On me demande de raconter comment le mouvement des femmes a interpellé l’Église avant et après Vatican II et comment les femmes en Église ont joué un rôle de «médiation» entre ce mouvement et l’Église. La difficulté pour moi, a été de choisir parmi de nombreux événements ceux qui permettraient d’avoir une vue d’ensemble, sans dépasser 20 minutes de présentation.
Pour situer le contexte,
1) j’attirerai votre attention sur six remarques d’ordre général;
2) j’énoncerai quelques faits démontrant que le mouvement des femmes catholiques était actif bien avant Vatican II;
3) j’exposerai, en très bref, le chemin parcouru pendant et après le Concile Vatican II dans l’Église, à Rome, au Canada et au Québec.
1) Six remarques préliminaires
1. Le mouvement mondial des femmes, n’est pas un mouvement moderne et spontané du 20e siècle. Il est né de la condition même des femmes et s’enracine dans la conjoncture politique, sociale et économique du 19e siècle. Il a vu le jour plus de 150 ans avant la tenue du Concile Vatican II.
2. À la fin des années 60, le mouvement d’affirmation des femmes est devenu l’un des acteurs sociaux les plus vigoureux au Québec et ailleurs dans le monde. C’était aussi le temps d’un autre souffle, celui du Concile Vatican II.
3. Suite à Vatican II, les évêques canadiens et québécois vont faire une série d’interventions ici et à Rome concernant les femmes et leur participation à la vie sociale et à la vie ecclésiale. À noter que c’est souvent les recherches et la vigilance des femmes qui les gardent éveillés sur la question.
4. Les revendications des femmes sur les questions de justice, d’égalité, d’équité, de pauvreté, de violence obligent souvent l’Église à se questionner sur ses propres comportements à l’égard des femmes.
5. C’est au nom de leur baptême qui les fait « filles de Dieu » et « disciples du Christ » et au nom de la commune mission ecclésiale que les femmes revendiquent d’être reconnues à part entière dans l’Église.
6. Pour les groupes de femmes en Église, reconnaître en fait et en droit la pleine participation des femmes à la vie sociale et à la vie ecclésiale, c’est faire œuvre d’évangile. Elles empruntent souvent à Marie Lenoël son slogan qui date de 1937 alors qu’elle était présidente de l’Alliance Jeanne d’Arc : «Il est temps de démontrer que non seulement on peut être catholique bien que féministe, mais féministe parce que catholique».
2) Le mouvement féministe à l’œuvre avant Vatican II
Bien avant Vatican II, le mouvement féministe était un mouvement de promotion des droits des femmes, un mouvement désireux de contrer les inégalités fondées sur le sexe. Pour plusieurs femmes, le lien entre foi et engagement social était à la source même de leurs revendications.
L’Union Internationale des Ligues Féminines Catholiques, qui deviendra en 1952 l’Union Mondiale des Organisations des Femmes Catholiques (UMOFC), aura pour objectif dès 1910 de « Promouvoir la présence, la participation et la coresponsabilité des femmes catholiques dans la société et dans l’Église, pour leur permettre de remplir leur mission d’évangélisation et de travailler au développement humain ».
Lors du Concile Vatican II, l’UMOFC regroupait 36 millions de femmes dans le monde et désirait que la participation des femmes soit prise en compte au Concile. Suite à une requête, leur présidente, Madame Pilar Bellosillo, sera auditrice et associée au travail lors de la session de révision du schéma 13 (préparation de Gaudium et Spes) ainsi qu’au sein de la Commission Mariage et Famille.
Le synode terminé elle écrira : «Pour être fidèles à Vatican II, nous devons nous charger de la cause de Dieu dans l’histoire du monde». Elle ajoutera :« En ce qui concerne l’Église (…) la moitié du Peuple de Dieu apparaît comme passif et gérée par l’autre moitié. L’UMOFC prend la décision d’être honnêtement et de l’intérieur même de l’Église, une conscience critique. Nous sommes l’image de Dieu avec l’homme (…) Nous devons aussi nous charger de la cause de Dieu dans le monde ».
Chez nous, ce sont les femmes bourgeoises qui donneront l’élan au féminisme, d’abord au Canada anglais et, par la suite, au Canada français.
