhaitent s’adjoindre des personnes-ressources selon les discussions en cours et avoir un budget à leur disposition.

Il n’y aura pas de suites directes aux travaux de ce comité. Une brève résolution adoptée par le Comité exécutif de la CECC stipule que le travail de réflexion et d’animation doit continuer dans les quatre régions pastorales du Canada « afin d’assurer des échanges et des décisions plus efficaces ». Il n’en précise pas les modalités et ne prévoit aucun échéancier, aucune ressource humaine et financière pour sa réalisation. Il n’y aura pas d’autre réponse de la CECC à l’ensemble des demandes formulées dans le rapport du groupe de femmes francophones et le mandat du Comité ne sera pas reconduit.

1972 – Comité de la CECC sur le rôle de la femme dans l’Église et la société

B) Suites au Vatican

Le 3 mai 1973, affirmant répondre aux vœux du synode de 1971, Paul VI crée une Commission d’étude internationale sur Le rôle de la femme dans la société et dans l’Église. Cette commission relèvera du pape. Elle durera trois ans.

À propos des objectifs, il est précisé que les discussions peuvent porter sur la participation et la responsabilité, les droits et les devoirs de la femme, mais il est aussi dit que l’on doit exclure toute discussion sur la possibilité de conférer les ordres sacrés aux femmes. Paul VI dit vouloir susciter une révision de vie sur la participation des femmes à la vie sociale d’une part, à la vie et à la mission de l’Église d’autre part. Il demande à la Commission d’étudier les moyens de réaliser la « promotion effective de la dignité et de la responsabilité des femmes ».

Dans son discours à la Commission le 17 novembre 1973, à la fin de la première session de travail, Paul VI dira : « Il s’agit de recueillir, de vérifier, d’interpréter, de réviser, de mettre au point les idées exprimées sur la fonction de la femme dans la communauté moderne […] mettez bien au cœur de vos préoccupations la conception chrétienne de la femme, celle qui correspond à la doctrine et à la vie de l’Église… » La Commission fut abolie en 1976 sans apporter d’avancées significatives; les préoccupations seront désormais portées par la Commission pontificale du laïcat.

C) Communication entre la CECC et le Vatican

Au cours de ces années de recherche et de discussion à Rome et dans le monde, les évêques canadiens vont vraiment s’intéresser à la question des ministères pour les femmes. Les communications entre la CECC et les instances romaines sur la question de l’accès des femmes aux ministères se feront régulières.

En 1975, Mgr Jean-Marie Fortier, président de la CECC, interviendra auprès du cardinal Villot, secrétaire d’État au Saint-Siège, « en exprimant le désir qu’une étude théologique approfondie soit faite sur la question de l’ordination des femmes ». Il envisage la possibilité que les femmes soient admises aux ministères institués. Il souligne l’appui des évêques canadiens au travail et aux recommandations de la commission d’étude internationale (1973-1976).

L’année suivante, en février 1976, alors que l’Église anglicane des États-Unis et du Canada commence à ordonner des femmes, Mgr Emmett Carter, nouveau président de la CECC, demande à nouveau « qu’une étude théologique soit menée sur la question de l’ordination des femmes. » 

En attendant la promulgation du droit canon en révision sur laquelle on fonde des espoirs, l’Église d’ici confie des fonctions d’influence à des femmes : secrétaire générale des évêques, directrice et coordonnatrice de la pastorale diocésaine, chancelière et à Valleyfield, Mgr Robert Lebel accolera même le titre de vicaire-générale à une laïque.

Restrictions de Rome

Rien n’est gagné. Des balises vont régulièrement freiner la reconnaissance de la place des femmes en Église.

  1. Ministeria quaedam

Sur le plan de la réflexion, l’Assemblée synodale de 1971 allait connaître certaines suites. Cependant avant même de répondre aux vœux du Synode, Paul VI va établir des balises pour les études à venir et fait de l’ordination une question réservée au magistère pontifical.