Au Québec, parmi les principales revendications, se trouvent : le droit à l’éducation supérieure pour les filles (obtenu en 1908), le droit de vote des femmes (accordé au fédéral en 1919 au Québec en1940), un statut juridique égalitaire pour les femmes mariées considérées comme des mineures par le code civil. La femme mariée sera enlevée de la liste des incapables en 1954 et elle obtiendra la pleine capacité juridique en 1964. La primauté masculine, sous le vocable de «puissance paternelle », ne disparaîtra qu’en 1977.
Ces femmes militantes sont pour la plupart issues des mouvements catholiques soutenus par la doctrine humaniste et sociale de l’Église. Elles travaillent avec ardeur pour contrer les inégalités dont les femmes font les frais. Malgré cela, elles auront souvent maille à partir avec l’épiscopat du temps.
En 1922, Marie Gérin-Lajoie et Georgette Lemoyne, ces deux ardentes catholiques férues de justice sociale, se rendront à Rome pour défendre le droit de vote des femmes et avoir gain de cause sur l’épiscopat québécois qui s’y opposent farouchement. Elles veulent que les femmes soient des citoyennes à part entière et des chrétiennes engagées dans la transformation du monde. Malgré les espoirs, elles seront victimes de fausses promesses, d’astuces et de jeux de coulisse. Ces femmes ont très vite compris que tant qu’un droit n’est pas inscrit dans une loi, un dogme ou une charte, il demeure fragile et à la merci des individus.
3) Les femmes et le Concile Vatican II
Les femmes entendront les appels du Concile :
• Jean XXIII dans son encyclique Pacem in Terris, parlera de l’entrée de la femme dans la vie publique comme d’un « signe des temps », donc un signe de l’Esprit.
• La Constitution sur l’Église au no 32, réaffirmera qu’il n’y a pas d’inégalité dans le Christ.
• Le décret sur l’Apostolat des laïcs au no 9, dira qu’il est important que la participation des femmes grandisse dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église.
• La Constitution pastorale Gaudium et spes L’Église dans le monde de ce temps, au no 29-2, parlera de la discrimination fondée sur le sexe comme contraire au dessein de Dieu.
• À la 3e session du concile Vatican II, Mgr Gérard-Marie Coderre, évêque de St-Jean-de-Québec, affirme: «Sans la participation véritable de la femme, la société humaine et même le royaume de Dieu n’atteindraient ni leur perfection, ni leur plénitude, et les hommes seraient infidèles au dessein même de Dieu sur eux».
• Le 8 décembre 1965, dans son discours de clôture, Paul VI s’adressera aux femmes, « l’Église est fière (…) d’avoir libéré la femme, d’avoir fait resplendir (…) dans la diversité des caractères, son égalité foncière avec l’homme. (…) L’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement et un pouvoir jamais atteint ». Il magnifiera la femme mais la resituera dans son rôle traditionnel d’épouse, de mère, d’éducatrice, de gardienne de la foi avec Marie comme modèle.
• Bien qu’avec des variantes, le langage ne changera guère au fil des ans. Tout en réprouvant les discriminations sociales, il sera toujours question de la vocation spéciale des femmes, non appelées à l’apostolat propre des Douze.
À peine le Concile terminé, l’encyclique Humanæ Vitæ signée par Paul VI en 1967, est venu jetée une douche d’eau froide sur l’enthousiasme de beaucoup de nos catholiques qui, portés par l’effervescence du Concile et les découvertes modernes, s’attendaient à plus d’ouverture sur les questions se rapportant à la régulation des naissances.
Suite au Concile Vatican II, les évêques se réuniront en synode à environ tous les trois ans.
Arrive le premier synode des évêques, en 1971, sur le thème de la justice dans le monde. Pour la première fois, l’épiscopat canadien va s’engager dans un processus en faveur de la participation des femmes à la vie et au gouvernement de l’Église. C’est l’inauguration d’une nouvelle ère de dialogue en Église, autour d’une table où les femmes baptisées n’étaient pas habituellement convoquées.
C’est aussi dans ce contexte que les femmes vont prendre l’initiative d’interpeller et de réclamer un dialogue avec les évêques. L’événement déclencheur viendra de l’Alberta avec le Edmonton Women’s group. À la suite d’une large consultation, ces femmes vont solliciter une rencontre avec les évêques réunis en assemblée plénière pour la préparation du synode. La démarche est audacieuse pour le temps. Les évêques acceptent.
Dans un mémoire sur le statut des femmes dans l’Église, elles demandent :
1) de déclarer que les femmes sont membres de l’Église à part entière au même titre que les hommes;
2) l’accès au ministère du diaconat pour les femmes;
3) d’entreprendre une réforme du Code de droit canonique qui date de 1917 pour corriger les discriminations fondées sur le sexe.
Dans leur mémoire, les femmes d’Edmonton s’appuient sur trois événements :
1) les déclarations conciliaires;
2) une requête préparée par l’Union mondiale des organisations des femmes catholiques (UMOFC);
3) les recommandations de la Commission royale d’enquête sur la situation des femmes au Canada (le rapport Bird), publié en 1970, qui obligeait les gouvernements fédéral et provinciaux à réviser des politiques, des législations et les réglementations pour rétablir l’équité entre les sexes et au besoin d’adopter de nouvelles mesures concernant l’emploi, l’éducation, l’administration de la justice etc.
On voit ici l’influence du social sur l’ecclésial. Cette influence pourra se vérifier en de nombreuses occasions par la suite.
La démarche de ces femmes est courageuse et convaincante. Pour la première fois au Canada des femmes chrétiennes sollicitent un dialogue avec les évêques et réclament une prise de parole dans la préparation du synode en préparation.
Le résultat est positif. Mgr Georges B. Flahiff, président de la CECC, recommandera au synode qu’une commission d’étude mixte soit formée afin de préciser le rôle des femmes dans les ministères de l’Église. Il condamne la discrimination basée sur le sexe qui est contraire au Nouveau Testament et aux décrets de Vatican II. Il mentionne « que les événements vont plus vite que les décisions puisque plusieurs femmes remplissent actuellement certains ministères avec beaucoup de compétence ».
Au cours des années suivantes, plusieurs communications entre la CECC et les instances romaines sur la question de l’accès des femmes aux ministères. Mgr Carter et Mgr Fortier, lors de leur passage à la présidence à la CECC, demanderont « qu’une étude théologique approfondie soit faite sur la question de l’ordination des femmes ».
Quelle a été la réponse de Rome?
Le 15 août 1972, première déception, Paul VI publie le motu proprio Ministeria quaedam qui réserve aux hommes les ministères de lectorat et de l’acolytat. Les femmes sont donc exclues de ces ministères.
En 1973, une commission internationale sur le rôle de la femme dans la société et dans l’Église est mise sur pied à Rome. Elle présentera des recommandations au synode sur l’évangélisation en 1974 et sera abolie en 1976.
En octobre 1976, la Congrégation pour la doctrine de la foi, avec l’approbation de Paul VI, signe Inter insigniores estimant de son devoir de rappeler que l’Église, par fidélité à l’exemple de son Seigneur, ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale.
Cette réponse de Rome ne mettra pas un terme aux démarches entreprises par les évêques du Canada. La recherche se continuera par des sondages, des études mais aussi par voie de nominations de femmes à certains poste de responsabilités. •
Lors des synodes qui suivront, l’épiscopat canadien va continuer son travail en faveur de la reconnaissance effective des femmes dans la société et dans l’Église, toujours stimulé par la participation active des femmes.
• En 1980, au synode sur la famille, Mgr Robert Lebel, évêque de Valleyfield, dira : « C’est par fidélité à la parole de Dieu que l’église doit reconnaître comme un fait positif le mouvement féministe moderne… : l’Église ne doit pas être à la remorque de la civilisation et des cultures, ni excuser ses retards…(elle doit avoir un parole prophétique pour promouvoir toute forme de libération). »
• En 1983, le synode sur la Réconciliation et la pénitence dans la mission de l’Église a lieu. Le Réseau Femmes et Ministères fait une requête auprès de la délégation canadienne pour que soit traitée la question de la réconciliation hommes femmes dans l’Église. Lors du synode, Mgr Louis-Albert Vachon, archevêque de Québec et porte-parole de la délégation canadienne dira : « Les femmes de notre pays nous invitent à faire avec elles certaines prises de conscience fondamentales et à mettre en place des structures de dialogue efficaces à l’intérieur de nos Églises respectives. » Rappelant les textes du Concile, il ajoutera : « Les appels de l’Église au monde pour la promotion du statut des femmes n’auront bientôt plus d’impact, si ne se réalise parallèlement à l’intérieur de l’Église la reconnaissance effective des femmes comme membres à part entière. »
• En 1985, un synode extraordinaire fait le bilan de Vatican II. Mgr Hubert, président de la CECC reviendra sur la question des ministères en Église en disant : « Il faut noter que ces ministères sont exercés dans les faits par un grand nombre de femmes, sinon la majorité…l’Église pour être conséquente devrait reconnaître ces ministères ».