Le 12 août 1972, Paul VI publie une lettre apostolique, le motu proprio Ministeria quaedam abolissant les sous-ordres traditionnels conduisant au ministère ordonné en leur substituant des ministères institués d’acolytat et de lectorat, uniquement réservés à des hommes. De ce fait, il créait deux classes de laïcs : les hommes et les femmes. Les femmes sont exclues des ministères qui mènent au sacerdoce, mais de surcroît elles sont tenues à l’écart des ministères exercés par des laïcs. Par contre le motu proprio reconnaissait aux Conférences épiscopales la prérogative d’instituer sous leur juridiction respective d’autres ministères qui seraient utiles.

Malgré cette entrave à l’ouverture des ministères aux femmes, les évêques canadiens, à l’instar de leurs confrères d’autres pays, saisiront plusieurs opportunités pour intervenir ici et à Rome concernant les femmes et leur participation pleine et entière à la vie sociale et à la vie ecclésiale.

B) Inter insigniores

Après Ministeria quaedam en 1972 voilà que le 15 octobre 1976, la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi avec l’autorisation de Paul VI, signe la déclaration Inter insigniores. Elle reconnaît que les femmes qui expriment leur requête du sacerdoce ministériel sont certes inspirées par le désir de servir le Christ. Mais Paul VI « estime de son devoir de rappeler que l’Église, par fidélité à l’exemple de son Seigneur, ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale ». Il dira que Jésus-Christ n’a pas convoqué de femmes à faire partie des Douze. If he acted in this way, it was not in order to conform to the customs of his time, for his attitude towards women was quite different from that of his milieu, and he deliberately and courageously broke with it. S’il a agi de cette façon, il fallait en déduire qu’il exprimait par là sa volonté que des hommes seulement remplissent cette fonction dans l’Église en tout temps et en tout lieu. Ce n’était pas pour se conformer aux coutumes de son temps.

Pourquoi cette insistance sur la non-ordination des femmes après Ministeria quaedam? La réponse est fort simple. L’Église anglicane de même que d’autres Églises commençaient à ordonner des femmes un peu partout dans le monde. En juin 1975, à la suite d’un synode général, le Dr Frederick Donald Coggan, archevêque de Canterbury, informait loyalement le Pape Paul VI que lentement mais constamment se répandait à l’intérieur de la Communion anglicane la conviction qu’il n’y a pas d’objections fondamentales, au plan des principes, à l’ordination sacerdotale des femmes. Le débat était vraiment enclenché dans les autres Églises.

En 1983, la promulgation du Code de droit canonique confirmera de nouveau la position de l’Église catholique en réservant aux baptisés laïcs hommes les ministères institués ou ordonnés.

CONTEXTE D’APRÈS-SYNODE 1971

LES ANNÉES 1980-1990

Requêtes persistantes (autres synodes)

Les réponses de Rome ne mettront toutefois pas un terme immédiat aux démarches entreprises par les évêques. L’épiscopat canadien va continuer son travail en faveur de la reconnaissance effective des femmes dans la société et dans l’Église de différentes façons. Ses interventions lors des synodes ultérieurs témoignent d’une volonté manifeste de faire avancer la réflexion.

En 1980, au synode sur La famille chrétienne, Mgr Robert Lebel, évêque de Salaberry-de-Valleyfield, au nom des évêques du Canada dira :

C’est par fidélité à la parole de Dieu que l’Église doit reconnaître comme un fait positif le mouvement féministe moderne… : l’Église ne doit pas être à la remorque de la civilisation et des cultures, ni excuser ses retards… elle doit avoir un parole prophétique pour promouvoir toute forme de libération.

En 1983, au synode sur la Réconciliation et la pénitence dans la mission de l’Église, le réseau Femmes et Ministères fait une requête auprès de la délégation canadienne pour que soit traitée la question de la réconciliation hommes femmes dans l’Église. Mgr Louis-Albert Vachon, archevêque de Québec et porte-parole de la délégation canadienne, dira :

Les femmes de notre pays nous invitent à faire avec elles certaines prises de conscience fondamentales et à mettre en place des structures de dialogue efficaces à l’intérieur de nos Églises respectives.

Rappelant les textes du Concile, il ajoutera :

Les appels de l’Église au monde pour la promotion du statut des femmes n’auront bientôt plus d’impact, si ne se réalise parallèlement à l’intérieur de l’Église la reconnaissance effective des femmes comme membres à part entière. […] De notre côté, reconnaissons les ravages du sexisme et notre appropriation masculine des institutions ecclésiales et de tant de réalités de la vie chrétienne.

1983 – La réconciliation hommes et femmes dans l’Église

En 1985, un synode extraordinaire est convoqué pour souligner « Le vingtième anniversaire de la conclusion du concile Vatican II ». Mgr Bernard Hubert, président de la CECC, reviendra sur la question des ministères en Église en disant : « Il faut noter que ces ministères sont exercés dans les faits par un grand nombre de femmes, sinon la majorité… l’Église pour être conséquente devrait reconnaître ces ministères. »

1985 – Les ministères dans une Église communion

En 1987, a eu lieu un synode sur La vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde. En préparation de cet événement, une grande consultation est lancée : 2000 mémoires sont soumis à la délégation canadienne. La place faite aux femmes dans l’Église et dans la société sera un point de convergence. La dignité baptismale des enfants de Dieu et la commune mission ecclésiale seront les deux principaux arguments. La question de la reconnaissance pleine et entière des femmes dans l’Église et dans la société sera nommée comme l’une des priorités pour la crédibilité de l’Église. On demande à l’Église de reconnaître dans les faits l’accès des femmes aux postes de responsabilité et de porter la question de l’ordination des femmes jusqu’à Rome.

Écoutons Mgr Jean-Guy Hamelin dans son intervention intitulée La participation des femmes à la vie de l’Église :

Osons le reconnaître, il existe un contraste évident entre la condition féminine dans la société et dans l’Église. […] Ce contraste entre la société et l’Église est de plus en plus apparent et de plus en plus contesté. Pour les jeunes notamment, cette situation est difficilement explicable.

Tout comme lui, plusieurs autres délégués réclameront des études et des changements.

1987 – La participation des femmes à la vie de l’Église

Ligne d’action de la CECC

En 1976, La Conférence des évêques du Canada décide d’une « Étude en profondeur sur les ministères et sur le rôle des femmes dans l’Église et dans la communauté ». (1976-1977)

Un sondage sur la participation des femmes au travail pastoral officiel dans l’Église du Canada est envoyé à tous les évêques du Canada. Le résultat sera dévoilé en juin 1978, par Mgr Gilles Ouellet, président de la CECC. Sa lettre adressée aux évêques leur demande d’encourager tous les efforts déployés en vue d’aider les femmes et les laïques à s’engager dans la vie de l’Église.

En mars 1982, la CECC convoque à une table ronde sept femmes représentant différents organes ecclésiastiques et organismes sociaux et scientifiques pour, avec elles, faire le point sur la situation des femmes et lui soumettre des propositions. Ce groupe recommandera un mandat pastoral pour les travailleuses en Église, une commission d’étude sur l’état de la situation, une assemblée générale sur le rôle des femmes dans l’Église, des conseils consultatifs féminins et une participation active et concrète des femmes à toutes les étapes de la consultation, de la recherche et de la prise de décision et la mise en place d’un mécanisme qui permettrait aux femmes dans l’Église d’être leur propre porte-parole sur différentes questions.

À l’automne 1982, le conseil d’administration de la CECC forme un comité pancanadien composé de neuf femmes et de deux évêques chargé d’étudier le rôle de la femme dans l’Église. Ce dernier a pour mandat de voir comment il serait possible de donner des suites aux diverses initiatives et recommandations reçues à la CECC dans les années 1970 à 1980, soit par des interventions officielles ou des comités, soit par des Églises régionales ou des groupes particuliers. La CECC dit vouloir maintenir les progrès réalisés en matière de condition des femmes.

Le Comité, par le moyen d’une grande consultation à travers tout le pays, s’est donné comme objectif d’inviter l’Église du Canada à renouveler sa vision du ministère et de proposer un programme d’action et de réflexion. Le 26 octobre 1984, dans un communiqué officiel du Service des relations publiques (cf.366), Jacques Binet écrit :

En vue de faire progresser le rôle des femmes dans l’Église, les 95 évêques canadiens réunis en assemblée plénière annuelle ont résolu d’encourager les régions et les diocèses à se doter de lieux de rencontre et de dialogue pour les femmes. Ils se sont dits prêts à poursuivre la réflexion théologique et pastorale à ce sujet tout en se donnant un échéancier de révision périodique sur la situation de la femme dans l’Église.