• Le synode sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde se déroule en octobre 1987. Dans les mois qui ont précédé le synode, 2 000 mémoires sont soumis à la délégation canadienne. La place faite aux femmes dans l’Église et dans la société sera un point de convergence. La dignité baptismale des enfants de Dieu et la commune mission ecclésiale seront les deux principaux arguments. La question de la reconnaissance pleine et entière des femmes dans l’Église et la société sera nommée comme l’une des priorités pour la crédibilité de l’Église. L’intervention de Mgr Hamelin à Rome portera sur « La participation des femmes à la vie de l’Église ». Plusieurs pays réclameront études et changements.
• En 1988, et 2004 deux messages portant sur les femmes viendront de Rome. En 1988, la lettre apostolique de Jean Paul II, Muliaris dignitatem et en 2004 la lettre aux évêques du cardinal Joseph Ratzinger, (alors préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi), La collaboration hommes femmes dans l’Église. Les femmes n’apprécieront guère la teneur générale de ces lettres qui tout en valorisant la Femme avec un F majuscule, la garde dans un rôle traditionnel, hors des responsabilités de la vie sociale ou ecclésiale.
Entre les différents synodes, le travail se continue au pays.
• En 1982, la CECC veut faire un bilan dix ans après Vatican II et maintenir les progrès réalisés en matière de condition des femmes. Il nomme un comité pancanadien sur le rôle de la femme dans l’Église composé de deux évêques et de sept femmes. Un dossier d’animation (dossier vert) et douze recommandations. Cette assemblée sera très houleuse, les évêques formant deux clans bien distincts. L’assemblée eut une fin heureuse grâce à l’intervention de Québécoises, aux réactions d’un groupe de femmes de Vancouver, et aux réactions de la presse.
• En septembre 1984, Jean-Paul II est en visite au Canada. Par le biais des journaux, 1739 femmes affirment collectivement leur conviction profonde d’être fidèles à l’Évangile de Jésus-Christ, comme filles de Dieu, lorsqu’elles œuvrent à la réalisation de leurs aspirations dans l’Église et la société.
• À partir de 1985, les interventions diocésaines se feront nombreuses. Les répondantes diocésaines à la condition des femmes sont en place et des assises se tiennent dans les différents diocèses du Québec réunissant en tout des milliers de personnes. Les résultats se ressemblent. Les recommandations touchent l’égalité, la non-reconnaissance, les ministères, la violence, la pauvreté, l’exclusion.
• En 1982, en réponse à une demande du comité exécutif de l’AEQ, Gertrude McLaughlin, soumet son rapport Vers la restauration du diaconat féminin dans l’Église. Elle conclut, se référant au temps des apôtres : « J’aimerais qu’on se rappelle que ce diaconat fut établi et pour les hommes et pour les femmes (…) l’Église a besoin du ministère des diaconesses pour plusieurs raisons ».
• En 1986, l’AEQ organise une session d’étude Le mouvement des femmes et l’Église. Session unique, s’il en est une. 35 évêques et 85 femmes sont présents. Six thèmes sont étudiés : langage, violence, pouvoir, travail, sexualité et famille. 28 recommandations sont votées. Il en résulte un plan d’action qui va mobiliser des forces vives jusqu’à ce jour. Quelques questions resteront difficiles à aborder comme le pouvoir en Église et la violence faite aux femmes à l’intérieur de l’Église.
• Le 19 avril 1990, un événement tout à fait spécial : Célébration à la Basilique de Québec à l’occasion du 50ème anniversaire de l’obtention du droit de vote pour les québécoises. L’Assemblée des évêques du Québec pose un « geste réparateur » pour l’opposition que les évêques du Québec ont longtemps manifestée à ce droit. 1 000 femmes participeront à une célébration de la Parole à la Basilique de Québec. La présidence est assurée par une femme et par un évêque.