Suit la mention des douze recommandations votées et l’annonce qu’une trousse d’animation révisée sera mise à la disposition des diocèses du Canada pour que l’Église devienne ce qu’elle annonce, « une communauté authentique de femmes et d’hommes qui soient témoins de la réconciliation réalisée en Jésus-Christ, et qui se reconnaissent mutuellement dans leur dignité humaine renouvelée en Jésus-Christ ».

Cette assemblée plénière de 1984 fut houleuse, l’unanimité n’étant pas au rendez-vous au départ. L’assemblée connut un heureux dénouement grâce à la ténacité de plusieurs évêques et à l’intervention extérieure des médias à travers tout le pays. Il faut aussi noter l’appui de quelque 26 hommes en majorité théologiens et de différents groupes de femmes qui avaient suivi le débat.

1984 – Des hommes appuient des femmes en Église

En septembre 1984, Jean-Paul II est en visite au Canada. Par le biais des journaux, 1739 femmes affirment collectivement leur conviction profonde d’être fidèles à l’Évangile de Jésus-Christ, comme filles de Dieu, lorsqu’elles œuvrent à la réalisation de leurs aspirations dans l’Église et la société. Elles demandent aux secrétaires généraux de la CECC « une considération adéquate du sérieux et de l’importance de la présence des femmes dans tous les aspects de la visite du pape, qu’il s’agisse de sa planification ou de son suivi. » Des recommandations seront formulées concernant les liturgies, la planification pastorale et les contacts avec les médias.

Ligne d’action de l’AEQ

En 1979, le Conseil du statut de la femme publie un livre vert Pour les Québécoises : égalité et indépendance. Le Comité des affaires sociales (CAS) de l’AEQ s’interroge à savoir si les chrétiennes partagent cette analyse de la condition des femmes. Il organise deux tables rondes, l’une à Montréal, présidée par Mgr Bernard Hubert et l’autre à Québec, présidée par Mgr Louis-Albert Vachon. Les résultats sont étudiés par les divers comités épiscopaux. Le 22 avril 1980, en réponse à cette consultation, Mgr Bernard Hubert, président du CAS, soulignait aux évêques que depuis plus d’un an, le dossier de la condition des femmes dans l’Église et la société a été l’un des dossiers prioritaires du Comité des affaires sociales, demande aux évêques de désigner une personne, de préférence une femme, qui portera le dossier de la condition des femmes dans leur diocèse.

Cette personne pourra, d’une part, sensibiliser les autres agents de pastorale à la condition des femmes par des réflexions et des activités et, d’autre part, assurer les liens avec les groupes de femmes de la région et/ou du diocèse. Elle sera répondante du diocèse auprès du comité des affaires sociales.

Ces recommandations seront entérinées par le CAS, à sa réunion du 25 février 1981 et adoptées par tous les évêques du Québec réunis en séance plénière en mars 1981. Le jeudi 24 septembre 1981, se tenait la première rencontre du nouveau Réseau des répondantes avec le CAS. Elles étaient vingt femmes, dont seize provenant des différents diocèses du Québec et trois membres des comités épiscopaux.

En 1982, l’AEQ met sur pied un Comité épiscopal des ministères chargé d’entreprendre une réflexion sur l’exercice des ministères par les femmes et le ministère de l’Église. Le 9 décembre 1982, dans une lettre adressée aux répondantes à la condition des femmes, Gilles Thibault, adjoint au secrétaire général de l’AEQ pour les affaires sociales, annoncera que le Comité des ministères entreprend une réflexion sérieuse sur les femmes et les ministères dans l’Église, que le Comité du laïcat fait de la condition des femmes un dossier majeur et que le CAS porte la préoccupation de la condition des femmes. 

En avril 1982, le CAS envoie une note au Comité exécutif de l’AEQ  lui proposant qu’une prochaine session d’étude des évêques porte sur la condition des femmes afin de favoriser la conscientisation des évêques à cette problématique de première importance.

Le 9 décembre 1982, dans une lettre aux répondantes récemment nommées, Gilles Thibault, adjoint pour les affaires sociales dira que trois comités de l’AEQ (les affaires sociales, les ministères, le laïcat) font de la condition des femmes un dossier majeur.