• Le 2 mai 1994, la lettre apostolique de Jean Paul II aux évêques, Ordinatio Sacerdotalis, crée la controverse. Il est dit que l’ordination sacerdotale est exclusivement réservée aux hommes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église. Le 29 juin 1994, une requête de contestation accompagnée de 725 signataires. hommes et femmes, est présentée à Mgr Jean-Guy Hamelin, président de la CECC, et est publiée dans le journal Le Devoir. Les signataires demandent de prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la poursuite des recherches sur la participation des femmes à la vie, à la mission et aux ministères ecclésiaux quels qu’ils soient. Deux mois plus tard, le 25 août 1994, elle sera suivie d’une 2e requête dans Le Devoir affichant cette fois que 2 000 catholiques réclament que se poursuive la recherche sur l’ordination des femmes. À Moncton, le comité diocésain de la condition de la femme, appuyé par plus de 1700 signatures font parvenir une requête analogue à celle des femmes et des hommes du Québec à Mgr Donat Chiasson, archevêque de Moncton, et au président de la CECC.
• Par la suite, les évêques canadiens vont devenir beaucoup plus silencieux et prudents dans leurs interventions publiques concernant les ministères des femmes en Église. Le ton avec Rome change, les relations avec les femmes changent quelque peu. Cependant, de façon prudente ils continueront de faire rapport sur la situation des femmes au Québec. Lors des visites ad limina à Rome, les évêques du Québec, mentionneront l’évolution du dossier des femmes en des termes plus nuancés comme nous le montre le dernier rapport de 2007. On note la situation, on appelle à la réflexion : « La situation de la femme à l’intérieur de la société et dans l’Église, apparaît comme un défi majeur imposé à la culture de notre temps. La transformation de la femme dans la société interpelle de plein fouet la réflexion et l’action ecclésiale. Il y a là un phénomène de culture qui invite au discernement ». (p. 62 du rapport ad limina 2007).
• Lors des assemblées synodales de Québec en 1995 et de Montréal en 1998, des recommandations sont votées pour que soit remise à l’étude la question de l’accession des femmes aux ministères ordonnés. Les archevêques prennent acte de la demande sans donner suite trouvant inconvenant d’insister auprès du St-Père pour une remise en question de sa décision.
Dans les années 1980 des groupes de réflexion et d’action de femmes voient le jour : l’Autre Parole, l’Association des religieuses pour la promotion de la femme, le Réseau des répondantes diocésaines à la condition des femmes, le Réseau Femmes et Ministères et, un peu plus tard, le Réseau œcuménique des femmes. À noter que le Réseau des répondantes a été mis sur pied par le Comité des Affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec (AEQ) suite au rapport du Conseil du statut de la femme Pour les Québécoises, égalité et indépendance. Ici aussi les femmes ont eu un rôle à jouer auprès des évêques québécois.
Ces cinq groupes de femmes, théologiennes et praticiennes, travaillent sur les plans social et ecclésial. Elles vont se réunir au sein de l’Intergroupe ou en groupes de partenaires pour se donner une force et une solidarité.
Ces groupes de femmes vont s’intéresser à la vie des femmes en Église, chacun selon leurs objectifs propres mais aussi collectivement et, à l’occasion, avec leurs sœurs des autres Églises chrétiennes. Les recherches théologiques et bibliques se multiplient. Les groupes de femmes s’intéressent à la vie des femmes en Église en lien avec sa mission, l’annonce et le service de l’Évangile. Les femmes cherchent des voies neuves, des voies d’avenir. Plusieurs publications en font foi.
Depuis 2006, la reconnaissance des ministères exercés par des femmes et l’accès des femmes aux ministères ordonnés comptent parmi leurs préoccupations. On ne peut pas ignorer, ne serait-ce que pour le mentionner, le mouvement de transgression qui existe depuis quelques années dans l’Église catholique où des femmes sont ordonnées prêtres un peu partout dans le monde.
Ces groupes de femmes s’intéressent au mouvement social des femmes. Elles font front commun, créent des alliances avec d’autres groupes de femmes lors d’événements importants comme la Marche du pain et de roses en 1995 et la Marche mondiale des femmes en l’an 2000. Elles participent aux activités qui promeuvent un monde meilleur, un monde de justice, un monde de paix, un monde sans pauvreté et sans violence. Elles s’occupent, entre autres choses, d’écologie et d’environnement. Ce faisant elles sont fidèles aux interpellations de Vatican II, en étant dans le monde et pour le monde porteur de la parole, agent de réconciliation et artisan de la communion en vue du Royaume de Dieu. Les groupes sociaux et les groupes ecclésiaux, se respectent et à l’occasion deviennent partenaires. C’est un phénomène nouveau intéressant et prometteur.
Texte présenté à la Soirée Relations de Québec
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