En 1982, en réponse à une demande du comité exécutif de l’AEQ, la bibliste, sœur Gertrude McLaughlin, SNJM, soumet son rapport Vers la restauration du diaconat féminin dans l’Église. Se référant au temps des apôtres elle conclut : « J’aimerais qu’on se rappelle que ce diaconat fut établi et pour les hommes et pour les femmes […] l’Église a besoin du ministère des diaconesses pour plusieurs raisons ».

Au cours des années 1980, les interventions se font nombreuses dans différents diocèses du Québec : Montréal, Québec, Saint-Hyacinthe, Chicoutimi, Trois-Rivières. Des rencontres de toutes sortes se multiplient. Des groupes tels que l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS) et Les chrétiens pour une Église populaire (CEP) prennent position. Les recommandations touchent l’égalité, la reconnaissance effective des femmes, les ministères, la violence faite aux femmes, la pauvreté, l’exclusion. Au diocèse de Gatineau-Hull, en 1985, la Commission d’étude sur la crise économique et la pauvreté a interrogé l’Église face à certaines attitudes jugées inacceptables envers les femmes, comme l’indique l’intervention de l’évêque du lieu, Monseigneur Adolphe Proulx, évêque de Gatineau-Hull :

Je souhaite que dans notre Église la réflexion se poursuive et qu’il y ait de la part des personnes engagées à tous les niveaux le souci de traiter, comme la parole de Dieu nous y invite, l’homme et la femme comme étant parfaitement égaux. 

1975 – La femme chrétienne, un agent de changement dans l’Église

1981 – Les chrétiens pour une Église populaire

1982 – Recommandations de l’AEAS

1984 – Commission Justice et foi

1986 – Les femmes dans l’Église de Montréal

1987 – Comité de promotion de la femme de la Congrégation des religieuses de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur

En 1986, l’AEQ prend l’initiative d’une session d’étude sur Le mouvement des femmes et l’Église. Session  unique, s’il en est une : 35 évêques et 85 femmes sont présents. Six thèmes sont étudiés : le langage, la violence, le pouvoir, le travail, la sexualité et la famille. Vingt-huit recommandations sont votées. Il en résulte un plan d’action qui va mobiliser des forces vives jusqu’à ce jour. Parmi les recommandations, on pouvait lire : « Que l’Assemblée des Évêques du Québec reste vigilante et ouverte à la question de l’ordination des femmes et qu’elle porte cette question jusqu’à Rome. » Quelques questions resteront difficiles à aborder comme le pouvoir en Église et la violence faite aux femmes à l’intérieur de l’Église. Cette session d’étude a été à l’origine d’une série d’interventions soutenues par le Comité des affaires sociales.

Concernant la violence dont les femmes sont victimes, le CAS publiait en 1989 la brochure Violence en héritage?, une réflexion pastorale sur la violence conjugale. De nombreuses sessions de sensibilisation seront organisées dans les diocèses du Québec. Cinq ans plus tard, en 1995, un colloque provincial, Ensemble briser l’engrenage, fera le point sur le travail accompli et encouragera à continuer le travail.

Beaucoup plus tard soit en 2006, le CAS publiera Violence et harcèlement en milieu de travail paramètres éthiques en intervention pastorale, en mentionnant qu’il répondait à l’une des recommandations issues de la session « Le mouvement des femmes et l’Église » de 1986. Deux comités nommés par le CAS auront travaillé à partir de 1994 jusqu’à la parution du document en 2006.

Notons aussi le symposium sur Le partenariat hommes et femmes en Église,  tenu du 29 au 31 août 1996 à l’Université Laval à Québec. Cent vingt-cinq personnes répondent à l’invitation du CAS. 26 forums dans 17 diocèses du Québec ont servi de base à cette rencontre. Le CAS publiera les actes du symposium sous le titre Pleins feux sur le partenariat en Église en y joignant un document d’animation intitulé  Des outres neuves pour le vin nouveau. Il s’ensuivra un comité de soutien au partenariat hommes-femmes en Église.

1986 – Le mouvement des femmes et l’Église

Toujours à l’initiative de l’AEQ, un événement tout à fait spécial se produit le 19 avril 1990. Il s’agit d’une célébration à la Basilique de Québec à l’occasion du 50e anniversaire de l’obtention du droit de vote pour les Québécoises. L’AEQ pose un « geste réparateur » afin de faire contrepoids à l’opposition que les évêques du Québec ont longtemps manifestée contre la reconnaissance de ce droit. 1000 femmes participent alors à une célébration de la Parole. La présidence est assurée par une femme journaliste et écrivaine, Hélène Pelletier-Baillargeon, et par un évêque, Mgr Gilles Ouellet, archevêque de Rimouski et président de l’AEQ.

1990 – Des résistances… aux alliances

Nouveau durcissement de Rome et réactions

Après Ministeria quaedam de 1972, après Inter Insigniores de 1976, Jean-Paul II publie une lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis le 2 mai 1994. Il reprend la déclaration de Paul VI en haussant le ton d’un cran : « La charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles est exclusivement réservée à des hommes. Cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église ». Il en fait un enseignement d’autorité qui doit mettre fin à toute autre recherche sur la question dans l’Église.

Au Canada, le message pastoral de Jean-Paul II suscite une vive réaction. Le 29 juin 1994, une requête de contestation accompagnée de 725 signataires hommes et femmes, est présentée à Mgr Jean-Guy Hamelin, président de la CECC, et publiée dans le journal Le Devoir. Les signataires demandent de prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la poursuite du dialogue et des recherches sur la participation des femmes à la vie, à la mission et aux ministères ecclésiaux quels qu’ils soient.

Deux mois plus tard, le 25 août 1994, elle sera suivie d’une deuxième requête dans Le Devoir affichant cette fois que 2000 catholiques réclament que se poursuive la recherche sur l’ordination des femmes.

À Moncton, le Comité diocésain de la condition de la femme, appuyé par plus de 1700 signatures fait parvenir une requête analogue à celle des femmes et des hommes du Québec à Mgr Donat Chiasson, archevêque de Moncton, et au président de la CECC.

Nous savons que dans une note intitulée Réponse à un doute datée du 28 octobre 1995, le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, aujourd’hui Benoît XVI, confirmera la position du pape. Il déclare que cette doctrine revêt un caractère définitif et appartient au dépôt de la foi, et donc relèverait d’un enseignement infaillible. Une affirmation qui est loin d‘être partagée par les spécialistes en théologie, nommément par André-Naud.

Par la suite, les évêques canadiens vont devenir beaucoup plus silencieux dans leurs interventions publiques concernant les ministères des femmes en Église. Le ton avec Rome change ainsi que les relations avec les femmes. De façon prudente, ils continueront de faire rapport sur la situation des femmes au Québec. Lors des visites ad limina à Rome, les évêques du Québec mentionneront l’évolution du dossier des femmes en des termes réservés, moins engageants comme nous le montre le rapport de 2007 :

La situation de la femme à l’intérieur de la société et dans l’Église, apparaît comme un défi majeur imposé à la culture de notre temps. La transformation du rôle de la femme dans la société interpelle de plein fouet la réflexion et l’action ecclésiale. Il y a là un phénomène de culture qui invite au discernement(Rapport de la visite ad limina 2007, p. 62)

Actualisation de la question des ministères

La décennie 1980 comptera de multiples événements, rencontres, sessions qui inviteront à la réflexion sur les ministères de façon générale et globale. La préoccupation est toujours présente. La baisse rapide des vocations sacerdotales et religieuses, le manque de ressources en personnel, l’indifférence, la défection religieuse, les problèmes de tout acabit inquiètent sans pour autant reposer la question des ministères ordonnés pour les femmes. Pourtant de nombreux évêques laisseront entendre qu’ils n’auraient « aucune objection à voir des femmes joindre les rangs des ministres ordonnés, si Rome le permettait. »

Lors des assemblées synodales de Québec en 1995 et de Montréal en 1998, des recommandations sont votées pour que soit remise à l’étude la question de l’accession des femmes aux ministères ordonnés. Les archevêques prennent acte de la demande sans donner suite, trouvant inconvenant d’insister auprès du Saint-Père pour une remise en question de sa décision.
1995 – Synode du diocèse de Québec
1999 – Synode de Montréal

En 2001, alors que se préparait le synode romain sur le rôle et le travail de l’évêque diocésain -L’évêque : Serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour L’Espérance du monde- s’organisait un synode parallèle : Le synode du Peuple de Dieu. Plus de cent délégués de groupes et de réseaux chrétiens venant de tous les coins du monde (27 pays représentés et plus de 400 groupes consultés) se sont réunis dans le voisinage des murs du Vatican. Ce rassemblement entendait répondre à l’invitation adressée aux Églises catholiques locales de s’exprimer sur le rôle et la mission des évêques dans l’Église et le monde d’aujourd’hui. Un site web a permis une participation grandement élargie. À la suite des travaux du synode parallèle, une Déclaration finale a été portée au Cardinal Jan Schotte, secrétaire général du synode des évêques. Devant le mécontentement croissant face au style de gouvernement de l’Église, les participants demandent des changements structurels afin que tous les membres de l’Église, femmes ou hommes, aient part aux responsabilités ecclésiales et que s’instaure un équilibre entre les Églises locales et le Vatican. Leur désir d’entrer en dialogue avec les évêques réunis en synode n’a malheureusement pas été exaucé.

http://femmes-ministeres.lautreparole.org/?p=1203#doc19

2001 – Synode sur le rôle et la mission de l’évêque dans le monde d’aujourd’hui

En août 2001 l’AEQ convoque un congrès des ministères sous le thème Le service de l’Évangile : au début d’un nouveau monde. Celui-ci se tiendra à Québec, « lieu même où la foi chrétienne s’est implantée en Amérique il y a quatre siècles. » Un des objectifs est de rassembler les divers ministères face aux défis de l’annonce et de l’accueil de l’Évangile au début du nouveau millénaire. Comment fonder ou refonder le service de l’Évangile au début de ce qu’on peut appeler un nouveau Monde. Plus spécifiquement, il s’agissait de se laisser toucher par les drames et les espoirs de la société québécoise, de chercher comment accompagner la quête spirituelle des gens et incarner auprès d’eux l’Évangile, et enfin de discerner là où l’Esprit et la vie mènent notre Église.

En mars 2002, l’AECQ tiendra une session d’étude sur les ministères pour relire le chemin parcouru dans l’expérience des ministères depuis les 25 dernières années et dégager les enjeux de la situation actuelle et prévisible en tenant compte des impasses et des ouvertures possibles pour répondre aux besoins de la mission de l’Église au Québec.

En mars 2009, lors d’une session d’étude sur les ministères, deux théologiens seront invités à dégager de l’expérience actuelle des communautés ecclésiales des éléments permettant de reconnaître des ministères laïques spécifiques; de clarifier l’utilisation des concepts ministériels et du vocabulaire qui les exprime; et d’identifier des perspectives d’avenir ouvrant les Églises du Québec à des horizons nouveaux et possibles pour les ministères exercés par des laïcs.
Pelchat, Marc (2009) Vers de véritables ministères laïques
Villemin, Laurent (2009) Discernement ecclésiologique sur les ministères confiés aux laïcs

LE PEUPLE DE DIEU NE LÂCHE PAS ET CEPENDANT…

Des groupes de réflexion et d’action sont toujours agissants et comptent le demeurer. Au Québec, parmi les groupes de femmes, mentionnons : La collective L’autre Parole, l’Association des religieuses pour les droits des femmes, le Réseau des répondantes diocésaines à la condition des femmes, le réseau Femmes et Ministères.

Ajoutons à ce travail des femmes, les recherches concernant les ministères réalisées par le réseau Femmes et Ministères : Les soutanes roses, Voix de femmes, voies de passage, Virage 2000… Une belle complicité s’établit entre milieux universitaires et milieux de la pastorale en matière de recherche et d’approfondissement théologique et ecclésiologique.

Ces femmes s’intéressent à l’avenir des femmes en Église, chacune selon ses objectifs propres, mais aussi collectivement et, à l’occasion, avec leurs sœurs des autres Églises chrétiennes. Les femmes cherchent des voies neuves, des voies d’avenir et de liberté. Depuis quelques années, ces groupes de femmes ont uni leurs efforts avec d’autres organismes pour sensibiliser à l’importance de la reconnaissance des ministères exercés par des femmes et l’accès des femmes aux ministères ordonnés compte parmi leurs préoccupations.

À la suite d’une table ronde organisée par le Centre justice et foi, cinq événements particuliers démontrent le désir tenace de ces groupes de continuer en solidarité malgré les obstacles et les interdits.

  • Les 27 et 28 octobre 2006, à la Maison Bellarmin (Montréal) colloque sur L’Accès des femmes au ministère ordonné : une question réglée ?

  • Le 12 avril 2008, au Centre St-Pierre de Montréal, L’accès des femmes aux ministères ordonnés : une réflexion à poursuivre.

  • Les 31 octobre et 1er novembre 2008, le Centre femmes et traditions chrétiennes de l’Université Saint Paul à Ottawa présente un colloque ayant pour thème Femmes et ministères ordonnés.

  • Le 15 février 2009, partage d’expériences Femmes et ministères ordonnés : des pratiques qui interpellent à la Christ Church Cathedral de Montréal.

  • Le 29 octobre 2011, plus de 200 femmes et hommes se sont rassemblées à Québec pour célébrer 40 ans de ténacité des femmes en Église et trouver des pistes d’actions pour les années à venir.

Par la suite, deux rencontres avec des jeunes agents et agentes de pastorale ont permis de se mettre à l’écoute de l’expérience et de la vision des femmes de moins de 40 ans engagées en Église et de partager les diverses expériences vécues par des femmes d’hier à aujourd’hui.

On ne peut pas ignorer non plus, ne serait-ce que pour le mentionner, le mouvement de transgression qui existe depuis quelques années dans l’Église catholique où des femmes sont ordonnées prêtres un peu partout dans le monde ou encore ce phénomène du passage de femmes catholiques à l’Église anglicane, un fait qui se répète depuis quelques années.

Finalement ce serait mal jauger la détermination des femmes que de croire qu’elles vont abandonner leur rêve d’une Église dans la mouvance de Vatican II, d’une Église où femmes et hommes seraient reconnus en toute égalité.

En dépit des difficultés, des refus et des interdits, les femmes continuent avec une « espérance têtue ». Pour elles, pas question d’un non définitif. Elles tiennent à demeurer en service selon leurs charismes et sans aucune restriction liée à leur sexe. Pour elles, le baptême n’est pas sexué pas plus que la mission qui en découle. Dans les termes de Vatican II, elles sont… un signe des temps !

Annine Parent

Collaborations : Jacynthe Fortin, Pauline Jacob, Gisèle Turcot
Québec, février 2013

Créé en 1981, Femmes et Ministères est un Réseau autonome de femmes engagées en Église.

Femmes et Ministères est :

  • un lieu de solidarité et de parole,

  • un lieu de ressourcement et de célébration,

  • un lieu de recherche et d’analyse,

  • un lieu d’élaboration d’une pensée commune,

  • un lieu de concertation en vue d’une prise de parole collective.

Ses objectifs :

  • travailler à la reconnaissance de tous les ministères exercés par des femmes dans une Église dynamique et missionnaire,

  • nommer, s’approprier et promouvoir les pistes théologiques et pastorales inscrites dans le service ecclésial des femmes,

  • développer un partenariat et une solidarité avec des femmes et des hommes intéressés aux objectifs que nous poursuivons.

SITE DU RÉSEAU : www.femmes-ministeres.lautreparole.org

Annine Parent
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A propos Annine Parent

Cofondatrice et membre active du réseau Femmes et Ministères, Annine Parent a travaillé durant 25 ans au diocèse de Québec dont 12 années comme directrice de la pastorale d’ensemble. En 1987, à titre d’experte, elle accompagna la délégation des évêques canadiens au « Synode sur la vocation et la mission des laïques dans l’Église et dans le monde ». Elle est détentrice d'un doctorat honorifique en théologie pastorale du Collège universitaire dominicain (Ottawa, 2008).
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Une réponse à Devoir de mémoire

  1. Merci pour cette belle lecture très enrichissante pour moi. Sincèrement, Jeanne d’Arc Brown. M.A.Th. Faculté de théologie d’Éthique et de Philosophie de L’Université de Sherbrooke. P.Qc. Canada. 1996.

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